NÎMES Exposition féministe dégradée : "Je n'ai jamais vu une telle haine"

Des symboles phalliques ont été dessinés sur les murs
- Photo Patrice Loubon / SAIFDécouvrez les images et les réactions après la dégradation de l'exposition féministe "Benzine Cyprine" dont celle de Patrice Loubon, directeur artistique de NegPos.
Depuis le 12 avril, la galerie NegPos FotoLoft 1, sur le site de Nemausus, accueillait l'exposition "Benzine Cyprine" par Kamille Lévêque-Jégo. "Une fiction autoproclamée d'un gang de filles qui s'oppose aux violences faites aux femmes", comme le définissait Patrice Loubon. Samedi dernier, le directeur artistique de NegPos Centre d'art et de photographie de Nîmes, a fait une triste découverte en arrivant à la galerie.
L'exposition a été en grande partie saccagée dans la nuit du 25 et 26 avril. Les auteurs sont passés par une fenêtre laissée ouverte après un incendie involontaire survenu il y a plusieurs semaines. Une première intrusion, sans dégâts, avait eu lieu dans la nuit du 18 au 19 avril. Mais cette fois-ci, les conséquences sont dramatiques. "Il y a des symboles phalliques partout sur tous les murs et sur certaines photos, inscrits à la bombe. Des cadres sont détruits et des photos déchirées. C'est une expo très féministe qui soutient le combat des femmes. On a eu affaire à une riposte masculiniste typique", réagit Patrice Loubon.
Ce dernier reste choqué par tant de violence, "je suis abasourdi et atterré. Je n'y croyais pas ! C'est la première fois que je vois ça dans ma vie d'organisateur d'expos. Je n'ai jamais vu une telle haine et une telle rage." Il a porté plainte et une enquête de police est en cours pour tenter de retrouver les auteurs de ces dégradations. En attendant, Patrice a déjà prévu de relancer l'exposition "Benzine Cyprine", dès qu'il le pourra : "Dès que le lieu est opérationnel et remis en état, on va remettre l'exposition et l'inaugurer à nouveau. Si elle doit durer six mois, ce n'est pas un souci. Rien n'altérera notre détermination dans cette lutte."
Les réactions :
Daniel-Jean Valade, adjoint à la ville de Nîmes délégué à la Culture :
"Les œuvres d'art, c'est sacré ! Les dégradations qui ont lieu à l’encontre des œuvres exposées dans la galerie Negpos sont totalement condamnables. Elles témoignent de l’étroitesse d’esprit du délinquant qui a commis ce forfait, et, surtout, de son imbécillité. Les éléments dégradés évoquaient et dénonçaient à juste titre les conditions auxquelles se trouvent confrontées, en tout temps et en tous lieux, les femmes, jusque sous nos latitudes. Saluons à cette occasion les structures publiques, privées, et les associations qui interviennent afin que la légalité et les personnes soient respectées et protégées, notamment face aux malfaisants et ignares. La ville de Nîmes apporte son entier soutien à l’artiste et à la galerie qui l’expose."
Patrick Malavieille, vice-président du Département délégué à la Culture :
"Total soutien à Patrice Loubon, la Galerie FotoLoft et à l'artiste kamille Levêque Jego. L'exposition féministe présentée en ce moment a été taguée et saccagée... L'intolérance et la bêtise viennent de frapper. Nous ne laisserons pas faire et nous continuerons à défendre la diversité de l'expression culturelle".
Vincent Bouget, élu à la ville de Nîmes :
"Défendons la culture et l’expression artistique face à la bêtise et la violence."
Jean-Paul Boré, porte-parole de TPNA (Tous pour Nîmes et son agglomération) :
"Alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la première élection où les femmes ont enfin pu participer au vote en France, des cerveaux autant dérangés que moyenâgeux, mais surtout dangereux, ont saccagé l’exposition sur le féminisme dans les locaux de Negpos. Ce fléau est à condamner avec la plus grande fermeté. Solidarité et soutien à la reconstruction de cette exposition. C’est un acte de résistance nécessaire."