L’INTERVIEW Laurent Burgoa : "Les députés sont déconnectés de la réalité"
À l'occasion d'un déjeuner presse au restaurant Lou Mas Café de Nîmes, Laurent Burgoa, sénateur Les Républicains, a fait le point sur l'année écoulée et sur ses projets en 2024, sans oublier d'égratigner quelques élus locaux.
Objectif Gard : Sur quels sujets avez-vous été actif en 2023 ?
Laurent Burgoa : J’ai été très impliqué sur le texte pour lutter contre le risque incendie. Désormais, la loi oblige que lors d’une vente le notaire doit informer l’acheteur d’une obligation légale de débroussaillement. Également pour la survie de nos manadiers et la problématique des assurances. Le préfet du Gard a pris ce dossier en main avec son collègue de l’Hérault pour proposer aux maires une charte taurine afin de négocier avec les grands groupes d’assurance afin que tout le monde puisse être assuré. Je suis aussi attentif à certaines collectivités qui n'arrivent pas à être assurées par rapport à certains risques climatiques comme Vallabrègues pour les inondations. Pour moi, 2023 est l’année du Sénat ! On est les seuls à voter les lois car à l’Assemblée on ne peut pas, il n’y a pas de majorité et tout ce qui est budget, c’est le 49.3. On redore le blason du parlement bien terni par les vociférations de certains députés qui donnent une très mauvaise image.
Pour 2024, sur quelles thématiques souhaitez-vous vous impliquer ?
Comme vous le savez, je suis très attaché à la chasse et aux chasseurs. J’ai été interpellé par la fédération départementale au sujet des indemnisations versées aux agriculteurs pour les dégâts causés par le gros gibier. Si on ne change pas le système, la situation financière des fédérations va devenir compliquée. Cela avoisine les 200 000 euros de remboursement pour le Gard. Je souhaite faire une proposition de loi pour modifier cela et que l’État vienne participer au financement des dégâts. Beaucoup d’élus locaux se plaignent aussi de la ZAN (Zéro artificialisation nette) qui prévoit d’utiliser 50 % de foncier en moins, je vais mettre en place un comité de suivi au niveau du Gard pour faire remonter ce qui ne fonctionne pas. Il y a aussi la question des logements sociaux et des maires qui en ont assez de payer des pénalités importantes. C’est difficile de trouver du foncier, il faut plus de flexibilité dans la loi.
"J'aurais préféré Gérald Darmanin comme Premier ministre"
Le fait d’avoir voté en faveur de la polémique loi immigration, a-t-il terni vos relations avec le sénateur PS Denis Bouad ?
Il n’a pas voté comme moi, mais cela ne l’a pas empêché de m’embrasser pour me souhaiter la bonne année. Nous avons créé l’Aide médicale d’urgence (AMU) à la place de l’Aide médicale d’État (AME). Un étranger en situation irrégulière pourra toujours être pris en charge pour une urgence. Mais faire de la chirurgie esthétique ou aller chez l’ophtalmologue, ce n’est pas une urgence. Le problème c’est qu’il n’y a plus d’autorité de l’État depuis plusieurs années. Tendre la main c’est humain, mais on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, ce n’est plus possible économiquement. Après on a besoin des étrangers qui travaillent en France et pour eux il doit y avoir plus de souplesse. Je prends l’exemple d’un joueur de rugby d’Uzès, lui c’est important qu’on le régularise. Mais quand on voit ces jeunes majeurs traînés dans les rues de Nîmes, que fait-on de ces gens-là ? C’est un problème et on en a parlé au préfet.
Que pensez-vous de la nomination de Gabriel Attal comme Premier ministre ?
On n’a pas la même sensibilité mais c’est quelqu’un de brillant même si j’aurais préféré Gérald Darmanin comme Premier ministre. Je l’ai vu progresser à travers ses différentes fonctions, il connaît bien ses dossiers. Je salue ses six mois à l’Éducation Nationale à la différence de son prédécesseur (Pap Ndiaye) très ambigu sur la laïcité et le harcèlement scolaire. On va le laisser agir avant de le critiquer. Élisabeth Borne était très technocrate, elle était dans ses fiches, lui il va parler avec son cœur.
"M. Sala, on le voit manifester et faire le tour des ronds-points mais pas porter un dossier"
On a le sentiment que vous dénigrez l'Assemblée nationale, pourquoi ?
Sur six députés gardois : on a quatre RN et un LFI, c’est une catastrophe ! Comment voulez-vous faire avancer les dossiers ? Ils sont plutôt là pour surfer sur des sujets sociétaux médiatiques. M. Sala, on le voit manifester et faire le tour des ronds-points mais pas porter un dossier. On essaie de se battre, même avec Denis Bouad, sur les sujets locaux. Avec la loi sur le non-cumul des mandats, on se retrouve avec des députés hors-sol et déconnectés de la réalité. Regardez M. Gillet, on dirait que c’est lui qui a fait la loi immigration alors qu’il n’a rien fait.
Entre Franck Proust et Julien Plantier, qui voyez-vous succéder à Jean-Paul Fournier en tant que maire de Nîmes en 2026 ?
D’abord je serai vigilant à ce qu’il y ait l’union de la Droite et du centre. Mais le centre réel car depuis qu’Yvan Lachaud a pactisé avec le candidat Vert, il s’est grillé à mes yeux. Dans la vie, il faut avoir une colonne vertébrale, là c’est une scoliose. Valérie Rouverand me paraît plus compatible. Je ferais tout pour que ce ne soit pas un populiste, ni RN, ni LFI, qui arrive à la mairie. Concernant Messieurs Proust et Plantier, aucun ne s’est déclaré candidat car c’est trop tôt. Je m’engage dans un an à vous donner le nom de celui que je soutiens, début 2025 sera le bon moment pour se déclarer candidat. Par contre s'ils veulent se diviser et faire le remake de 1995, qu’ils y jouent mais ce sera sans moi.
L’avis de Laurent Burgoa pêle-mêle sur divers sujets et personnalités :
LR aux Européennes : « Si c’est pour mettre Nadine Morano et Brice Hortefeux, ça n’incite pas à voter LR ». Les Républicains en général : « Ma formation doit évoluer sur certains sujets sociétaux. » Aurélien Pradié : « Je lui en veux beaucoup sur les retraites, il a voulu jouer seul donc il a été sorti du groupe. Il faudrait que les députés LR écoutent la sagesse sénatoriale. » Sur Simon Casas et la DSP des arènes : « Je pense qu’il va à nouveau candidater. À 75 ans, il est dynamique. Après je suis un peu surpris de l’attelage avec Jalabert. Mais vaut mieux un Français à la tête des arènes de Nîmes qu’un Espagnol. » Rani Assaf : « Nîmes Olympique n’a plus d’âme, il a découragé tout le monde, il faut qu’il parte. » Vincent Bouget : « C’est un élu de clan, il est sectaire. Quand on est élu, on est élu de tous. En 2026, j'espère qu'il ne s'alliera pas avec LFI car il perdrait son honneur.» Un deuxième mandat de sénateur : « Si ma santé me le permet, j’y retournerai. »
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