Publié il y a 1 an - Mise à jour le 12.10.2023 - Propos recueillis par Abdel Samari - 5 min  - vu 2373 fois

L'INTERVIEW Richard Schieven : "Le poste de police à Pissevin : du côté de la municipalité, on est prêt !"

Richard Schieven, adjoint au maire de Nîmes en charge de la Sécurité

- Photo Abdel Samari

Vidéo-verbalisation, insécurité et poste de police à Pissevin, nouveau poste de police en centre-ville, mineurs isolés... Richard Schieven, adjoint au maire de Nîmes en charge de la Sécurité, fait le point pour Objectif Gard.

Richard Schieven, adjoint au maire de Nîmes en charge de la Sécurité, dresse le bilan pour Objectif Gard du premier anniversaire de la vidéo-verbalisation dans la capitale du Gard. L'occasion aussi d'annoncer le poste de police mutualisé à Pissevin avec la police nationale et le déménagement en centre-ville d'un nouveau poste de police. Interview.

Objectif Gard : Un an après l'installation de la vidéo-verbalisation à Nîmes, quel premier bilan ?

Richard Schieven : On dénombre 42 000 contraventions en 2022 dont 8 000 par la vidéo-verbalisation sur la première année. Clairement, cela fonctionne très bien. Cela a eu surtout le mérite pour les agents de terrain de faire autre chose que de verbaliser quotidiennement sur les artères de la ville concernées par la vidéo. Par ailleurs, on a presque éradiqué le stationnement en double file ou en pleine voie, notamment sur les boulevards. Sachant, comme vous le savez, que nous avons une tolérance jusqu'à 11 heures notamment pour les entreprises. Cela permet enfin aux policiers, notamment sur les infractions au code de la route, de travailler sur d'autres thématiques. Les missions étaient beaucoup sur le stationnement. Aujourd'hui, on travaille davantage sur la circulation, le franchissement de ligne blanche ou les arrêts stop. Sans compter que les policiers de terrain mènent des actions sur les places PMR et les passages piéton. Je suis donc satisfait mais ce n'est pas une course. 

Avez-vous le sentiment que cela a permis de changer les comportements à Nîmes ?

Pas encore, soyons honnête. Puisque l'on observe une augmentation des contraventions. 25 % cette année par rapport à l'année dernière. Je préférerais qu'il y en ait moins. Je reste optimiste et favorable à cette nouvelle pratique avec la vidéo. Surtout quand cela nous permet de mener des opérations régulières sur les trottinettes, un véritable fléau où les gens ne respectent pas grand-chose. Je pense au drame et la mort de cette dame d'une quarantaine d'années percutée récemment par une voiture alors qu'elle circulait sur une trottinette...

L'hyperviseur urbain : 1,8 millions d'euros d'investissement

Vous envisagez une extension de la vidéo-verbalisation ?

On y pense. Après un an d'expérience, on réfléchit à une zone supplémentaire. À l'Est ou à l'Ouest de la ville, on verra. C'est le directeur de la police municipale qui nous dira précisément en fonction des résultats de 2023...

Cette rentrée est marquée par la mise en place de l'hyperviseur urbain. De quoi s'agit-il ?

L'hyperviseur est à l'initiative de la ville de Nîmes. C'est 1,8 millions d'euros d'investissement. Il a vocation à centraliser six entités de sécurité jusque-là éclatées dans la ville. On retrouve donc à un même endroit, à l'avenue Bompard, désormais le CIVP (les caméras de vidéosurveillance de l'Agglo et de la Ville), le PCPM (poste avancé de la police municipale), le PC crise, la cellule de régulation du trafic, la cellule de signalement des usagers, et la cellule liée aux inondations. Cela fonctionne depuis juin dernier, nous avons prévu une inauguration par le maire de Nîmes en novembre prochain. Je veux vous dire qu'il s'agit d'une organisation extraordinaire. Et ce n'est pas fini. On va certainement y placer tout l'état major de la police municipale et regrouper tous les effectifs. Ce sera une bonne chose pour les agents qui pourront facilement stationner.

Est-ce qu'il y en a d'autres en France de cette taille et de cette organisation ?

