Objectif Gard : Stéphane Kochoyan, comment s’est déroulée cette édition consacrée aux zazous ?
Stéphane Kochoyan : Les zazous n’en finissent jamais. Ils ont dansé, chanté, traversé tout le territoire de Nîmes métropole. À chaque concert, on a vu que la thématique fonctionnait. Le public s’est retrouvé nombreux, fidèle, et cette année, on a battu les records d’abonnés. Cela prouve que la cohérence du festival et son esprit continuent de fédérer.
Vous aviez lancé une nouvelle formule d’abonnements, des pass. Le public a suivi ?
Oui, on avait proposé un pass trois concerts et un pass cinq concerts, sur dix concerts payants au total. La formule a très bien marché, nous n'avions jamais vendu autant d'abonnements, 150 environ. Certains spectateurs ont même pris deux fois cinq. C’est la preuve que les gens adhèrent à la fois au concept et à la politique de billetterie avec les abonnements, suggérée par Gaël Dupret, délégué à la culture de l'Agglo.
Quel bilan tirez-vous en termes de fréquentation ?
Nos salles ont affiché en moyenne 90 % de remplissage. Mais je préfère quand c’est complet le soir même. Quand on affiche complet trop tôt, on refuse du monde. J’aime l’idée du risque maîtrisé. Tu fais une fête à ta maison et tu ne peux pas accueillir tous tes amis. Tu les choisis comment ? Le premier qui a répondu ? On a une personne qui s'occupe de la billetterie, Céline Garrigos, qui manie ça avec beaucoup d'intelligence. Quand un contingent d’abonnés n’est pas utilisé, on libère des places au compte-gouttes. Résultat, les concerts restent accessibles jusqu’au dernier moment. Le concert de Dee Dee Bridgewater qui était complet. Il est complet parce qu'on avait dédié 150 places aux abonnés, mais tous n’ont pas choisi ce concert, nous avons donc pu libérer des places. C’est comme une fête, si tu invites tes amis et qu’il n’y a plus de place, quelque chose se perd. Ce que j’aime, c’est l’équilibre juste, celui où tout se remplit naturellement. Nous ne sommes pas de ceux qui se félicitent d’afficher complet trois mois à l’avance. On essaye de choisir la salle et la jauge exacte afin que tous puissent assister au spectacle.
Certains disent que Salif Keita n’est pas du jazz. Que leur répondez-vous ?
Je l’entends souvent, cette remarque. On me dit : « Mais enfin, Salif Keita, ce n’est pas du jazz ! » Je réponds que le jazz vient d’Afrique. Même Chat GPT m'a dit ça (rires). Pour m'amuser, je lui ai répondu : « Mais pensez-vous que la musique africaine n'a rien à voir avec la musique de jazz ? » Il a répondu : « Vous avez raison ! » La musique malienne est à la base du blues. Clint Eastwood et d’autres ont retracé ce lien dans leurs films. Le jazz est universel, pluriel, toujours en mouvement. Salif Keita a chanté avec Joe Zawinul de Weather Report, avec Cesária Évora, avec Peter Gabriel. Sa voix traverse les styles et les époques. Elle porte une humanité qui rejoint l’esprit même du jazz.
Salif Keita à Milhaud le 12 novembre
Zazou encore, zazou toujours. Le chanteur malien Salif Keita, initialement prévu le 11 octobre à Milhaud, donnera finalement son concert ce mercredi 12 novembre, même endroit même heure. L’artiste avait invoqué des raisons administratives ayant conduit à l’annulation de son passage à Nancy. Les billets restent valables, et la billetterie a rouvert.
Que pouvez-vous déjà dire de la prochaine édition ?
Ce seront les 20 ans du festival. On y travaille déjà. On veut inviter certains artistes qui ont marqué l’histoire du NMJF. Ce sera une manière de remercier ceux qui ont accompagné ce projet de territoire depuis le début. Vingt ans d’un festival voté à l’unanimité par les élus de Nîmes métropole, sans que ce soit une compétence obligatoire. C’est une belle preuve de liberté, celle de créer et de faire vivre la musique. Cette année, on devrait frôler les 10 000 spectateurs. Et surtout, on a rendu les gens heureux.