Publié il y a 3 h - Mise à jour le 01.05.2025 - Stéphanie Marin - 4 min  - vu 91 fois

ARLES Inquiétudes et colère des riverains de la rue Mireille

La friche de la rue Mireille au coeur d'un projet immobilier.

- S.Ma

Une réunion d’information et d’échanges autour des modalités de dépollution de la friche de l’ancienne usine à gaz située rue Mireille, a eu lieu lundi à l'espace Ambroise-Croizat à Arles.

Dans ce dossier, qui suscite inquiétudes et colère, le fond et la forme sont remis en cause par des riverains de la rue Mireille à Arles. La forme d’abord, qu’il faut ramener à la manière de faire, jugée indélicate, propice aux suspicions, la faute « à un manque de communication ». Un permis de construire affiché, certains diront caché côté rue de la Roubine du Roy, des engins qui débarquent sur le site… Les travaux de dépollution des sols auraient-ils démarré ? Une interrogation ponctuée de peurs, qui a motivé vendredi dernier une manifestation aux portes de la friche de l'ancienne usine à gaz.

Il s’agissait en réalité d’une intervention à la demande de la mairie arlésienne, pour « sécuriser un mur qui menaçait de tomber sur le chemin piéton. Il n’y a rien eu d’autre, il n’y a pas eu d’excavation de terre, pas eu de démarrage du chantier de dépollution, juste un aménagement pour que les engins puissent accéder au mur », a rappelé Abdelkrim Bouchelaghem, fondateur et directeur général de Brownfields, à l’occasion d’une réunion publique organisée par la Ville lundi dernier, à l’espace Ambroise-Croizat, à Arles. Réunion qui s'est déroulée dans un climat relativement tendu, en l’absence remarquée du maire, Patrick de Carolis.

"Les travaux les plus importants ont déjà été réalisés"

En 2019, Speed Rehab - société issue d’un partenariat entre Brownfields et Vinci - a acquis auprès d’Engie, propriétaire d’anciennes usines à gaz, 50 friches dont celle d’Arles d’une surface de 7 257 m2. Ce site en activité de 1846 à 1935 a ensuite abrité un centre de stockage et de distribution de gaz naturel, ainsi que des bureaux de EDF-GDF à partir des années 70 jusqu’à sa fermeture 30 ans plus tard. Il est désormais question d’un projet immobilier, avec la création de 129 logements, de six locaux d’activités, de places de stationnements, lequel avait fait l’objet d’une concertation publique en avril 2023. « Et c’est la seule ! », s’agacent les riverains.

Sur le site de la friche de la rue Mireille à Arles. • S.Ma

D’après les informations communiquées par Speed Rehab, des opérations de dépollution avaient déjà été engagées en 2002 et 2014 par Engie. « Les travaux les plus importants ont déjà été réalisés : 288 tonnes de goudrons et près de 3 700 m³ de terres polluées ainsi que des eaux polluées ont été retirées du site, les deux cuves ont été purgées et nettoyées », a indiqué Dominic Belanger, directeur environnement chez Brownfields. En ce qui concerne le prochain chantier qui fait l’objet d’un arrêté préfectoral(*) et dont le calendrier n’a pas été annoncé, Speed Rehab « prévoit l’excavation et l’évacuation d’environ 950 m³ sur six sources de pollution identifiées sur site », a-t-il précisé. Un volume sous-évalué selon les riverains.

Nuisances olfactives, de maux de tête, de malaises, de vomissements

Ils ont également réclamé tous les documents - études et rapports historiques - permettant de justifier de la fiabilité des travaux de dépollution. Car leur plus grande crainte, c’est de voir le scénario de La Rochelle se reproduire à Arles. En fin d’année dernière, lors du chantier de dépollution de l’ex-usine à gaz - une autre des 50 friches acquises par Speed Rehab - rue Marcel-Paul à La Rochelle, plusieurs centaines de personnes, dont des enfants, se plaignaient de nuisances olfactives, de maux de tête, de malaises, de vomissements.

« Le souci relève de la découverte d’une structure maçonnée de grande profondeur, composée de plusieurs compartiments qui n’avait pas été vidangée et contenait des goudrons purs », a rapporté Dominic Belanger. Et de poursuivre : « Ici à Arles, la cuve a été vidangée il y a plus de 20 ans. » Le directeur environnement chez Brownfields a cherché à rassurer son auditoire en insistant sur les études menées en 2021 par un bureau d’études indépendant, BG Ingénieurs-Conseils. « Aujourd’hui, on a un niveau de confiance qui est élevé, très élevé dans la définition de ce que sont les sources de pollution et les travaux restants à faire. » Et le même de détailler les techniques, les mesures et précautions qui seront mises en œuvre lors du chantier.

"Un risque élevé de passer à côté de nouvelles terres polluées"

Monique, membre de l’association des Riverains rue Mireille, a lu une lettre adressée au maire et à son adjointe en charge de l’Urbanisme, Sophie Aspord : « Nous tenons à vous rappeler vos responsabilités en matière de protection collective et individuelle en termes de pollution et de santé publique. » Le collectif a déposé un recours auprès du tribunal administratif de Marseille contre le permis de construire. « Nous ne sommes pas contre la construction de logements, mais pas à tout prix, sans tenir compte de l’environnement et des contraintes spéciales qui risquent d’impacter la santé publique », a-t-elle rajouté. Alex, tenant compte des phénomènes de sécheresse, d’humidité, d’inondation etc, susceptibles de provoquer des mouvements de terrain et donc de pollution, a réclamé, toujours au nom de l’association, « une réactualisation des sondages des sols ». Et le même de s’inquiéter du contrôle de la qualité des eaux souterraines, de la qualité de l’air, mais aussi des fréquences de surveillance du futur chantier par les services de l’État. « Le risque de passer à côté de nouvelles terres polluées pendant le chantier, me paraît élevé. L'exemple le plus parlant est celui de La Rochelle », a-t-il persévéré.

Lors de la réunion d'informations et d'échanges lundi à Arles.  • S.Ma

Une autre inquiétude porte sur la disparition de la végétation actuelle « pour faire une dalle de béton ». La conclusion du diagnostic phytosanitaire qui ferait état d’un « intérêt environnemental écologique limité » sur ce site, a d’ailleurs été très largement contestée. Sa mise à jour a été acceptée par les représentants de Brownfields et Vinci. De même qu’ils se sont engagés à rendre publics les études et rapports historiques. « Nous sommes tout à fait prêts à les transmettre, mais on ne peut pas le faire n’importe comment », s’est défendu Abdelkrim Bouchelaghem, émettant l’hypothèse d’une diffusion sur un site dédié ou via celui de la préfecture des Bouches-du-Rhône.

*L’arrêté prévoit une garantie financière équivalente au montant des travaux de dépollution, soit 330 000 €.

Stéphanie Marin

Arles

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