Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 07.02.2024 - Thierry Allard - 3 min  - vu 615 fois

GARD « On ne s’arrête pas ! » : le projet de Parc naturel régional des Garrigues toujours en vie

Mardi soir, lors de la réunion du PETR Uzège Pont du Gard sur le projet de Parc naturel régional des Garrigues, à Méjannes-le-Clap

- Photo : Thierry Allard

« Qu’est-ce qu’on fait ? » : la question, posée par le président du Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) Uzège Pont du Gard Philippe Marchesi aux maires présents mardi soir à Méjannes-le-Clap, était simple, mais sa réponse beaucoup moins. Car le projet de Parc naturel régional (PNR) des Garrigues, c’est de lui dont il s’agit, est pour l’heure complètement bloqué.

Pour mémoire, ce projet, initié il y a une quinzaine d’années par les Amis du PNR des Garrigues, puis le Syndicat mixte des Gorges du Gardon avant le PETR, recouvre les 50 communes du PETR, auxquelles s’ajoutent une vingtaine de communes autour qui souhaitent s’inscrire dans la démarche. Mais il y a un problème, et un gros : la commune centre du PNR, Uzès, ne veut pas en entendre parler. Alors, même si « 73 % des communes concernées par le PNR ont déjà voté favorablement », rappelle Philippe Marchesi, le projet est bloqué, la Région ayant indiqué qu’elle ne pourrait pas poursuivre la création du Parc tant qu’Uzès n’en ferait pas partie. « La Région ne re-délibèrera pas », affirme le président des Amis du PNR des Garrigues Bruno Julien, qui en a rencontré récemment les instances.

D’où la question : « qu’est-ce qu’on fait ? » Une chose est sûre, le PETR « se dit que ce serait dommage de tout laisser tomber », avance son président, qui compte bien continuer le travail, par exemple en faisant de la charte du PNR l’ébauche du projet de territoire que doit réaliser le Pôle d’équilibre territorial et rural, le PNR pouvant s’emparer de dossiers comme l’irrigation en eau brute ou l’agroforesterie, par exemple. Autre piste, demander une cotisation de 50 centimes par habitant à chaque commune hors PETR mais incluse dans le projet. Une piste mène aussi vers l’intervention d’un médiateur (« ça a marché au Ventoux », affirme Philippe Marchesi), et nombreux sont ceux qui veulent lancer l’association de préfiguration rapidement.

« C’est un déni de démocratie »

Bref, « on garde la marmite sur le feu », résume le vice-président du PETR chargé du dossier Thierry Astier. La parole a ensuite été donnée aux élus présents, tous favorables au projet. Le maire de Moussac Frédéric Salle-Lagarde invitera à « dépolitiser » le projet, et à éventuellement « changer sa ville centre » au profit de, pourquoi pas, Lussan. Il sera rejoint sur ce point par le maire d’Aiguèze Charles Bascle, mais pas par celui de Belvezet Michel Lafont, plutôt partisan de « convaincre la ville centre. »

Pour y parvenir, son homologue de la Capelle-et-Masmolène Xavier Gayte invitera à « tordre le cou à trois contrevérités sur le PNR : ce n’est pas un projet politique, ça ne va pas coûter plus cher, les communes étant dans un PNR touchant plus de dotations de l’État, et il n’y aura pas plus de règlementations. » Et l’élu d’inviter le PNR a « travailler sur du concret, comme l’eau ou la filière bois » pour « convaincre les habitants. » Reste à voir « si ce qu’on fait va changer la position de Carole Delga si Uzès ne change pas la sienne », pose le maire du Pin, Patrick Palisse.

« C’est la vraie question », abonde Philippe Marchesi, « mais avec le fait d'être ici, de nous organiser, ils ne pourront pas dire que ce n’est pas leur problème ». Le problème est à Uzès donc, et dans quelques communes de la Communauté de communes du Pays d’Uzès, une intercommualité où certains aimeraient voir un vote provoqué pour faire sortir du bois certaines communes n’ayant pas encore délibéré. « Le blocage ne vient pas de certaines communes, mais d’Uzès, recentre le maire de Lussan Jean-Marc François. Il nous faut trouver un système pour qu’Uzès change d’avis, ça me paraît difficile. » On tourne en rond. Et le maire d’Uzès Jean-Luc Chapon est sur toutes les lèvres : « ou il porte un dossier, ou il le détruit », tonne le maire d’Aigaliers Daniel Boyer.

Une omniprésence d’Uzès dans les débats qui agace plus au sud, du côté de la Communauté de communes du Pont du Gard, « où 100 % des communes ont voté pour le projet, rappelle la maire de Valliguières Laurence Trapier. Or on ne tient pas compte de notre vote, on n’existe pas à la CCPG. » Un point de vue largement partagé dans la salle : « c’est un déni de démocratie », tempête Marie-Lise Gloanec, élue à Aigaliers et représentante de l’Association des maires ruraux du Gard. L’idée de « mettre la pression » à la Région, défendue par le maire de Garrigues-Sainte-Eulalie Didier Kielpinski, reviendra, et un courrier co-signé par tous les maires favorables au projet devrait voir le jour. « La plus belle démonstration est de montrer que dans l’adversité on ne baisse pas les bras », affirme la vice-présidente du Conseil départemental Bérengère Noguier, et ce pour aboutir à « ce bel outil de soutien au développement local pour les communes rurales », souligne la maire de Saint-Marcel-de-Careiret et conseillère départementale Carole Bergeri.

Alors le message est simple : « on ne s’arrête pas ! » Philippe Marchesi le répètera comme un mantra, avec l’espoir d’être entendu jusqu’à Toulouse et, sait-on jamais, à Uzès.

Thierry Allard

Bagnols-Uzès

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