TÉMOIGNAGE Charles Morin de Phyto-Victimes : "On est responsable de l'utilisation des produits mais pas coupables"

Il y a quelques jours, le relais Gard rhodanien-Avignon de l'ONG "Génération futures" a été créé avec comme responsable, Michel Tachon. Une première conférence sur les pesticides était organisée ce jeudi soir en présence du médecin Paul Bousquet et d'Isabelle Paret, responsable du relais "Générations Futures" de Valence.
Charles Morin, viticulteur et délégué régional de Phyto-Victimes, est aussi venu témoigner de la maladie auto-immune qu'il a contractée en utilisant des pesticides. Un récit qui a fait écho auprès de l'assemblée vivant dans un territoire où la viticulture est un des piliers de l'économie.
Ce jeudi soir, c'est dans son fauteuil roulant que Charles Morin s'adresse au public. Il arrive tout juste à marcher quelques mètres mais la fatigue survient rapidement. "J'ai besoin de beaucoup d'aide. Ma femme, ça fait 45 ans qu'elle est là pour me soutenir. Sans elle, je ne sais pas comment je ferais. Je ne peux pas courir dans les bois avec mes petits-enfants... Mais j'ai bien pris quand même cette maladie, je vis avec. Maintenant je milite pour mes collègues", s'exprime cet ancien viticulteur âgé de 68 ans.
C'est en 1996, alors qu'il travaillait en tant que chef d'exploitation salarié dans un domaine qu'il a ressenti les premiers troubles. Des fourmis dans les pieds, des crampes... Il est allé voir un neurologue qui n'a pas su trouver ce qu'il avait. Même au bout de deux années. Sollicité, un deuxième neurologue ne fera pas mieux. Charles a pris rendez-vous chez un médecin à Montpellier. Ce dernier n'arrive toujours pas à identifier son mal mais une hypothèse est déjà écartée : ce n'est pas de la sclérose en plaques. Au bout de plusieurs années, il obtient enfin un diagnostic : il s'agit d'une maladie auto-immune. Mais d'où vient-elle ? C'est le combat qu'a mené Charles Morin.
"J'ai fait ma vie jusqu'en 2016 où je suis allée à l'assemblée générale de Phyto-Victimes. J'ai discuté avec les membres et un docteur : ils m'ont dit qu'il fallait que je me batte, que ça ressemblait à une intoxication à des produits et donc à une maladie professionnelle", narre-t-il. Après avoir constitué son dossier auprès de la MSA, il décortique une liste de produits sur trois pages et identifie ceux qu'il a utilisés en travaillant dans les vignes. Il pointe du doigt l'arsenic. Ce produit lui avait été recommandé par la Chambre d'agriculture comme fongicide à l'époque. C'était pas cher en plus. Mais il a été retiré du marché en six mois, considéré comme dangereux.
"Le but de l'association n'est pas de stigmatiser les agriculteurs mais de leur permettre de passer à autre chose"
"C'est vrai que c'était très confortable tous ces produits. On pouvait même partir en vacances", commente une femme dans le public. "Quand on était agriculteur, on ne pensait pas s'intoxiquer", rebondit son mari, qui a lui aussi pris un avocat pendant sept années pour que sa maladie soit reconnue comme professionnelle. En vain.
Finalement, Charles Morin sera reconnu invalide à 80% par la MSA des suites d'une maladie professionnelle. Au terme d'un long combat administratif et juridique. Aujourd'hui, il veut soutenir les viticulteurs et les riverains d'exploitation dans le même cas que lui à travers l'association Phyto-Victimes: "Le but de l'association n'est pas de stigmatiser les agriculteurs mais de leur permettre de passer à autre chose. [...] Il faut avoir le courage d'y aller. On est responsable de l'utilisation des produits mais pas coupables."
En introduction, le médecin Paul Bousquet, spécialiste des maladies environnementales, en particulier celles liées aux pesticides, a présenté quelques chiffres édifiants : "Le risque d'infertilité est multiplié par 27 chez les utilisatrices de pesticides. L'exposition professionnelle augmente de 2 à 5 fois le risque d'Alzheimer"... Pour limiter au maximum l'introduction de pesticides dans l'organisme, il prodigue quelques conseils simples : enlever ses chaussures en entrant chez soi ou dans les crèches, installer une filtration au charbon sur son robinet, privilégier des moyens plus naturels que les colliers anti-puces pour traiter ses animaux de compagnie contre les parasites...
Marie Meunier
Vous pouvez contacter l'association Phyto-Victimes par mail à contact@phyto-victimes.fr. Vous pouvez également contacter le relais Gard rhodanien-Avignon de Générations futures au 06 37 49 43 45.
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