On est clairement précurseur en la matière. Et demain, avec le développement de l'intelligence artificielle, nous aurons un temps d'avance sur de nombreuses villes en France.

Le poste de police à Pissevin : du côté de la municipalité, on est prêt !

Richard Schieven

L'été a été marqué à Nîmes par la situation dramatique de Pissevin. Où en sommes-nous ?

Il y a du travail réalisé. On occupe le terrain. Les compétences des deux polices se complètent même si elles sont différentes. L'investigation, c'est l'État, donc la police nationale. Après, soyons réalistes, le retour à une vie normale dans ce quartier va prendre un certain temps. Il y aura encore des échanges de coups de feu, des dommages collatéraux, des policiers visés. Mais, à mon avis, on doit en passer par là. Le problème, c'est le ressenti de la population. Il y a une impatience légitime, alors que le travail est très important. Des interpellations, il y a en a beaucoup. Des perquisitions, des saisies, c'est tous les jours. Maintenant, c'est à la justice de se prononcer. Il faut des sanctions exemplaires. Et il faut s'attaquer aux consommateurs. 

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est venu à Nîmes. Les promesses sont-elles tenues ?

Oui je le pense. Il est venu, il a donné les instructions au préfet. Et le préfet l'a dit : le poste de police mutualisé de Pissevin doit ouvrir avant la fin de l'année. Et ce sera le cas. Le contrat de sécurité intégrée doit être signé aussi, le ministre a prévu de revenir. Moi, je suis confiant. 

Concernant le futur poste de police de Pissevin, le préfet a donné quelques élements lors d'une rencontre avec toute la presse locale mardi matin. Que pouvez-vous nous dire précisément ?

On a choisi les locaux. On l'a fait visiter à la police nationale qui doit nous faire des propositions en termes d'implantation des agents et de coût. Nous, du côté de la municipalité, on est prêt ! L'emplacement sera stratégique, au coeur de Pissevin.

Le maire a envoyé un courrier au préfet pour les mineurs non accompagnés

Un autre poste de police est en réflexion, plutôt en centre-ville...

Vous êtes bien informé. On réfléchit en effet à délocaliser le poste de police municipale à la rue Rangueil. Il n'est pas suffisamment visible, nous n'avons pas assez d'habitants qui viennent au contact. Alors, la réflexion est ouverte pour un déménagement en coeur de ville. Pourquoi pas sur l'Esplanade ? En termes de visibilité ce serait optimal. Après ce sont des questions techniques qui pourraient bloquer...

L'Esplanade, l'avenue Feuchères où le sentiment d'insécurité est désormais prégnant... Qu'est-ce que vous pouvez faire ?

Le maire a envoyé un courrier au préfet pour l'interpeller sur les mineurs non accompagnés. Qui à mon sens ne sont pas tous mineurs, mais plutôt des jeunes majeurs. On a clairement des remontées de problèmes. Cela se diffuse désormais du côté de la rue Notre-Dame, au square de la Couronne. On a beaucoup de personnes oisives,  alcoolisées, etc. Je sollicite la police municipale qui va au contact des commercants. Elle mène des actions mais cela reste insuffisant. À Nîmes, le problème, c'est que le besoin est multiple aujourd'hui. Et j'ai envie de dire qu'à partir du moment où l'on accueille des gens sur Nîmes, on devrait avoir l'obligation de les occuper. Les laisser dans la nature, ils font ce qu'ils veulent, ce qu'ils peuvent, etc. Faut les aider. Au mois de juillet, on a constaté un viol par un mineur non accompagné. Cela ne peut pas continuer comme cela...

Le maire de Nîmes s'exaspère aussi de voir sa ville à la une des journaux pour des questions d'insécurité...

Franchement, les tirs au lendemain de l'inscription Unesco et la presse locale et nationale qui fait les gros titres sur l'insécurité, le maire ne le supporte plus. Cela décrédibilise Nîmes alors qu'il n'y a pas que cela. D'autant que c'est injuste parce que Jean-Paul Fournier est très à cheval sur la sécurité. 

Propos recueillis par Abdel Samari

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