Publié il y a 4 h - Mise à jour le 22.08.2025 - Stéphanie Marin - 3 min  - vu 298 fois

AUTOUR DES ARÈNES Khaled Bari, l’alchimiste discret de la course camarguaise

Khaled Bari dans les arènes de Bellegarde.

- S.Ma

Chaque vendredi de l'été, ObjectifGard & Arles vous emmène à la rencontre de ceux qui font battre le coeur de la tradition camarguaise. Pour ce septième épisode, direction les arènes de Bellegarde, où le tourneur Khaled Bari enseigne l'art du raset arrêté à ses élèves de l'école taurine Aux Portes de la Camargue. 

À 52 ans, Khaled Bari, employé à la mairie de Saint-Gilles et éleveur de chevaux camarguais, est toujours animé par la même passion : la course camarguaise. La menace, il la ressent et cela depuis plusieurs années. Pour lui, la clé réside avant tout dans l’implication des responsables politiques. S'il défend aujourd'hui la course camarguaise, autant que tout autre spectacle taurin, rien ne le prédisposait à franchir un jour les barrières des arènes. "C'était un accident, affirme-t-il. Petit, je m'amusais à attraper les taureaux pendant les abrivados."

Né à Nîmes, domicilié à Bellegarde jusqu'à ses six ans, puis à Saint-Gilles, Khaled ne compte plus les fêtes votives auxquelles il a participé. Et puis vient ce fameux soir d'été, le jeune homme alors âgé de 19 ans s'illustre en piste, dans les arènes saint-gilloises, face à des vaches cocardières de la manade Ribaud. "Le speaker Stephan Cialdi m'a remarqué, il a voulu me voir à l'entracte. Je ne comprenais pas ce qu'il me voulait. Et finalement, c'est grâce à lui que je pratique la course camarguaise", précise-t-il. Le gaucher intègre l'école taurine de sa commune. "Ma première course en blanc, c'était à Générac, se souvient le raseteur devenu tourneur. Ça avait été catastrophique, je n'avais pas de bases !" L'année d'après, le Saint-Gillois est promu en ligue avant de monter à l'Avenir la saison suivante puis d'accéder quatre ans plus tard, au Trophée des As.

Khaled Bari sur la photo des lauréats de la Palme d'Or 2022. Il est le tourneur de Vincent Félix, vainqueur cette année-là.  • Norman Jardin

Le raseteur a terminé une fois troisième à la Cocarde d'Or et premier ex æquo au trophée des maraîchers à Châteaurenard, il a également remporté trois Gland d'Or à Saint-Gilles en 1996, 1997 et 2002, etc. Mais Khaled préfère parler des vedettes à cornes plutôt que de son palmarès. "J'ai rencontré les plus grands : Tristan de la manade Saumade, Phoebus et Pythagore de Cuillé, Michou des Baumelles, Camarina de Chauvet etc." Des taureaux d'un niveau qu'on ne retrouve plus dans les arènes de nos jours, selon notre interlocuteur, "aussi parce que les hommes ont évolué, ils sont de plus en plus rapides, mais moins téméraires que les anciens." L'une des raisons qui l'ont poussé à ouvrir une école taurine nommée Aux Portes de la Camargue.

C'était en 2021, d'abord à Saint-Gilles avant de rejoindre les arènes de Bellegarde. Dix ans plus tôt, Khaled raccroche le crochet pour devenir tourneur. "Au tout début, j'ai fait deux ou trois courses de ligue et je me suis aperçu que les jeunes ne faisaient pas trop de rasets arrêtés. Alors aujourd'hui, il y a de bons taureaux mais ils ne trouvent pas l'adversaire qu'il faut." Peut-être les trouveront-ils dans les rangs de la trentaine d'élèves âgés de 11 ans à 18 ans, encadrée par le quinquagénaire. En piste, l'homme, fort d'une expérience de 13 ans à haut niveau et si discret habituellement, élève un peu plus la voix pour encourager, diriger les adolescents. "J'ai envie de transmettre ma passion, ma connaissance, le respect du taureau et aussi la technique. Je leur apprends des choses que même à l'Avenir ou aux As, ils ne font pas. Le raset près du taureau, court, de face, arrêté..."

Khaled Bari, en piste avec ses élèves de l'école taurine Aux Portes de la Camargue, dans les arènes de Bellegarde. • S.Ma

Les tourneurs pourtant en première ligne en piste, sont dans l'ombre des raseteurs. "C'est normal, notre carrière est derrière nous", accepte Khaled. Et le même de poursuivre rieur : "Nous sommes la bête noire de la course camarguaise, une plaie pour certains manadiers". "On peut très vite gâcher la course d'un taureau si on le prend à contrepied, si on le place mal, si on se chamaille entre tourneurs", ajoute-t-il plus sérieux. Selon lui, le rôle du tourneur est de favoriser l’alchimie entre le raseteur et le taureau, ce qui nécessite une très bonne connaissance de l'un et de l'autre, ainsi qu'une certaine adaptabilité. Khaled, tourneur de Vincent Félix lequel a terminé sa saison de manière anticipée, suit donc Ismaël Oukharti. À noter qu'un prix du "Meilleur tourneur" sera remis pour la première fois dans les arènes de Beaucaire, à l'occasion de la Palme d'Or 2026.

Stéphanie Marin

Beaucaire

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