NÎMES Rapport d'orientation budgétaire prudent et ambitieux pour les uns, dépassé et dangereux pour les autres
Le rapport d’orientation budgétaire (Rob) est une étape importante dans le cycle budgétaire annuel des collectivités locales. Le Rob n’a aucun caractère décisionnel, mais il fait beaucoup parler avant d’être voté en fin d’année.
Les orientations budgétaires envisagées par la commune portent sur les évolutions prévisionnelles des dépenses et des recettes, en fonctionnement comme en investissement. Sont notamment précisées les hypothèses d'évolution retenues pour construire le projet de budget, notamment en matière de concours financiers, de fiscalité, de tarification, de subventions ainsi que les principales évolutions relatives aux relations financières entre la commune et l'établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre dont elle est membre. « Cette dernière partie s’avère particulièrement compliquée pour notre commune au vu des positions et décisions de l’EPCI systématiquement défavorable à la ville de Nîmes, lors du précédent mandat », peut-on lire dans le Rob en question.
« Malgré tout, comme nous le faisons chaque année depuis que nous assumons la gestion de cette ville, nous continuerons à agir dans l’intérêt des Nîmoises et des Nîmois », explique Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes. Le maintien d’un niveau d’investissement important, avec une enveloppe équivalente aux années précédentes, de l’ordre de 50 millions d'euros, soit 336 euros par habitant alors que la moyenne des communes de la même strate s’établit à 263 euros.
En 2020, les recettes réelles de fonctionnement de la ville de Nîmes totalisent 237,8 millions d’euros composées pour l’essentiel d’impôts et taxes pour 67 % et de dotations et participations pour 26 %. Cette même année les dépenses réelles de fonctionnement s’élèvent à 196,7 millions d’euros. Elles sont composées pour la majorité de charges de personnel, soit 50 %, de charges à caractère général pour 31 % et des autres charges de gestion courante pour 16 %. Les dépenses réelles de fonctionnement sont en baisse du fait de la diminution des charges de personnel et des autres charges de gestion courantes, des intérêts de la dette et des subventions versées. Sur la période 2017 à 2020 on constate une évolution totale de - 4,76 % des dépenses de fonctionnement.
Ambitieux et prudent ?
Concernant la dette, la mairie annonce une gestion efficiente et efficace. Les conditions de marchés favorables ont permis de réduire fortement la dette financière de la ville sans affecter le niveau d’investissement. En effet, les efforts en matière de négociation avec les établissements bancaires, ont permis de mobiliser des emprunts à taux compétitifs en 2021 auprès d’ARKEA. Une ligne de trésorerie d’un montant de huit millions d’euros a également été ouverte auprès de la Société Générale pour une durée d’un an. La ville continue de se désendetter en limitant chaque année le recours à l’emprunt. L’encours de dette passe de 182 134 957 d’euros au 31/12/2020 (contre 292 millions d’euros en 2001) à 171 664 182 d’euros au 31/12/2021. « Ce budget traduit l’ambition, la prudence et la rigueur requises en cette période. Nous optimiserons les charges courantes. Je vous rappelle que nous n’en sommes qu’au Rob, les chiffres plus précis viendront. Depuis 2001 nous maintenons un cap », se félicite Pascal Gourdel, adjoint aux Finances.
Une inconnue cependant se présente en cette fin d’année et pour 2022 : l’envolée des prix de l’énergie qui, si elle perdure, pèsera lourdement sur les dépenses de fonctionnement. Aujourd’hui, les énergies représentent un coût d’un peu plus de quatre millions d'euros. Les grands axes qui président à la préparation du budget 2022 de la Ville donnent, "enfin une place forte à la mise en valeur du patrimoine historique et naturel, au maintien du dynamisme économique, au développement d’un tourisme quatre saisons, et déploiement de la candidature de la Maison Carrée à l’inscription Unesco, afin que Nîmes soit toujours rayonnante."
Idées, remarques et demandes de l’opposition
Pour Vincent Bouget, de l’opposition de gauche : « Nous espérons que les prochains arbitrages prendront en compte nos remarques constructives. Si l’horizon semble s’éclaircir, nous devons faire attention à la rechute. Nous ne voyons pas, dans ce rapport, de réflexion particulière et nous espérons une augmentation du budget du CCAS. Les orientations générales sont dans la continuité de vos actions précédentes en privilégiant les opérations prestigieuses plus que celles de la vie courante. Vous divisez même par deux les budgets des musées, pourquoi ? Pour la voirie, vous annoncez une enveloppe sur plusieurs années mais quelle en sera la programmation dans le temps ? Le projet du Mas Lombard doit quant à lui être réévalué après les dernières inondations. Il faut une nouvelle étude hydrologique indépendante… Le Conservatoire arrivera bien tardivement en 2026, le site choisi sera-t-il encore adapté ? Une partie de l’école des Beaux-arts est délaissée, espérons qu’il n’y aura pas de problème. La politique de santé semble bien moins ambitieuse que l’année dernière et, enfin, vous avez choisi de ne pas bâtir de logement social. Nous ne sommes plus dans les clous de la loi SRU ! »
Pour Valérie Rouverand : « Cette lecture du Rob affirme la bonne santé financière de notre collectivité mais elle pose quelques questions quant à l'opportunité au calendrier de grands travaux envisagés dans les quatre ans à venir. Nous avons besoin de savoir si le pari de telles réalisations n'est pas trop risqué pour Nîmes. Nous ne sommes pas contre le Palais des Congrès mais ne serait-il pas souhaitable d’actualiser les données car le tourisme d’affaires change. Il ne faudrait pas que les 56 millions d'euros qu'il va coûter ne pénalisent la ville. Un moratoire sur la question de cette construction serait souhaitable. Pouvez-vous garantir, malgré un endettement, que nos concitoyens ne subiront pas d’augmentation fiscale dans les années à venir ? »
Pour Abderzak Berkani du Rassemblement National : « Ce rapport est une note de synthèse. Les 20 premières pages ne nous apprennent rien sur la commune. On y voit une suite de chiffres imprécis. Votre plan pluriannuel n’est pas conforme ! »
Le maire reprend la parole et revient sur les propos de Vincent Bouget : « Les informations données par monsieur Gourdel sont nécessaires mais je voudrais revenir sur le Mas Lombard. Ça fait 20 ans que nous travaillons dessus, 2/3 de la superficie sera avec des espaces verts, vous êtes à côté de la plaque, soyez positif un peu ! » Le budget sera voté lors du dernier conseil municipal de l’année à savoir le 18 décembre prochain.