ARLES La culture camarguaise sur les bancs de l'école : prendre le taureau par les cornes

Les élèves de CP de l'école de Gimeaux ont réalisé de beaux rasets.
C'était un execice test. Mais dès la rentrée prochaine, cet atelier pédagogique autour de la culture camarguaise sera inscrit au cahier ressources, un catalogue d'une centaine d'activités à destination des élèves arlésiens.
Dans les arènes comme dans les écoles, la transmission est au centre des réflexions. Dès la rentrée prochaine, la ville d’Arles inscrira un module pédagogique consacré à la culture camarguaise dans son cahier ressources. L'objectif : "sensibiliser les enfants aux traditions taurines, au costume, à l’art de vivre local. Ce territoire vit et vibre pour cela", indique Mandy Graillon, adjointe au maire d'Arles, en charge de la Sécurité, la propreté, des festivités, des traditions et de la culture provençale.
Un atelier test a eu lieu mardi, à l'école de Gimeaux. La classe des CP de Thomas Dijol, très enthousiaste et intéressée par tout ce qui se rapporte à la Camargue - le fil rouge de cette année scolaire pour ces écoliers - a pu en savoir plus sur le raseteur, l’étymologie du mot « arènes », parler du costume d'Arles ou encore comprendre ce qui détermine la couleur du taureau. Tout cela en présence de divers intervenants parmi lesquels Amélie Laugier, Reine d'Arles et Salomé Espelly, l'une de ses demoiselles d'honneur, mais aussi de Geoffrey Sabatier et son équipe du pôle transmission de la Fédération française de la course camarguaise (*). "Ce n'est pas du folklore, c'est une culture, c'est l'histoire d'un territoire que nous transmettons", souligne l'animateur.
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Loin d’une transmission figée ou élitiste, les initiateurs du projet défendent une culture ouverte à tous, du centre d'Arles, aux quartiers jusque dans les villages. "J'en suis l'exemple, intervient Rachid Ouramdane dit "Morenito d'Arles", référent culture et traditions à la Ville d'Arles et coordinateur de ces ateliers pédagogiques. J'ai grandi à Barriol. Dans la cour d'école, un copain dont le papa était banderillero, m’a proposé de jouer au taureau. Il m’a montré ce que c’était, ça m'a plu et j’ai fait un pas pour aller à l’école taurine d'Arles."
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L'Arlésien a toujours eu à coeur de transmettre sa passion. Joachim Cadenas se souvient de ses actions menées à Mas-Thibert, lorsqu'il était tout petit. "J'avais déjà la vocation, mais ces moments-là avec Rachid ont été très importants dans ma vie, ils m'ont permis de grandir et rêver encore plus." Le raseteur a "tout naturellement" accepté de participer à ce premier atelier : "si on peut partager le trésor que l’on vit au quotidien avec les taureaux, la Camargue, il faut le faire. Le taureau est très noble. La magie n’est pas électronique, on n’est pas emporté par la consommation, c’est un animal exceptionnel, il permet de vivre une vie pleine de vérités."
L'ambition n'est pas de faire de ces enfants des raseteurs - ou des toreros puisque la tauromachie espagnole est un des thèmes abordès lors de ces ateliers - mais "de leur donner des clés pour leur avenir, pas forcément en piste mais pour tout ce que cette culture englobe", explique Geoffrey Sabatier. Et Mandy Graillon de compléter : "Les enfants sont en recherche de repères, ça passe aussi par la connaissance de leur territoire et des gens qui y vivent. Et puis, on se rend compte qu’on a besoin de retrouver une aficion jeune dans les arènes. Le flambeau existe, mais il faut continuer à l’alimenter parce que nous sommes attaqués de toutes parts par des gens très organisés, jusqu'à certaines multinationales, Disney par exemple." Et ainsi donc prendre le taureau par les cornes.
Le professeur des écoles, Thomas Dijol, lui-même amateur de course camarguaise, espère qu'après la théorie viendra la pratique, "une visite dans une manade, l'apprentissage des gestes du raseteur dans des arènes gonflables", cite-t-il en exemple. Une suite logique pour Rachid Ouramdane.
*Le pôle transmission de la Fédération française de la course camarguaise organise 180 animations par an.