Comme on peut s’en douter, le Salon  International de l'Agriculture est un lieu un peu à part dans le paysage culturel français. Bizarreries, envies, nouveautés, le monde entier joue des coudes pour assister à cette grand’messe. Retour en images.

"Mais pousse toi, je ne vois rien!" lance une voix inquiète au détour d’une allée. "De toute façon il n’y a rien à voir, je ne le connais pas…" répond l’autre protagoniste du dialogue. C’est aussi ça le SIA, une sorte de festival de Cannes, en plus rural, décontracté. Les politiques de tous bords s’en donnent à cœur joie à taper le cul des vaches et sillonner les allées, suivis par des cohortes journalistiques en ordre de marche tout en évitant les lancers d'oeufs. Qui ne vient pas au SIA n’est pas candidat à la Présidentielle, en somme, c’est un peu ça.

Aux abords d’un pavillon, deux jeunes filles déguisées en bovin, pas de bol, refilent des tracts à qui veut en prendre. "22 V’là les vaches!" lance en souriant un papy qui ne veut surtout pas être pris dans la tourmente et avoir à justifier un refus, il bifurquera quelques pas avant le contact. "Pass’porc, c’est rigolo! Je veux le même, tu crois qu’on peut aller où avec ça?" questionne un adolescent à ses parents aussi désabusés qu’amusés. "Lui, je l’ai déjà vu à la télé mais je ne sais pas qui c’est… Aide-moi!" demande une mamie à son fidèle époux un poil irrité de la tournure que prennent les choses. "Je ne suis pas venu pour regarder les gens qu’on voit tous les soirs mais pour voir des animaux!" affirme le grand-père.

Le monde rural n’est pas entièrement stéréotypé, par chance, le salon est tellement vaste que l’on trouve tout et son contraire. La musique aussi est bien présente, et parmi les quelques confréries qui siègent de bon cœur à Paris, une paire de chansons paillardes se fait entendre. Dans la foulée, un homme politique repasse ou rapace, inexorablement.

Parmi ce dédale de pavillons, d’entrées, de sorties, de stands et de carrières, le Gard est toujours quasi invisible. Il y a bien le petit stand de Bienvenue à la Ferme mais comme la thématique est nationale, le stand gardois est minimaliste même s'il a le mérite d'exister. Le Gard a-t-il une réelle notoriété quand on parle agriculture, gastronomie ou appellations? En tout cas, si vous allez au salon, vous n’en saurez pas beaucoup plus! Par contre, s’il vous vient des envies d’ailleurs, rendez-vous au pavillon 5, celui des régions et de la France d’Outre-Mer. Des îles, des couleurs, des saveurs, des odeurs, du rhum, des sourires, des habits traditionnels et exotiques… Pour le côté "monde", nous voyageons de la Corée à la Bulgarie, de l’ïle Maurice au Sénégal, de la Suisse au Brésil en passant par la Côte d’Ivoire, l’Espagne, l’Algérie, l’Italie, le Togo, la Belgique… Mais aussi les Alpes, la Corse, le Pays Basque et toujours pas de produits gardois comme la brandade par exemple!

Pour les amoureux des équidés, le pavillon 6 est un modèle du genre mais des salons provinciaux réalisent les mêmes prouesses. Une première partie joue avec les ânes, les accessoires, les tenues vestimentaires... Côté accessoire et tenues, finissons avec le pavillon 8, celui des canidés. Qui veut des babioles traitant de cet univers très particulier va courir voir les toutous et leurs bons maîtres. Ici, le monde canin a pris le dessus sur l'humain, même les Hommes se mettent en cage! Vision d’une humanité prête à se mettre dans la peau de son plus fidèle compagnon pour qu'il ne soit pas en stress.

En fait, quelques heures passées au SIA permettent de se rendre compte d’une diversité que seule la France peut offrir. La qualité est au rendez-vous, les surprises aussi et comme toujours les animaux sont impressionnants. Dommage, encore une fois que notre département ne soit pas plus représenté…