Publié il y a 1 an - Mise à jour le 19.07.2022 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 4123 fois

JUSTICE Les données cryptées d'EncroChat déchiffrées, le réseau "Wagner 2" tombe

Un vaste trafic de stupéfiants et d’armes a été démantelé par les gendarmes et les policiers entre mars et juin 2021. Des enquêteurs qui sont parvenus à déchiffrer des données cryptées et sécurisées. Un an plus tard les mis en cause sont jugés à partir de ce matin devant le tribunal correctionnel de Nîmes. Neuf prévenus s'expliquent depuis ce mardi matin à l'audience présidée par Jean-Michel Perez.

Si les investigations sur le terrain ont été nécessaires, les policiers de la sûreté départementale de Nîmes et les gendarmes de la section de recherches de Nîmes sont parvenus à épier les conversations des trafiquants pendant plusieurs mois. Avec à la clef des centaines de renseignements au cœur du trafic de la cité Pissevin.

Un système crypté, "EncroChat", une sorte d’application hyper sécurisée d’origine néerlandaise a été « craquée » après enquête du GIRS de Lille, aidé par l’IRCGN et les services spécialisés en téléphonie de la gendarmerie nationale. C'est le détail des conversations que les enquêteurs gardois avaient sur leurs tables de travail avant de procéder aux interpellations dans ce dossier appelé "Wagner 2", du nom de la galerie commerciale Richard-Wagner à Pissevin, plus haut lieu du trafic de stupéfiants dans le Gard.

Connectés à cette technologie de pointe, « les utilisateurs de ce système sont, à plus de 90%, des personnes ancrées dans un mode de délinquance », soulignait à l'époque des interpellations, le colonel Bertrand Michel, ex-patron de la section de recherches de Nîmes. « Après le décryptage du système, plusieurs dizaines de procédures ont été diligentées en France par les parquets compétents », avait-il complété.

"Des policiers et gendarmes ont eu accès aux conversations que les trafiquants pensaient indéchiffrables, aux images, à la comptabilité permettant de chiffrer le montant précis du trafic en particulier dans le quartier nîmois de Pissevin", soulignait au même moment lors d'un point avec la presse, le vice-procureur Antoine Wolff qui pilotait les investigations au niveau du parquet de Nîmes. Aujourd'hui à l'audience correctionnelle de Nîmes, qui juge pendant quatre jours les protagonistes de cette affaire, le vice-procureur Romain Domingues représente le parquet de Nîmes

Au niveau international, dans de multiples enquêtes, près de 120 millions de messages et images, en grande partie liés à la criminalité organisée internationale, ont été interceptés dans plusieurs pays sans que les malfaiteurs ne s’imaginent qu’ils étaient placés sur écoute depuis plusieurs mois. Ils pensaient que le mode de communication était indétectable. Des renseignements partagés ensuite via Europol qui ont permis d’interpeller plus de 1 000 personnes et de déjouer plusieurs assassinats au quatre coins du monde.

Concernant le Gard, la mise sous surveillance téléphonique a permis de comprendre le fonctionnement de certains lieux de deal comme celui de Pissevin. « On avait tout, y compris lorsqu’ils se plaignaient du confinement et des affaires qui étaient moins intéressantes, des journées où ils gagnaient près de 25 000 euros, des problèmes de ravitaillement. Nous étions dans leur comptabilité au centime près ", avait poursuivi en juin 2021 lors de cette même conférence de presse, le commissaire Emmanuel Dumas pour la direction de la police gardoise.

Ses équipes du groupe "économie souterraine" ont effectué pour près de 300 000 euros de saisies conservatoires, et elles ont récupéré lors d’une première vague d’arrestation en mars dernier des armes de guerre, des Kalachnikov (voir photo ci-dessus). Quatre hommes au total utilisaient le système EncroChat, un téléphone vendu 1 000 euros, avec un abonnement de 3 000 euros par an. Trois hommes sont originaires de Nîmes, dont celui qui était considéré comme le "patron" du trafic de la galerie Wagner et son adjoint, le comptable chez qui il a été trouvé près de 40 000 euros en liquide. Des hommes jugés aujourd'hui.

Le dernier suspect qui utilisait EncroChat est un habitant de Saint-Gilles, le grossiste qui alimentait les trafiquants du quartier de Pissevin. Les gendarmes ont arrêté cet homme et ont également interpellé le conducteur, la petite main qui allait chercher la drogue pour la remettre au grossiste de Saint-Gilles. La section de recherches de Nîmes a effectué une belle saisie avec 11 kilos de cocaïne, 350 000 euros en liquide et cinq voitures. Des investigations qui ont abouti au procès débuté ce mardi matin, avec neuf prévenus, mais également un absent en fuite et qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt. L'audience doit durer jusqu'au vendredi 22 juillet.

Boris De la Cruz

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