AU PALAIS Le mari cache caméras et micros dans la maison pour vérifier la fidélité de son épouse
Un prévenu, âgé de 42 ans, voulait vérifier si son épouse lui était toujours fidèle après 17 ans de mariage. Pour cela, il a placé des micros et caméras partout : dans la cuisine, dans le hall d'entrée, dans le séjour, jusque dans la chambre conjugale.
"C'est quand même curieux comme pratique. Vous vouliez démontrer quoi avec ces caméras dans votre maison ?", interroge la présidente du tribunal correctionnel de Nîmes, Sophie Baudis. "Tout le monde ne trouve pas du sperme ou des poils sur son lit. J'écoutais juste l'ambiance de la maison, pour connaître sa seconde et même troisième vie", répond le prévenu, qui paraît encore à l'audience de cette semaine ne pas trouver sa pratique anormale.
S'il se retrouve devant la juridiction répressive nîmoise, ce n'est pas pour les systèmes espions placés chez lui, mais pour des violences sur son épouse alors que les enfants étaient présents au domicile. Des adolescentes qui seraient obligées de s'enfermer dans leurs chambres lorsque la mère de famille recevait ses "amants", affirme l'époux... Une version peu crédible pour la magistrate, car les enfants du couple ont soutenu leur maman dans la procédure et n'ont pas aidé leur père.
"Un coup de poing qui touche involontairement l'œil de la victime"
Et c'est bien ce dernier qui est poursuivi pour des violences sur sa compagne. La victime n'a d'ailleurs pas déposé plainte, "mais la loi est bien faite en laissant au procureur l'opportunité des poursuites, même si la victime ne dépose pas plainte", souligne le vice-procureur Willy Lubin. "Aujourd'hui monsieur évoque un coup de poing qui touche involontairement l'œil de la victime alors qu'il veut toucher la porte", résume le procureur intrigué par la défense du quadragénaire. Le mis en cause a indiqué durant toute la procédure et à l'audience qu'il avait été trahi par celle qu'il aimait et qu'il n'a jamais été violent avec elle. "Mais comment fait-on pour se disputer avec sa femme, mettre un coup de poing sur le mur et retrouver madame blessée à l'œil ? Car lorsque les gendarmes arrivent juste après les faits, ils aperçoivent la blessure sur la visage", demande à nouveau la présidente Baudis.
La victime, qui n'était pas à l'audience, n'était pas non plus représentée par un avocat. "Mais quels sont les éléments concrets dans le dossier qui prouvent autre chose que les déclarations de celui-ci ? Il affirme qu'il a porté un coup contre le mur et qu'il est parti," plaide maître Jérôme Arnal qui demande l'indulgence du tribunal. L'avocat rappelle que la seule condamnation de son client remonte à 2016 "avec 1 000 euros d'amende avec sursis". Le tribunal a entendu la plaidoirie et a abaissé la peine par rapport aux réquisitions. Cet homme est finalement condamné à 4 mois de prison avec un sursis probatoire de 18 mois.
B.DLC
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