ÉDITORIAL Trafic de drogue : déjà trop tard ?

Contrôle de police sur un point de deal
- Photo DR Police GardL'ancienne procureure de la République de Nîmes, à présent procureure de Paris, Laure Beccuau, alertait cet été sur le niveau de corruption qui touche de nombreux services publics.
Nîmes, Alès, Bagnols, Beaucaire ou encore Arles. Chaque jour, inlassablement, les forces de l'ordre tentent par tous les moyens de maîtriser les flux liés aux trafics de drogue dans les différents quartiers des communes. Des points de deal qui pourrissent la vie des gens. Encore ce début de semaine, à Barriol, les policiers nationaux arlésiens ont mis la main sur un acheteur et un guetteur. Des jeunes adultes cette fois, issus de la région parisienne et de Mayotte. Recrutés par le réseau marseillais. Interpellés puis déférés, pas sûr qu'ils passent beaucoup de temps hors d'état de nuire. Sur eux, quelques centaines d'euros à peine et quelques grammes de drogues. La justice aura bien du mal à les sanctionner férocement. Surtout s'ils ne sont pas récidivistes. Absents du point de vente à la sauvette, ils seront vite remplacés. Les spécialistes du trafic ont une armée mexicaine pour prendre le relais. Le recrutement ne souffre pas de candidats comme dans d'autres activités professionnelles… Il s'agit bien sûr d'un fléau qui touche tous les territoires, y compris internationaux. Selon le dernier rapport de l’Office sur l’état de la menace du narcotrafic en 2025, près d'une quarantaine de tonnes de cocaïne ont été saisies au cours du premier semestre. Une hausse spectaculaire par rapport à 2024, déjà l’année de tous les records. Le mal est profond. Au-delà des interrogations en matière de santé publique, ce sont les conséquences directes et indirectes qui sont en jeu. D'abord, ces trafiquants sèment la terreur. La ville de Nîmes a été contrainte cet été d'imposer un couvre-feu aux mineurs pour endiguer la montée de violence. Pour faire leur trafic sans ombrage, les délinquants proposent aussi désormais à la population de se rendre complice. En échange, ils offrent cadeaux et fournitures scolaires. Enfin, encore plus grave : le niveau de corruption généré par l'appât du gain. L'ancienne procureure de la République de Nîmes, à présent procureure de Paris, Laure Beccuau, alertait cet été sur le niveau de corruption qui touche de nombreux services publics. Pas seulement les surveillants pénitentiaires. La corruption touche spécialement les dockers dans certains ports et des transporteurs routiers permettant l'importation de drogue. Et que dire du blanchiment par l'acquisition de biens immobiliers ou de petits commerces de proximité. Voir avec les cryptomonnaies. Nous ne sommes pas au bout de nos peines…