Publié il y a 17 h - Mise à jour le 07.05.2025 - Romain Fiore - 5 min  - vu 693 fois

OAC Que retenir de l'annonce du départ de Didier Bilange et Philippe Mallaroni

Didier Bilange et Philippe Mallaroni

Philippe Mallaroni, directeur général de l'OAC, et Didier Bilange son président ont décidé de quitter l'aventure olympienne. 

- Romain Fiore

À la suite d'une conférence de presse organisée dans les bureaux de Jubil Intérim, le président de L'Olympique d'Alès en Cévennes a annoncé sa démission, ainsi que celle de Philippe Mallaroni, le directeur général du club, mais alors que retenir de cette longue conférence où beaucoup de choses ont été dites. 

« Quinze ans, ça commence à faire une longue durée. Peu de présidents restent dix ans dans le football », annonce d’emblée Didier Bilange, futur ex-président de l’Olympique d’Alès en Cévennes, lors d’une conférence de presse. Ce Cévenol dans l’âme, né à l’ancien hôpital d’Alès, à la maternité des Berceaux, et travaillant à seulement 50 mètres de son lieu de naissance, est profondément attaché à sa ville. Fondateur de Jubil Intérim en 1996, l’Alésien avait repris le club en 2009 alors qu’il évoluait en Régional 1. Devenu le quatrième président depuis la liquidation judiciaire de la SAEMS (et le retour au statut amateur en 2003), il a réussi à ramener l’OAC jusqu’en National 2 entre 2022 et 2024.

Mais une série de 15 matchs sans victoire, entre octobre et avril de la saison dernière, conjuguée à une réforme des championnats français entraînant une augmentation du nombre de relégués, a conduit à une descente en National 3. Un échec sportif cuisant pour Didier Bilange :
« Je pense que ce qui a été fratricide, c’est le choix des joueurs. On n’a pas été bons dans le recrutement pour la saison 2023-2024. On a eu une équipe de mercenaires. Depuis, on n’a gardé que deux joueurs : Wilfried Baana Jaba et Lucas Franco. »

Didier Bilange Philippe Mallaroni
Les deux hommes étaient liés depuis plusieurs années à la tête du club.  • Romain Fiore

Un manque d’accompagnement financier et sportif

Des propos forts, accompagnés d’un constat sans appel pour un président qui rappelle avoir agi par passion : « C’était du mécénat, car cela n’a jamais rien rapporté à mon entreprise ». Il dresse une analyse lucide de l’échec, sur les plans sportif comme financier :« On savait qu’il y avait deux  critères essentiels. D’abord, l’aspect financier : l’effort devait être une impulsion, pas une constante. Les partenaires, les institutionnels devaient réussir à en trouver d’autres pour assurer la pérennité du club », explique-t-il, tout en annonçant qu’il restera en poste jusqu’à fin juin.
« J’ai toujours dit : je ne veux pas que ça repose uniquement sur moi. Malheureusement, c’est ce qui s’est passé. La communauté du club a trop compté sur Jubil Intérim ». Même son de cloche chez Philippe Mallaroni, manager général également sur le départ : « Jubil Intérim, c’était 50 % du budget cette année. C’est un regret. On était trop peu nombreux pour soutenir le club financièrement. »

« On peut vraiment se demander : qui veut que le foot progresse à Alès ? »

Didier Bilange, futur ex-président de l'OAC

"Jubil n’est pas une source intarissable"

Didier Bilange Philippe Mallaroni
Un duo qui quitte le club avec des finances saines.  • Romain Fiore

Malgré les ultimatums fixés en interne pour ne pas dépasser un certain seuil budgétaire, celui-ci a été dépassé de 30 %. Une limite franchie pour Didier Bilange : « J’avais aussi posé un cadre sportif. Cette saison, on avait le double du budget du second de notre poule en N3. C’est un double échec. Mon activité économique ne peut plus soutenir activement un club. » Et d’ajouter : « Si les résultats avaient suivi, je serais resté comme sponsor. Mais Jubil Intérim n’est pas une source intarissable. »

Qui veut vraiment faire grandir le foot à Alès ?

