À Arles, la Maison du Carmel entre dans une nouvelle phase de son histoire. Lancée il y a six ans par le diocèse d’Aix et Arles, cette initiative vise à faire renaître l’ancien Carmel en un lieu d’accueil et de fraternité, "de paix bénéfique au bien commun, un lieu qui met du baume sur les plaies sociales, sur les difficultés relationnelles, sur les violences", complète Mgr Christian Delarbre, archevêque d'Aix-en-Provence et Arles. Marqué pendant plus d’un siècle par la présence des sœurs carmélites – religieuses cloîtrées –, ce site s’est progressivement transformé en un espace vivant et habité. Groupes paroissiaux, familles, personnes âgées, en situation de précarité… tous s’y retrouvent, la jeunesse aussi, très largement représentée : des adolescents de l’aumônerie, des enfants lors du patronage le mercredi et "jusqu’à une centaine pendant les vacances", des étudiants "dont trois vivent déjà ici dans un embryon de foyer", précise Don Louis-Gabriel Eschbach, curé de la paroisse et responsable du comité Carmel. Le projet est vaste, mais guidé par une idée forte : faire de ce lieu une maison commune, un espace de rencontres et de liens humains.

Si des premiers travaux ont permis d’amorcer une transformation, le site reste inadapté aux besoins actuels. « Le potentiel est immense, mais largement sous-exploité », souligne Don Louis-Gabriel Eschbach. Pour y remédier, un chantier de grande ampleur a été lancé le 5 juin. Il se poursuivra jusqu’en juillet 2026. « C’est un dossier ambitieux pour la paroisse », assure Lucile Jacob, architecte chargée du projet, aux côtés de Jacques Deloire (ID d’Archi). Les engins sont déjà à l’œuvre pour aménager une nouvelle entrée côté place Jules-Favre, puisque l'ambition est d'ouvrir la Maison du Carmel sur la ville, à ses habitants et à leurs voisins.

Située à proximité des quartiers de Mouleyrès et du campus universitaire, la parcelle de 14 500 m² abrite un enchevêtrement de constructions hétérogènes – dont la chapelle pouvant accueillir jusqu'à 100 fidèles – « édifiées au fil des décennies, sans réelle vision d’ensemble », commente Lucile Jacob. La rénovation débutera par le bâtiment d’accueil, avec un objectif central : simplifier les circulations dans ce labyrinthe de six demi-niveaux. « Nous allons créer une rotule de liaison, avec un escalier et un ascenseur centraux, pour rendre l’ensemble accessible », détaille-t-elle. Deux extensions sont également prévues. La première : un petit bâtiment en R+1 pour rendre l’entrée immédiatement identifiable et mieux organiser les flux. La seconde : un nouveau réfectoire, installé dans la partie la plus récente du site, doté d’un toit végétalisé. Ces aménagements seront réalisés dans le respect du style existant. « L’objectif est de réharmoniser les bâtiments, de retrouver une unité sans ajouter un énième geste architectural », insiste l’architecte. Quinze entreprises locales seront mobilisées sur ce chantier dont le coût est estimé à 4,6 M€.

Un appel aux dons en ligne

Le financement repose sur un triptyque : le soutien du diocèse, la restructuration de l’immobilier paroissial et la participation de généreux donateurs. « Nous avons encore besoin de soutien, car nous n’avons pas bouclé le plan de financement de cette tranche. Il nous faut encore trouver 300 000 € », indique Don Louis-Gabriel Eschbach. L'appel aux dons se poursuit, en ligne par exemple sur le site maisonducarmel.fr. Prochaine étape, après juillet 2026 : la création d'un foyer pour les étudiants et jeunes professionnels. Un projet de béguinage pour les personnes âgées est également dans les tuyaux depuis plusieurs années.