« Il y a depuis plusieurs mois un climat délétère au sein de la collectivité, pas mal de dysfonctionnements dans les services, comme la police municipale, les écoles, un peu partout », pose un délégué syndical qui a souhaité demeurer anonyme. Les agents sur place dénoncent pêle-mêle « des décisions prises sans concertation », « des heures supplémentaires payées en retard », « un management toxique », « des bureaux insalubres » pour certains services et, « une peur des représailles » au sein de la municipalité, ce qui expliquerait que la manifestation n’a pas réuni plus d’agents.
Dans un communiqué, FO Territoriaux dénonce aussi « des postures arbitraires (qui) se manifestent sur des thématiques essentielles telles que le recrutement, le respect du droit inaliénables des agents à une rémunération juste, la lutte contre les discriminations et les conditions de travail. » Le syndicat dénonce aussi « les mensonges, la neutralisation des faits, la déconnexion du réel et la déloyauté argumentaire de l’autorité territoriale, de certains adjoints au maire et conseillers municipaux, de la direction générale et de chefs de service. » Sans toutefois envisager de grève prochainement.
La séance qui a suivi, largement administrative, a toutefois abordé la question du personnel municipal au détour de la décision modificative n°2 du budget de la commune, qui rajoutait notamment 100 000 euros sur 2025 au compte des charges de personnel. De quoi, en comptant déjà la hausse de 370 000 euros cette année, avoisiner « le demi million d’euros de hausse en 2025 », relèvera Olivia Gemtu-Chantry, à qui le maire a retiré ses délégations en octobre dernier. L’adjointe Karine Bommenel lui répondra que la hausse était due à la mise en place de la brigade de nuit de la police municipale dans un premier temps, et que les 100 000 euros correspondaient à « des projections sur le remplacement des arrêts maladie, notamment au service scolaire, très touché. »
Olivia Gemtu-Chantry rebondira en évoquant le « mal-être » des agents et l’ampleur des arrêts maladie. Karine Bommenel dégainera des chiffres pour démontrer que ces arrêts n’explose pas (74 agents en 2025 contre 72 en 2024) et que « le CST (Comité social territorial, ndlr) hier (lundi, ndlr) s’est très bien passé. » « S’il y a un malaise, on va l’entendre, il est surtout sur un service que tu avais en gestion », rétorquera le maire Valère Segal à l’attention d’Olivia Gemtu-Chantry, anciennement en charge des affaires scolaires. L’adjoint à l’éducation François Carli prendra ensuite la parole pour défendre « les actions menées », avec « une écoute au cas-par-cas, un travail au quotidien », suscitant une réponse sarcastique d’Olivia Gemtu-Chantry : « je suis très heureuse d’entendre dire que tout va bien. »
Puis Laëtitia Gaillard, elle aussi déchue de ses délégations en octobre, prendra le micro pour revenir sur le controversé poste de directeur de cabinet, demandant « à combien son salaire va s’élever, il n’y a aucune trace de la manière dont on va le payer. » « Ça a toujours été clair », répondra le maire, avant que Karine Bommenel n’explique que le poste était budgété puisque, rebondissement, « le poste était déjà créé. » La délibération sur laquelle la majorité s’était écharpée en octobre, qui consistait à ouvrir ce poste, n’aurait donc pas dû être présentée, le poste étant ouvert depuis le mandat de Claire Lapeyronie. L’actuelle majorité avait cru que le poste avait été fermé par l’ancienne maire, alors qu’il ne s’agissait en fait que de mettre un terme à l’emploi de son ex-directeur de cabinet.
« On n’aurait pas dû la passer, et nous avons retiré cette délibération qui a fait tant polémique », conclura le maire. Tout ça pour ça, donc. La délibération sera votée avec sept abstentions.