Didier Bilange pointe aussi un manque d’engagement des collectivités locales. « Je pense que la nouvelle municipalité est plus sensible au sport et au foot que l’ancienne (sous Max Roustan), et j’espère que la stratégie sera différente. J’avais déjà prévenu Christophe Rivenq de mon départ en janvier ». Il regrette particulièrement l’absence de soutien au niveau des infrastructures :
« Avec la mairie, ça fait dix ans qu’on réclame un terrain synthétique. Le stade a plus de 30 ans. On n’arrive même pas à le faire nettoyer. Il ne nous appartient pas, et la mairie n’alloue pas de budget à sa rénovation. Les loges ne sont pas dignes d’un club ambitieux. Je n’ai jamais pu y recevoir des clients de manière convenable. Le club des partenaires et sponsors s’en ressent. Il y a un vrai retard dans les investissements nécessaires au niveau de nos ambitions. » Et d'avouer, amer :
« On peut vraiment se demander : qui veut que le foot progresse à Alès ? »

Un projet entravé

Seul à la barre, Didier Bilange confesse avoir été isolé dans la conduite du projet "Cap 2024", qui visait une montée en National. Il révèle avoir tenté de racheter le stade à la mairie : « Si ça avait été possible, on l’aurait rénové, avec une nouvelle pelouse et des loges dignes de ce nom. » Mais ce refus a été, selon lui, un vrai frein : « On a investi plusieurs millions depuis le début. Il fallait aller chercher des partenaires importants pour continuer à grandir. Mais cela ne s’est pas concrétisé. »

Une sortie digne, mais des incertitudes pour l’avenir

Mollo
Cette saison, ils ont su faire venir un joueur cadre comme Yohan Mollo.  • Romain Fiore

Didier Bilange laisse toutefois le club dans une situation financière saine. Il l’avait repris avec un déficit de 20 000 € de fonds propres ; il le quitte avec un bilan positif.
Reste à savoir qui lui succédera à partir de juillet. Des démarches ont été entreprises auprès de repreneurs potentiels via des intermédiaires, sans succès pour l’instant. Selon nos informations, Jean-Christophe Lafont, actuel vice-président, pourrait reprendre la présidence, mais avec une implication financière plus modeste.

Une reconnaissance pour le staff actuel

Concernant la saison en cours, qui s’achève dans deux semaines, Didier Bilange salue le travail de Jean-Marie Pasqualetti, entraîneur intérimaire depuis le 30 janvier : « Il a montré une forte implication pour son club de cœur. » Une différence qu’il oppose à celle de l’ancien coach Hakim Malek : « Il était très impliqué au début. Mais une fois ses diplômes obtenus, il s’est concentré sur ses ambitions personnelles. Son implication a diminué, et les résultats s’en sont ressentis. J’ai toujours dit que l’entraîneur était prépondérant. » Pour l’avenir, il conseille donc de garder une majorité de la structure des joueurs de cette saison, tout en repensant le management.

Lucas Franco
Lucas Franco est l'un des seuls à être resté depuis l'an dernier au club. • Romain Fiore

Une aventure humaine forte

Épuisé par une présidence qu’il n’a pu pleinement vivre à cause de ses obligations professionnelles, Didier Bilange garde cependant un souvenir positif : « Une expérience humaine très riche, avec ses complexités. » Il confie avoir découvert un monde passionnant :« J’ai rencontré des gens incroyablement investis, une ferveur sans limite. J’ai découvert le football dans sa dimension stratégique, où l’intelligence et la flexibilité sont essentielles. Une équipe, une infrastructure, doivent être pensées intelligemment. » S’il quitte la présidence, il n’exclut pas un retour en tant que partenaire : « Si le club progresse, avec un vrai projet, des finances solides et des infrastructures dignes de ce nom, je reviendrai en tant que sponsor. Pour montrer que je continue à soutenir l’OAC, mais dans de bonnes conditions. »

Diarra
Malgré la non-promotion de l'équipe, des joueurs comme Cheick Diarra auront brillé cette saison.  • Romain Fiore

Romain Fiore

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio