Publié il y a 9 h - Mise à jour le 23.05.2025 - Boris De la Cruz - 4 min  - vu 2288 fois

ALÈS 26 ans après le meurtre non élucidé d’un enfant, un appel à témoins est lancé

Hocine Batouche a disparu le 10 juillet 1999

- Photo DR/ Boris de la Cruz

« On ne baisse pas les bras, on travaille tous les jours sur cette affaire et elle avance », indique le procureur d’Alès Abdelkrim Grini. La justice, 26 ans après cet effroyable crime, lance un appel à témoins concernant la mort du petit Hocine, enlevé et tué à 9 ans. C'était le 10 juillet 1999…

INFO OBJECTIF GARD. C’est l’une des plus énigmatiques affaires criminelles qui ait secoué le Gard. Pourtant, vingt-six ans plus tard, elle demeure non élucidée. « J’ai l’impression que tout le monde a oublié le visage de mon enfant. Il y a beaucoup d’émissions de télévision ou de reportages consacrés à des disparitions d’enfants ou des meurtres de gamins. Mais pour mon fils, même à Alès, plus personne ne se souvient que mon petit garçon a été tué et que son assassin n’a jamais été retrouvé », avait indiqué à notre rédaction la maman du garçonnet, dans une rare interview qu’elle nous avait accordée il y a quelques années. Depuis, cette mère de famille est décédée de chagrin, sans savoir ce qui est arrivé à son fils Hocine, 9 ans, et sans connaître le nom de l’assassin.

« À chaque sonnerie de téléphone, je me dis que les policiers vont m’annoncer qu’ils ont arrêté le tueur. Mon mari est décédé de chagrin, deux ans après la mort de notre fils. Aujourd’hui encore, lorsque quelqu’un frappe à ma porte, j’ai l’espoir de voir Hocine même si je sais que ce n’est pas possible. Je l’imagine avec sa tête d’enfant et un corps d’homme », nous avait déclaré à la même époque cette maman qui ne voulait pas que s’arrête le combat pour retrouver l’assassin. Et justement, la justice n’abandonne pas ce dossier criminel. D’autres investigations ont été réalisées récemment et, ce vendredi, le procureur de la république d’Alès annonce en exclusivité à Objectif Gard qu’un appel à témoin est lancé par la juge d’instruction d’Alès*.

De nombreuses investigations récemment

« Malgré de minutieuses investigations menées sans discontinuer par les enquêteurs du SRPJ de Montpellier et ceux de l’office central pour la répression aux personnes de la DNPJ, sous la direction de la juge d’instruction du tribunal judiciaire d’Alès, le ou les auteurs de l’enlèvement et du meurtre du jeune Hocine n’ont pu être identifiés », souligne l’appel à témoin officiel de la justice.

« Je pense à la famille, à cette maman décédée dont on n’a pas pu apporter de réponses sur la mort de son enfant. Cette affaire est ma priorité, notre priorité à Alès avec la juge d’instruction et même 26 ans après, on travaille beaucoup sur cette affaire. Et elle avance », glisse le procureur d’Alès sans vouloir donner plus de précisions sur les dessous du dossier criminel.

Un dossier criminel non résolu

Hocine Batouche a disparu le 10 juillet 1999 vers 15h, alors qu’il se rendait au supermarché de son quartier de la Royale à Alès. C’est sur une distance de 900 mètres, entre son modeste domicile dans une cité de la Royale et la supérette du quai Bilina, que cet enfant de 9 ans s’est volatilisé alors que la ville grouillait de monde cet après-midi-là. En ce jour de grand départ en vacances, personne ne l’a vu effectuer le trajet.

hocine alès
Le lieu de la découverte du corps d'Hocine • Photo Boris De la Cruz/ Objectif Gard

En ce week-end de festivités, personne dans Alès n’a constaté une curieuse discussion, un manège inhabituel entre un enfant et un adulte. Aucune scène surprenante n’a été rapportée aux enquêteurs de la police judiciaire. Pire ! Aucun témoin, salarié ou client du supermarché ne se souvient l’avoir croisé.

Et, manque de chance pour les policiers, les caméras de surveillance du magasin et de son parking qui auraient pu livrer des éléments primordiaux pour les enquêteurs, ne fonctionnaient pas. Pourtant, Hocine s’est bien rendu dans le magasin, car la mémoire de la caisse enregistreuse retrouve la trace de ses achats. Un achat réalisé dix minutes après que le petit Hocine est parti de son domicile. 

Quelqu’un l’a-t-il suivi ou a-t-il croisé son bourreau ?

Un dossier jamais refermé depuis 26 ans. De nouvelles expertises ADN ont même été demandées par le juge d’instruction d’Alès il y a quelques mois. Le tee-shirt que portait l’enfant quand il a été retrouvé a été passé au peigne fin avec les nouvelles avancées techniques dont dispose la police scientifique. Mais rien n’y a fait et l’analyse est revenue négative et n’a pas permis d’isoler une trace amenant à un éventuel suspect.

Depuis août 1999 et la découverte de son corps, l’enquête piétine

Le corps de l’enfant a été retrouvé un mois après sa disparition, en août 1999, dans un endroit escarpé, au pied du crassier d’Alès, à quelques centaines de mètres du domicile de ses parents et du supermarché où il est allé chercher du chocolat et un pot de confiture qu’il aimait tant. Avec l’été caniculaire, le corps du petit garçon a été retrouvé à demi dénudé et en état de décomposition. Un secteur qui avait pourtant déjà été ratissé quelques semaines auparavant... L’autopsie n’a jamais pu prouver si l’enfant avait été violé, on sait qu'il a reçu des coups à la tête.

« L’enquête n’avait pas permis de déterminer précisément l’itinéraire qu’avait emprunté l’enfant pour se rendre au commerce, ni celui du retour », complète l’appel à témoins. Depuis près 26 ans, le mystère demeure au pied du crassier d’Alès...

« Si vous pensez avoir des informations en lien avec ce crime qui ne doit pas rester impuni, vous pouvez utilement envoyer votre témoignage aux enquêteurs par mail à l’adresse suivante : dnpj-ocrvp-temoignages@interieur.gouv.fr ou au téléphone numéro vert : 0800 358 335", conclut l'appel à témoins.

Boris De la Cruz

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