L'INTERVIEW Le manadier Benjamin Groul : "Pour des inattentions, on peut perdre nos traditions"

Benjamin Groul de la manade Saint-Louis
- Photo Corentin CorgerLa manade vauverdoise Saint-Louis a terminé deuxième du célèbre concours d'abrivado de Vauvert. Le jeune manadier Benjamin Groul revient sur cette première expérience et évoque la saison taurine à venir.
Objectif Gard : Qu'est-ce que ça représente de participer à un tel concours ?
Benjamin Groul : La manade Saint-Louis existe depuis 50 ans. C'est mon grand-père qui l'a créé, mon oncle et ma mère la gère aujourd'hui. J'ai 23 ans et j'arrive petit à petit à l'élevage pour reprendre la suite et faire perdurer le fruit de ce travail familial. C'était la première fois que je participais au concours d'abrivado de Vauvert. C'est toujours un honneur de faire partie de ce concours mythique, très technique et compliqué. C'est un travail de tous les jours de réussir un tel concours. Il y a forcément un peu de regrets de finir deuxième, quand on fait quelque chose, c'est pour essayer de gagner.
C'est d'autant plus symbolique pour vous d'y participer...
En étant manadier vauverdois c'est important de participer et on remercie la ville de Vauvert de nous avoir invité. La grande fierté, c'est de voir Jean-Pierre Gély, président du jury, qui a été quelqu'un de très important en Camargue : le gardian emblématique aux 14 Biou d'or. Et en plus, c'est mon parrain à l'Amicale des gardians professionnels. C'était un honneur d'être à cheval pour lui rendre hommage par rapport à tout ce qu'il m'a apporté.
Près de 10 000 personnes étaient rassemblées sur le parcours, qu'est-ce que ça vous inspire ?
C'est beau de voir cet engouement autour de ce concours d'abrivado. Cela fait toujours chaud au cœur de voir ce monde qui nous acclame. On voit que nos traditions ne sont pas près de mourir et il faut se battre pour les maintenir. Il faut aller tous ensemble de l'avant : organisateurs, raseteurs, manadiers, ganaderias. Il ne faut pas séparer les tauromachies. Il faut que tout le monde marche ensemble et ne fasse qu'un pour faire perdurer tout ça.
"Beaucoup de gens ne se rendent pas compte du danger"
Le préfet du Gard a présenté le guide des fêtes votives pour tenter de rassurer les manadiers et les assureurs en cas d'accident sur les parcours. Comment le percevez-vous ?
Le risque zéro n'existe pas. Il ne faut pas oublier que l'on joue avec des animaux sauvages. C'est un métier à risques. Des accidents, il y en aura toujours. Il faut prendre le plus de précautions possibles. Il faut surtout que les gens soient conscients des risques. Si la préfecture nous aide, ce n'est que du positif. Ça ne peut aller que de l'avant. Nous les jeunes, on a envie que ça continue. Il faut que l'on soit aidé, sinon on n'y arrivera pas.
Mais cela passe avant tout par davantage de responsabilité individuelle, n'est-ce pas ?
Surtout rappeler les consignes, faire très attention. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte du danger. On voit énormément de gens sur les parcours et des enfants qui n'ont pas conscience des risques. Pour des inattentions, on peut perdre nos traditions. C'est un moment mythique que l'on est en train de vivre. On ne sait pas si nos enfants le vivront. Il faut profiter de l'instant présent en espérant que les traditions perdurent.
Comment s'annonce la saison pour votre manade ?
On fait beaucoup de tourisme ainsi que quelques courses et abrivados. On a une belle soirée bodega équestre le 13 juin. On a eu un bon début de saison, les bêtes fonctionnent bien. Le concours de Vauvert marque un moment important dans le début de saison. Il faut prendre du plaisir. Beaucoup de gens rêveraient d'être à notre place et de vivre de leur passion. C'est pour ça qu'il faut mettre en avant les jeunes.
Palmarès de cette 38e édition du concours d'abrivado de Vauvert : 1er Lafon, 2e Saint-Louis, 3e Lescot, 4e Aubanel, 5e manade du Gardon, 6e Briaux.