FAIT DU JOUR À l’approche de Noël, la plateforme Colissimo de Cavaillon tourne à plein régime
C’est un bâtiment grand comme trois terrains de football, à côté de la Durance à Cavaillon (Vaucluse), par lequel transitent plus de 300 000 colis chaque jour en ce moment, dont ceux du Gard : pour la plateforme Colissimo, chaque fin d’année correspond à la « Peak period », comprendre le pic d’activité. Plongée dans ces coulisses.
Si les salariés de la plateforme ne sont pas vraiment des Père Noël, ils s’apparentent plutôt à ses lutins, veillant à ce que les cadeaux commandés soient bien sous le sapin le jour de Noël. Leader sur le marché du colis avec 45 % de parts de marché, Colissimo, filiale de la Poste, prévoit de livrer « 106 millions de colis sur novembre et décembre, contre 100 millions l’année dernière. Novembre a été très élevé, le Black Friday a été plus fort que ce qu’on pensait, maintenant nous sommes sur la période de Noël », explique le directeur national de Colissimo, Jean-Yves Gras, de passage à Cavaillon ce vendredi.
303 000 colis en une journée
« Notre travail est d’orienter les colis déposés sur notre zone, et réceptionner tous ceux qui y sont destinés », résume le directeur de la plateforme, Luc Taravant. Alors la plateforme de Cavaillon, dont le périmètre couvre le Vaucluse, le Gard, une partie de l’Hérault, les Alpes-de-Haute-Provence et les deux départements corses, tourne à plein régime en ce moment. « D’ordinaire, nous sommes à 180 000 colis par jour, en ce moment nous sommes plus près des 300 000, et mardi dernier nous avons fait 303 000 colis », développe Luc Taravant. Environ 10 % des ces colis, soit 30 000, partent chaque jour vers le Gard en ce moment, contre 20 000 le reste de l’année, via dix liaisons quotidiennes vers Nîmes et Alès. Forcément, même si le processus est largement automatisé, il faut des bras. Beaucoup de bras : de 180 salariés le reste de l’année, la plateforme passe à 220, avec le renfort d’intérimaires, de novembre à fin décembre.
Une machine bien huilée, qui tourne six jours sur sept 22 heures sur 24, avec 37 portes de quais pour les remorques des camions. Les colis arrivent par les quais, et un premier tri est effectué pour sortir les paquets hors gabarit ou fragiles, qui sont traités à part. Dans ce deuxième cas, « le déchargement est manuel, avec des agents qui déchargent eux-mêmes », précise Cédric Ducret, le responsable de production.
La journée est consacrée à la réception, « l’envoi est plus pour le soir, de 19 heures à 3 heures du matin, pour qu’à 4 heures, tout soit sur la route », précise Luc Taravant. Le coeur de la plateforme est le trieur automatisé, un long rail muni de 622 plateaux, qui basculent automatiquement dans le bac correspondant à la zone de l’adresse indiquée. Alors « il est hors de question qu’elle s’arrête ou qu’elle tombe en panne, c’est pour ça qu’il y a une grosse maintenance préventive », explique Luc Taravant. Il faut dire qu’une heure de panne équivaut à 15 000 colis non triés.
« C’est un peu un Tetris »
Sur cette machine de tri, des opérateurs placent les colis étiquette vers le haut pour que le lecteur optique déchiffre le code-barres et donne l’ordre au plateau de basculer au bon moment, dans le bon bac. Au passage, chaque colis est pesé et mesuré automatiquement. Puis, les colis sont chargés dans les remorques des camions, selon le processus, nouveau, de « vrac rangé », pose Jean-Yves Gras. « C’est un peu un Tetris, on va jusqu’au toit, et nous sommes passés de 1 500 colis par camion à 3 000, voire 4 000 et jusqu’à 8 000, ce qui veut dire que nous avons besoin de deux fois moins de camions pour transporter la même chose, développe le directeur national de Colissimo. L’effet est extrêmement important, avec 800 000 kilomètres parcourus de moins par rapport à l’année dernière, avec 6 % de colis en plus. »
Le maillage des 19 plateformes Colissimo dans toute la France, cette optimisation du transport et l’utilisation de véhicules électriques pour la fin de la livraison permet à Colissimo de revendiquer des émissions carbone de 357 grammes de CO2 par colis, le chiffre le plus bas du marché, réduit de 40 % entre 2013 et 2022. « Notre ambition est de respecter les accords de Paris, notre objectif CO2 est extrêmement ambitieux », commente Jean-Yves Gras, qui rappelle que Colissimo n’utilise pas d’avion pour ses activités. « Nous travaillons sur des projets d’approvisionnement fluvial dans les grandes villes, nous essayons de trouver des alternatives, c’est une révolution logistique », poursuit-il.
Autre nouveauté : désormais, la livraison en 24 heures concerne plus de 30 % des volumes distribués par Colissimo, grâce à « une organisation spécifique en interne pour accélérer ces flux », explique Luc Taravant. Une donnée à prendre en compte lors de la préparation de la « Peak Period » : « On la prépare depuis le mois de mai avec nos clients, comme Amazon, qui nous fournissent des prévisions, avec nos collègues des plateformes de livraison et avec nos équipes », détaille le directeur du site de Cavaillon. Une mécanique qui peut être remise en cause au dernier moment par l’aléa climatique : « Ce que nous redoutons le plus, c’est la neige trois jours avant Noël qui bloque toutes les autoroutes », glisse Luc Taravant, qui touche du bois, puisque pour l’heure, « cette année tout se passe bien. » Et pour les retardataires, si vous voulez que votre cadeau soit au pied du sapin pour Noël, pensez à le déposer en bureau de Poste au plus tard mercredi.
Queques chiffres
49 millions : le nombre de colis traités en 2022 à la plateforme de Cavaillon. 180 000 : le nombre de colis réceptionnés et expédiés chaque jour par la plateforme en temps normal. 303 000 : le nombre de colis passés par la plateforme mardi dernier, record de l’année pour l’instant. Il pourrait être battu ce mardi 19 décembre, selon les prévisions. Pourquoi le mardi ? « Ce sont les commandes du week-end, nos clients les préparent le lundi, et nous les avons le mardi », avance Jean-Yves Gras. 30 000 : le nombre de colis qui partent pour le Gard chaque jour en ce moment, soit 10 % du trafic de la plateforme. 1/4 : c’est le volume annuel représenté par les deux derniers mois de l’année en termes de livraison de colis pour Colissimo.
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