Et aussi
La municipalité se défend : sur le personnel communal, le maire indique qu’il y a « une réunion prévue avec le personnel des écoles le 17 décembre pour faire le point avec eux, il y a un mal-être dans ce service qui dure depuis longtemps. » Le maire rappelle qu’il n’y a « jamais eu autant d’équipements remis à niveau, comme le centre technique municipal, la police municipale dont nous sommes en train de refaire les locaux, celui de la propreté ville aussi, et nous avons fait des travaux dans les écoles. » Valère Segal pointe des manques antérieurs à son élection, avec des services « qui n’avaient même pas une perceuse », et « cette année 40 000 euros d’équipements ont été achetés pour les services techniques », précise Karine Bommenel. Alors Valère Segal ne peut s’empêcher de voir autre chose dans cette manifestation : « nous sommes en période électorale, je ne sais pas si ce genre de mouvement est habituel », glisse-t-il, quand sa directrice générale des services Eloïse Auboiron « (s)’interroge sur le respect des obligations de réserve et de neutralité des agents, alors que nous avons eu un CST hier (lundi, ndlr) et que rien n’est remonté. »
Mais où iront les gens du voyage ? : le conseil devait se prononcer sur le schéma départemental d’accueil et d’habitat des gens du voyage 2026-2032, schéma qui prévoit « pour la commune, d’ici au 31 décembre 2032, la création de 10 terrains familiaux locatifs afin de répondre à l’obligation légale d’accueil s’imposant à toutes les communes de plus de 5 000 habitants », lit le maire. Qui précise immédiatement que c’est l’Agglomération qui gère le dossier, et qu’elle peut « faire ces 10 terrains familiaux là où il y a le besoin, c’est-à-dire au sud de l’Agglomération, à Saint-Geniès-de-Comolas. » Dans le même temps, « l’aire de grand passage (à Pont, ndlr) a disparu de ce projet », précise-t-il. Pas clair pour l’opposition, Aurélie Delwarte (« Simplement Pont ») en tête : « dans le schéma, il est noté que la création sera à Pont-Saint-Esprit », « pages 50 et 51 », abondera Claire Lapeyronie (« Pont d’abord »). Le maire répondra une nouvelle fois que « la commune génère 10 terrains, qui ne seront pas réalisés à Pont-Saint-Esprit », sans convaincre l’opposition. « Entre ce qu’on lit et ce que vous dite, il y a un fossé, dans ce flou artistique, nous nous abstiendrons », lancera Claire Lapeyronie. « Vous votez ce que vous voulez, mais n'y voyez pas un piège », tentera le maire. 5 voix contre et 5 abstentions au final.
La section PS réagit : comme après chaque conseil municipal, le Parti socialiste local nous a fait parvenir un communiqué, que voici : « Le Conseil municipal de ce soir a confirmé ce que beaucoup redoutaient déjà : la majorité est en roue libre, incapable de maîtriser les finances de la commune. Lors de la 15ᵉ délibération, le maire a dû ajouter en catastrophe 100 000 € à la masse salariale… au mois de décembre, en invoquant les arrêts maladie des agents ! Un prétexte d’autant plus malvenu que, quelques instants plus tôt, les agents eux-mêmes, épaulés par les syndicats, distribuaient des tracts dénonçant leur mal-être au travail.
La majorité nie la crise sociale… mais reconnaît l’explosion des dépenses ! Et ce n’est, malheureusement, pas un accident isolé. Au vote du budget déjà, une augmentation de la masse salariale de plus de 370 000 € avait été actée. Avec les 100 000 € votés ce soir, ce sont près de 500 000 € rajoutés dans l’urgence pour simplement tenir les salaires.
Ce demi-million d’euros de “rattrapage”, c’est la preuve directe que le budget a été bâclé, mal anticipé et totalement hors de contrôle. Alors, posons la seule question qui compte : comment peut-on faire confiance à un maire qui n’arrive même pas à financer une année complète de salaires ? Comment prétendre gérer une ville de plus de 10 000 habitants quand on échoue déjà sur la base absolue de tout budget communal ?
Ce soir, la majorité n’a pas fait preuve de gestion : elle a montré une dérive, une gestion au doigt mouillé, faite d’improvisation et de décisions de dernière minute.
Pont-Saint-Esprit mérite mieux qu’un budget rafistolé à coups de centaines de milliers d’euros. Il est temps de mettre fin à cette gestion approximative, qui fragilise la ville et ses agents.
Spiripontaines et Spiripontains, gardez l’espoir d’un avenir fondé sur une gestion rigoureuse et transparente, menée par des personnes d’expérience et compétentes.
Espérons un pont vers l’avenir, un avenir rempli de fierté ! »