Publié il y a 1 h - Mise à jour le 22.08.2025 - François Desmeures - 3 min  - vu 38 fois

FAIT DU SOIR Sur le causse de Blandas, la lavande endémique est distillée sur place

La paille restante après distillation

- François Desmeures

Depuis l'inauguration du mas des Toullières en septembre dernier, une année de distillation est passée pour Arnaud Porée, qui possède ses propres champs de plantes aromatiques sur le causse. Après les lavandins, lavande fine et autre menthe poivrée, il termine l'été avec une plante qui vient, justement, du causse : la lavande aspic. Avec un regret : que la canicule de la fin juin ait eu pour conséquence de réduire la taille des fleurs. 

La lavande aspic, dernière distillation de l'été au mas des Toullières • François Desmeures

De la salle du bas, qui abrite l'alambic, s'échappent encore des parfums de menthe poivrée. "Je l'ai distillée la semaine dernière", explique Arnaud Porée, propriétaire des champs de plantes aromatiques qui se trouvent à cheval sur les communes de Blandas et d'Arre. Des plantes qu'il distille, donc, sur place (relire ici).

Le préfanage se fait sous hangar, à l'abri d'éventuelles intempéries • François Desmeures

"La menthe poivrée, c'était un essai cette année, explique Arnaud Porée, qui montre le petit espace mis en production. Avoir l'outil me permet de planter mes propres variétés". L'entreprise coopérative Ethiquable, qu'on trouve en grande distribution, prend les huiles de menthe distillées. "Elle a lancé une gamme d'aromathérapie, il y a 5 ans, et possède un contrat avec Intermarché, explique Arnaud Porée. On est plusieurs producteurs à avoir planté au sein du GIE (le groupement d'intérêt économique Erboressens, NDLR) pour ça."

Allumage de la chaudière qui va faire chauffer l'eau et envoyer de la vapeur dans le distillateur • François Desmeures

"On a aussi planté de l'hysope pour Cevenat, qui fait de l'aromathérapie au Pompidou (Lozère), et qui voulait une variété très précise, anti-bactérienne." Arnaud énumère ainsi les sources de développement glanées dans l'année. "C'est un marché de niche, mais qui est en croissance, poursuit l'entrepreneur. On essaie aussi de percer dans la parfumerie." Un marché compliqué à pénétrer, avoue Arnaud, même si une société montpelliéraine a commencé à s'intéresser à son travail. 

Arnaud Porée gratte la nacelle sur laquelle il reste quelques herbes de la dernière distillation • François Desmeures

"On a aussi réalisé des micro-distillations de Thaspia villosa, une plante du causse qui sent extrêmement bon. Ou de laser gaulois, trouvé dans les vallées vers Nant" (Aveyron). Aujourd'hui, comme dernière distillation de l'année, la lavande aspic attend sous un hangar, en préfanage. "On a trié les graines il y a 3 ans, puis plantées. L'huile s'utilise en cutané, notamment sur les piqures d'insectes et les brûlures. Mais en ingestion, il faut éviter parce qu'elle contient du camphre, à la différence des autres lavandes."

Remplissage avant distillation • François Desmeures

François Desmeures

Avant la distillation, le préfanage est essentiel. "Il permet d'avoir des pailles dénuées d'eau." D'autant que près de 40° ont tapé sur le hangar jusqu'au début de la semaine. "Mais les huiles essentielles sont encore dans la plante." Il faut environ une heure pour distiller quatre grands sacs de lavande aspic. Contre deux heures pour de la menthe poivrée. Avec une température de vapeur de 105° pour la lavande, 102 ou 103 pour la menthe poivrée. Et jusqu'à 140° pour l'immortelle. 

La lavande aspic, préfanée, versée dans le distillateur • François Desmeures

Tassage des pailles pour pouvoir faire rentrer la contenance de quatre "big bag" • François Desmeures

Mais avant de distiller, Arnaud Porée confie un doute. "La canicule de juin a fait perdre en moyenne un quart des fleurs, alors qu'elles étaient en train de croître. C'est même allé jusqu'à la moitié des fleurs sur les lavandes fines et le lavandin. L'aspic, je saurai aujourd'hui. Mais, normalement, la floraison est plus tardive." Pour autant, ces grosses chaleurs, appelées à revenir plus souvent, ne remettent pas en cause le projet global. "C'est d'une année sur l'autre, ça arrive, se rassure Arnaud Porée. Ou alors, il faut que je voie pour une capacité plus grande d'irrigation."

À chaque distillation, Arnaud Porée note la plante, la quantité versée et la quantité obtenue d'huiles essentielles • François Desmeures

Sur le causse, l'eau est rare et les réseaux d'adduction compliqués, longs et coûteux. Arnaud utilise déjà de l'eau de pluie, ainsi que celle qui lui sert à distiller, qui est pompée, refroidie et re-stockée. À la séchersse s'est ajoutée une attaque de papillons contre lesquels Arnaud cherche une parade biologique pour l'an prochain. 

La distillation sépare naturellement huile essentielle et hydrolat • François Desmeures

Mise en bidon de l'huile essentielle • François Desmeures

En attendant, il navigue une dernière fois de l'année dans ce parfum entêtant de plantes, d'huiles essentielles, de bois calciné pour alimenter la chaudière, et d'un fond, constant, de menthe poivrée. Même si la distillation est décévante pour cet hectare de lavande aspic, en raison de conditions de croissance de l'année. "J'ai fait 1,2 kg. Normalement, je devrais arriver à 2 kg." Mais la variabilité de la production fait partie du métier... 

Les dernières vapeurs s'échappent à l'ouverture de la cuve • François Desmeures

La paille restante après distillation • François Desmeures

La paille est évacuée • François Desmeures

Nettoyage de la nacelle avant de ranger les instruments • François Desmeures

François Desmeures

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