VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON Sock Wild Sketch peuple la ville de ses peintures
"C'est vous qui faites ça ?" C'est sans doute la question qu'a le plus entendue Tom Tournery, 32 ans, plus connu sous le pseudo Sock wild Sketch. Cet artiste professionnel se cache derrière bon nombre de peintures murales tracées à la bombe. Depuis deux ans, il en a créées une quinzaine dans Villeneuve-lez-Avignon.
Si ce n'est pas à Villeneuve-lez-Avignon, vous avez forcément déjà vu un de ses dessins dans la région. La représentation de son bébé Yoda à Montfrin a fait un buzz monumental sur la toile. Sans parler de son immense clown du film d'horreur "Ça" peint sur le transfo du parking des Italiens, à l'entrée d'Avignon.
Tout ça, c'est l'œuvre de Tom Tournery, habitant Villeneuve depuis trois ans, né à Avignon, qui a grandi aux Angles avant de voyager pendant plusieurs années. Depuis deux ans, il est en contrat avec la mairie de Villeneuve-lez-Avignon pour "ramener de l'art dans la ville". Son terrain de jeu favori ? La plaine de l'abbaye. Vous y verrez peut-être un œil de cheval géant sur le portail d'entrée de la ferme "Aux Poneys de Delphine" ou bien un majestueux papillon posé sur un pistil, semblant prêt à s'envoler grâce à un jeu avec la perspective.
À Villeneuve, Sock a carte blanche mais il met un point d'honneur à ce qu'aucun de ses dessins ne dénote dans le paysage. Que tout s'intègre parfaitement dans son environnement et que des murs bruts se transforment en musée à ciel ouvert. L'idée à termes serait de créer une balade artistique. "La peinture a un effet indéniable sur la vie sociale. La couleur change la vie des citoyens des quartiers. L'expo de ouf a changé Gambetta à Nîmes, les gens s'arrêtent prendre des photos, se baladent", affirme l'artiste.
Le graff a tendance à se généraliser. Il n'y a qu'à voir le projet "Tout simplement graffiti" lancé par l'association Da Storm en partenariat avec Nîmes Métropole et le Drac Occitanie, qui permet aux maires de villages de demander une fresque street-art, fruit d'une collaboration entre plusieurs artistes. La dernière en date a été réalisée sur la façade de la mairie de Saint-Bauzély en octobre. Sock a participé avec Maye à élaborer cette œuvre géante entre 4-5 jours.
Qualifiant le street-art de "petit canard de l'art contemporain", il veut démontrer que le tag n'est pas forcément lié "à l'insécurité, à la destruction ou au vandalisme." Petit, à peine lui a-t-on mis entre les mains feutres et crayons qu'il savait qu'il voudrait faire ça plus tard. "Ha ça va être compliqué", lui avait-on dit à l'époque. Il découvre la culture du graffiti en baignant dans la culture hip-hop, sans pour autant se lancer. Pendant quelques temps, Sock a dû enchaîner les boulots alimentaires ne nécessitant pas de diplôme particulier. Jusqu'à ce qu'il touche le fond. Ce qui lui a permis "de mieux rebondir", comme il aime à la dire.
Des visuels de CD de rap français à la résidence du Prince d'Arabie Saoudite
Il s'occupe d'illustrer les pochettes, les visuels des CD de rap français et commence à se créer une petite notoriété. Il a aussi monté sa propre affaire "Tag déco", il y a huit ans. Avec ses collaborateurs, ils étaient appelés un peu partout en France pour de la décoration murale. Sock est allé jusqu'à peindre la piscine d'un chalet, qui était une des résidences du Prince d'Arabie Saoudite.
Depuis trois-quatre ans, il a quitté Tag déco. Il gagne maintenant sa vie grâce à ses œuvres mais aussi en performant en festival ou plus pragmatiquement en répondant à des commandes avec un motif imposé. Il aimerait un jour ne vivre que de la liberté de son art. Sans s'obliger à mettre les pieds dans les galeries qui ne lui font pas vraiment de l'œil.
Sock se rend souvent en festival notamment au Graffic festival à Puteaux où il avait planché sur la façade de la mairie avec 35 autres artistes ou encore à l'international Meeting of style. L'artiste villeneuvois n'aime pas "se retrouver bloquer dans la technique". Alors il jongle entre tous les styles : cartoons, réalisme, photoréalisme... Rien ne l'arrête même s'il avoue beaucoup s'inspirer de Drew Struzan. Un nom qui ne vous dit sans doute rien mais vous êtes forcément familier avec ses dessins. C'est lui a réalisé à la main les affiches des films E.T., Blade Runner, Star Wars, Indiana Jones... "Le photoshop avant l'ordinateur" et "un vrai souci de l'esthétisme".
En parallèle, Sock écrit le deuxième tome de sa bande dessinée "Les incroyables aventures de John Hash", entièrement écrite et illustrée de sa main. Un univers résultant d'un mash-up d'ambiances de rue, du pouvoir du rap, du graffiti et des comics. Interdit aux moins de 16 ans. Bref, les projets ne manquent pas pour l'artiste gardois qui en a encore sous le pied et dans le spray de ses aérosols !
Marie Meunier
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