SAINT-CHRISTOL-LEZ-ALÈS Le maire dénonce "l'antenne de la honte"
Il y a de la friture sur la ligne entre Orange et la mairie de Saint-Christol-lez-Alès qui, par la voix de son maire, Jean-Charles Bénézet, dénonce la récente installation d'une antenne 5G par l'opérateur alors qu'une autre similaire venait d'être érigée par Bouygues.
Ces derniers jours, le maire de Saint-Christol-lez-Alès a l'impression de voir double. Hélas, cette impression n'en est pas une et relève de la réalité. Depuis hier, mardi, l'opérateur Orange a érigé en bord de route une antenne 5G haute de 25 mètres après avoir tiré l'alimentation électrique, la fibre optique et coulé une dalle. Problème : quelques jours plus tôt, un autre opérateur, Bouygues en l'occurence, en a fait de même à une petite centaine de mètres de là, derrière les anciens locaux de Kit Tout. À coup sûr, l'une d'elles est de trop.
"Depuis quelques années, l'État pousse à fond pour que les opérateurs puissent s'installer afin de couvrir les zones blanches", indique le directeur de cabinet du maire, désireux de délivrer quelques éléments de contexte. L'édile de la deuxième commune de l'Agglo se souvient : "Ça fait plusieurs années que j'avais des demandes dans ce coin-là." Ce coin-là, c'est la zone sud de Saint-Christol-lez-Alès, en direction de Ribaute-les-Tavernes.
"Il y a quelques mois", alors qu'il a reçu en mairie deux opérateurs, Jean-Charles Bénézet opte pour le projet de Bouygues et refuse (le 16 février 2022) tout bonnement la déclaration préalable de la société Orange. L'argument numéro 1 du maire repose sur la meilleure "intégration paysagère" du projet de Bouygues, qui s'est efforcé de bâtir une antenne 5G "plus en retrait, cachée, un tube simple de couleur blanche", lequel serait "bien mieux" que "l'installation grise" d'Orange.
Le pylône de l'héritier de France Télécom qui surplombe l'entreprise Recolor est en effet "plus visible" depuis la très passante avenue Jean-Moulin. Mais, sans l'autorisation du maire, pourquoi la société Orange a-t-elle pu réaliser ces travaux ? Après avoir porté l'affaire devant le tribunal administratif de Nîmes, en référé, l'opérateur a obtenu le droit d'aller au bout de sa démarche après que la juridiction nîmoise a enjoint l'édile saint-christolen de délivrer une décision provisoire de non-opposition aux travaux.
Depuis le début de ce contentieux ubuesque, la mairie n'aurait pas eu le moindre contact avec Orange. "La dernière fois qu'on a eu la représentante d'Orange au téléphone, elle a raccroché au nez de notre directeur de l'urbanisme en lui disant qu'elle avait d'autres dossiers à gérer que celui de Saint-Christol", fait savoir le directeur de cabinet du maire, lequel en a averti sa population.
Une pétition municipale a même été lancée à la suite d'une réunion de quartier, signée par "un peu plus de 250 habitants" à ce jour. Depuis, Jean-Charles Bénézet dit avoir essayé la médiation, en invitant Bouygues a convié Orange dans les néogications pour trouver un compromis. En vain. Pourtant, l'antenne de Bouygues est en capacité d'accueillir les trois autres opérateurs (Orange, Free et SFR), ce qui ne serait "pas le cas" de celle d'Orange.
En attendant la nouvelle décision du tribunal administratif qui peut survenir dans de nombreux mois, la situation s'enlise et les Saint-Christolens devront bientôt composer avec deux antennes 5G de 25 mètres de haut chacune. Face à ce cas "inédit" pour lui, Jean-Charles Bénézet s'inquiète : "Il ne faudrait pas que notre cas fasse jurisprudence et que ça pénalise d'autres communes. Ça veut dire qu'on est à l'abri de rien. Tout est possible. Autant demain un troisième opérateur voudra s'installer dans la même zone et on ne pourra rien dire. C'est ridicule !"
La version d'Orange
Véronique Fontaine, en charge des relations entre Orange et les communes, livre une version bien différente de celle du maire : "On discute avec le conseil municipal de Saint-Christol depuis 2018. On a eu cinq ou six réunions, donc je n'appelle pas ça un passage en force. En 2018, nous avions un projet d'installation d'une antenne au niveau du stade. Sur recommandation écrite du maire, nous nous sommes mis à rechercher du domaine privé. Nous avons trouvé ce terrain. Après l'avoir trouvé, en 2020, on a officiellement informé la mairie comme la loi nous y oblige. On a déposé une permission de travaux sur laquelle figuraient les plans relatifs à l'installation de l'antenne. Le maire a refusé cette première permission de travaux, mais non pas en nous informant qu'une autre antenne allait être installée ailleurs, il nous dit simplement que l'antenne est trop haute. Ok ! On a donc refait une demande avec une proposition d'antenne plus basse. Nouveau refus sans véritable explication. Sachant que son refus n'était plus motivé, on a demandé au tribunal de trancher. Le tribunal nous a donné raison et les travaux ne sont pas suspensifs en attendant un éventuel recours. Je comprends que les riverains ne soient pas contents. Si dès le départ on nous avait dit qu'il fallait discuter avec Bouygues, on l'aurait fait. On n'a aucun problème à travailler à plusieurs. Aujourd'hui on se retrouve à avoir signé un bail de douze ans avec un propriétaire privé et il est hors de question qu'on perde ce bail. On est prêt. L'antenne sera en fonction d'ici quelques semaines. Entre le bail et les travaux qu'on a déjà menés, les pertes se chiffreraient à 200 000 euros. Si le tribunal venait à se positionner d'une manière différente de ce qu'il vient de faire, on en porterait la responsabilité et on démonterait nos équipements. Mais ça n'arrive quasiment jamais ! Si on s'amusait à faire ça à la hussarde, ça nous coûterait beaucoup trop cher !"
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