Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 29.04.2013  - 4 min  - vu 148 fois

POLEMIQUE Les administrateurs du Pont-du-Gard ripostent, de pied ferme, à leurs détracteurs

"Une polémique stérile et inutile. Une tempête dans un verre d'eau". Une fois n'est pas coutume mais William Dumas, président de l'Etablissement public de coopération culturelle du Pont-du-Gard, avait la mine des mauvais jours, l'oeil noir et le ton un rien agacé en égrenant ces quelques mots ce lundi matin, lors de la conférence de presse, à valeur de mise au point, organisée après la (vive) polémique suscitée par l'application - désormais en vigueur- d'un droit d'accès pour les piétons (10 €) et cyclistes (12 €) venant visiter le Pont du Gard. Un prix voisin à ceux pratiqués pour ces autres sites classés au patrimoine de l'Humanité que sont les Châteaux de la Loire (7,50 € à 11, 50 €), les grottes de Lascaux (9,70 €), le Palais des Papes d'Avignon (10,50 €) les ruines de Pompéi (11 €), l'Alcazar de Séville (8,75 €) ou le Taj Mahal (10,66 €).

"Ces derniers jours, j'ai lu et entendu des propos mesurés, mais aussi des déclarations malveillantes visant à altérer l'image de notre monument, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco et comptant parmi les grands sites de France. Pourquoi cette polémique stupide survient-elle aujourd'hui et quels intérêts sert-elle ?".  Si la question fut posée par le député socialiste William Dumas, la réponse, elle, était à recueillir sur les lèvres de Gérard Pedro, premier magistrat de Remoulins : "Cette polémique a surgi parce que nous approchons des élections municipales de 2014 et que d'aucuns ont intérêt à prétendre que les maires des trois communes se partageant le site du Pont-du-Gard (NDLR : Remoulins, Castillon-du-Gard et Vers-Pont-du Gard) ne défendraient pas les intérêts des Gardois". Foutaise que d'insinuer "telle ineptie"  pour les administrateurs de l'EPCC et de sa mission de service public, qui ont fait valoir, d'une même voix, que la nouvelle tarification - adoptée à l'unanimité en novembre 2009, ainsi qu'à chaque actualisation annuelle - n'avait, à l'époque, suscité nul commentaire. Rien que de plus normal pour un site prestigieux aujourd'hui parvenu à dégager 7,7 M€ d'autofinancement sur un budget de 11,2 M€. Soit 76,5 % de ressources propres. "Ces dernières années, nous avons observé une montée en puissance de la fraude organisée. On ne compte plus les autocars qui déposent les touristes à quelques mètres de l'entrée rive gauche et vont les récupérer à la sortie du parking rive droite. Nous ne pouvons plus admettre que des visiteurs, chaque saison plus nombreux, trichent pour s'exonérer des frais inhérents à l'entretien et à l'animation du site (165 hectares) dont le prix d'accès demeure parmi les plus avantageux pour des monuments de même nature, situés en France ou à l'étranger. Notre seul tort, c'est de nous être focalisés ces trois dernières années sur la promotion tous azimuts du site et de ne pas avoir dénoncé cette situation plus tôt", ont commenté à l'unisson les intervenants. On ajoutera à cela, ne leur en déplaise, une communication qui aurait sans doute mérité un peu plus de précaution.

Selon la direction du Pont-du-Gard  - un site comptant parmi les plus courus de France avec 1,3 million de visiteurs, 130 emplois en pleine saison et des retombées économiques évaluées à 85 M€ pour le département - 1 à 2% des visiteurs sont concernés par les tarifs piétons et cyclistes (avec réduction à 3,50 € pour les groupes) , sachant qu'il demeure hors de question de faire payer un droit d'accès aux randonneurs (sentiers GR/PR) "à condition toutefois que nous ne les croisions pas dans les espaces muséographiques, comme cela arrive parfois". L'argument le plus sérieux tient toutefois dans la possibilité qui est offerte à chacune des communes - ou communautés de communes - du département de conventionner avec le Pont-du-Gard et offrir, ainsi, la gratuité à tous et chacun des administrés. A ce jour, en échange d'une simple promotion du site (journal municipal, panneaux d'informations...), une petite dizaine de communes ont dès à présent signé cette convention de partenariat. Elles seront près d'une centaine d'ici quelques semaines, après les adhésions collectives de la communauté de communes de Bagnols, du Pont-du-Gard, du Pays Grand'Combien... A ce sujet, les divers intervenants ont plaidé pour "un rapprochement intelligent" avec la ville de Nîmes, qui consacrerait de substantielles économies en matière de promotion touristique de leurs sites respectifs. Enfin, et c'est là un élément que le président William Dumas n'a pas manqué de rappeler : selon l'enquête menée la saison passée, 95 % des visiteurs se sont déclarés satisfaits ou très satisfaits par le rapport qualité/prix du Pont du Gard. De quoi faire taire, selon lui, tous les détracteurs !

APOLITIQUE ET SANS VISEE ELECTORALE

A la sortie de cette conférence de presse, l'association Pont-du-Gard et Patrimoine, se voulant "apolitique et sans visée électorale" a distribué à chaque journaliste, un tract dans lequel elle revendique le retour à la gratuité d'accès pour tous les piétons et cyclistes. "Beaucoup de personnes désireuses de visiter le site rebroussent chemin en voyant les tarifs pratiqués, on peut le constater tous les jours. Le tarif piéton accroîtra encore le caractère élitiste du site. le Pont du Gard sera-t-il inaccessible à ceux qui sont contraints de calculer à l'euro près ? Nous convenons que l'attitude de certains autocaristes et visiteurs est indélicate, mais elle ne justifie absolument pas la fin de la gratuité. Comment distinguer un randonneur d'un visiteur, un visiteur de bonne foi de la clientèle d'un autocariste filou ? Un gardois de l'habitant d'un autre département ? Faudra-t-il venir avec sa carte d'identité et une quittance d'EDF ?", souligne l'association.

NDLR : il est à noter que pour les communes ayant signé une convention avec l'EPCC du Pont-du-Gard, une carte d'accès gratuit sera délivrée à chaque famille, après qu'elle en ait fait la demande en mairie (prévoir pièce d'identité et justificatif de domicile)

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