Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 16.11.2021 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 5520 fois

NÎMES L’homme menaçant devenu handicapé réclame 8 millions d’euros

(Photo d'illustration : Anthony Maurin)

Un coup de pied, un unique coup de pied porté à la tête et c’est le drame qui se joue à la sortie de la gare de Nîmes dans la nuit du 17 septembre 2013.

Menaçant quelques instants auparavant, l’homme se calme juste après avoir reçu le coup. Il ne paraît pas gravement blessé. Une heure plus tard, il perd connaissance pour sombrer dans le coma. Il en conservera des séquelles irréversibles. Son pronostic vital a même été engagé. Pendant plusieurs jours, ses proches, écoutant les médecins, pensaient qu’il allait mourir. Depuis cet homme est très lourdement handicapé et a besoin d'une tierce personne à son chevet 24h/24.

Le jeune homme qui lui a mis un coup à la tête est un agent SNCF, il était poursuivi vendredi dernier devant le tribunal correctionnel de Nîmes, huit ans après les faits, pour ''violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente''.

Lourdement handicapé

« Aujourd’hui, 8 ans après, il ne peut plus se lever seul. Son état de santé s’est dégradé. Il va être à nouveau opéré », vient raconter sa sœur à la barre du tribunal. Cette dernière a abandonné sa vie professionnelle et personnelle pour s’occuper en permanence de son frère. « Il était maçon. Tout allait bien pour lui jusqu’au moment où sa femme est partie. Il a commencé à avoir des problèmes psychiatriques. Il était bipolaire », ajoute-t-elle.

« Le prévenu est une boule de muscles. La meilleure des choses ce soir-là était de ne pas répondre, d’accélérer, de poursuivre son chemin, mais surtout pas de frapper un homme à terre », estime maître Hugo Ferri, le conseil de cette victime. Il réclame 8 millions d’euros de préjudice lié à l’état de son client. « Il était à terre, en position d’infériorité. Là, le prévenu est revenu et a frappé mon client d’un coup de pied à la tête avec une chaussure de sécurité. C’est une arme la chaussure de sécurité, avec des conséquences dramatiques. Il est aujourd'hui handicapé à 90%, il a besoin d'une tierce personne 24h/24 », poursuit le pénaliste nîmois.

Une victime menaçante

Pourtant cette victime était à l'origine l'agresseur et il aurait bien pu, selon le procureur, se retrouver devant le tribunal correctionnel s’il n’avait pas eu un traumatisme si important suite à cette soirée tragique. « Humainement il était impensable de le poursuivre. Mais il aurait pu se retrouver devant une juridiction pour violences avec arme car son attitude ce soir-là était répréhensible. Il était muni d'un couteau », estime le procureur Éric Maurel qui estime que l'état de légitime défense évoquée par la défense de l'agent SNCF tient juridiquement.

Mais que s’est-il passé ce soir-là ?

Il fait nuit noire, vers 4h du matin le 17 septembre 2013, lorsque plusieurs agents qui travaillent sur les voies ferrées terminent leur service. À peine ont-ils franchi les portes de la gare de Nîmes s’ouvrant vers l’Esplanade, qu’ils croisent un homme que plusieurs témoins décriront comme étant dans un état de confusion. « Il n’était pas dans un état normal », affirment ces personnes. Il était alcoolisé. Le suspect menace de mort une première fois les agents SNCF. Il a un couteau à la main. Âgé d’une cinquantaine d’années, il est vêtu de noir. « Plusieurs personnes évoquent un homme agressif », résume Jérôme Reynes, le président du tribunal correctionnel. Le suspect revient ensuite sur ses pas. Il pèse près de 120 kilos et il a toujours une arme blanche à la main.

« Les agents SNCF quittent leur travail après 7h de labeur. Ils se retrouvent de nuit face à cet homme ingérable, qui revient en courant et avec un couteau à la main vers le groupe des salariés de la SNCF. C’est la nuit. Tout cela se passe en quelques secondes. Un agent est poursuivi par cet homme ingérable et tombe à terre. C’est la panique et là mon client arrive et met le coup de pied à celui qui menaçait avec son couteau », poursuit maître Isabelle Mimram qui plaide la légitime défense.

« Mon client est conscient d'avoir mis ce coup de pied, mais il a le soir des faits 22 ans. Il voit la lame briller, c’est sauve qui peut. Il a peur comme toutes les autres personnes présentes. Il a mis le coup de pied pour se défendre et se sortir de cette situation car il pensait que c’était la seule chose qui pouvait arrêter cet homme armé de son couteau », affirme la pénaliste qui insiste pour que la légitime défense soit reconnue et que son client l'agent SNCF soit ainsi relaxé. Le tribunal a mis sa décision en délibéré et rendra sa décision dans les prochains jours.

Boris De la Cruz

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