L’INTERVIEW Jean-Philippe André, président d’Haribo France : « Uzès a beaucoup d’atouts »
Le président du directoire d’Haribo France, Jean-Philippe André, était de passage ce week-end à l’usine du confiseur allemand, à Uzès, à l’occasion d’une grande « journée familles » organisée pour les 650 salariés des sites français de l’entreprise.
L’occasion de lui poser quelques questions sur l’actualité et les perspectives d’Haribo, et plus particulièrement du site d’Uzès, qui compte environ 250 salariés, « un chiffre stable », précise-t-il.
Objectif Gard : Comment se porte le marché du bonbon, et Haribo ?
Jean-Philippe André : J’ai presque des états d’âme à le dire, mais on se porte très bien. Quand il y a des tensions, d’ordre économique, le bonbon est presque une valeur refuge. On se fait un petit plaisir pour un faible investissement. C’est un petit réconfort pas cher. Et donc au sein de ce marché du bonbon qui se porte bien, Haribo se porte très bien. Ça veut dire qu’on travaille très bien, et que nous répondons aux attentes des consommateurs. On est assez humbles dans notre travail, mais on assume l’immodestie de dire qu’on fait les meilleurs bonbons du monde. Aujourd’hui nous avons 45 % de parts de marché et 370 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et surtout, on a réussi à placer cette marque dans la vie des gens : du président de la République aux personnes les plus modestes, tout le monde a une relation avec Haribo.
Ne souffrez-vous pas de la hausse du coût des matières premières ?
On a passé 18 derniers mois très compliqués, avec la hausse du prix du sucre, de quelques types de cacao, et ça continue à augmenter, comme le plastique, le carton et l’énergie. Sur l’énergie, on a réussi à amortir le surcoût en 2022, mais nous en sommes à un rapport de 1 à 3,5. Il nous faut donc répercuter une partie de la hausse sur nos clients, donc nous avons dû augmenter nos tarifs, pas entre mars 2022 et mars 2023, ce qui nous a permis de continuer à avoir de la compétitivité par rapport à nos concurrents.
Vous avez parlé du plastique. Comment vous adaptez-vous aux nouvelles normes environnementales ?
Nous avons distribué en avant-première sur le Tour de France des sachets 100 % papier qui seront en vente en fin d’année sur trois articles, et sur trois autres en 2024. Il le faut pour rester en phase avec les attentes du consommateur, qui va aussi avoir besoin que la marque réponde à ses propres valeurs. Dans dix ans, plus personne ne pourra imaginer des sachets en plastique. Nous avons aussi des colorants 100 % naturels. Il faut nous inscrire dans ce mouvement, comme celui des usines complètement décarbonnées. Ça coûte très cher, et il va nous falloir analyser le cycle de la valeur, en continuant évidemment à être de plus en plus productifs, car nous ne pourrons pas transférer sur le consommateur final l’ensemble du coût. Et comme nous sommes leader, il nous faut avoir un pas d’avance sur nos concurrents.
Quelles sont les perspectives pour l’usine d’Uzès et son musée ?
Uzès a beaucoup d’atouts. C’est une chance d’être ici, le Pays d’Uzès a une dimension touristique incroyable, et démontre qu’on peut réussir avec la municipalité, avec tout le monde, à faire cohabiter l’économie, l’industrie et la dimension touristique. Uzès est l’usine qui, d’année en année, a le plus amélioré sa performance. Huit milliards de bonbons sortent de l’usine d’Uzès chaque année. Nous sommes plutôt enclins à dire qu’on va continuer à investir ici, c’est une usine très importante dans notre outil industriel. Quant au musée, c’est notre seul dans le monde entier. On a un plan d’investissements sur cinq ans, il marche super bien. Uzès coche beaucoup de cases positives.
Zoom sur le musée du bonbon
Ouvert en 1996, le musée du bonbon a accueilli 200 000 visiteurs en 2022, et 2023 part sur les mêmes bases. Côté investissements, un espace sur la fabrication a ouvert en 2022, notamment avec une salle immersive. La salle des machines a été refaite en 2023, et « nous allons ouvrir un atelier pédagogique autour de la fabrication de nos ours en octobre », avance la directrice du musée Marina Maurin.
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