« Estelle, 49 ans, tuée à Connaux en octobre dernier ; Letitia, 37 ans, tuée à Cornillon le 10 septembre 2025… Une autre femme de 55 ans, tuée à Pont-Saint-Esprit le 6 juin 2025… Hélène, Anna, Nicoletta, Laurie, Djamila… Depuis 2020, on compte 10 féminicides constatés dans le Gard, soit sept de plus qu’entre 2017 et 2020. » Cette glaçante énumération a été faite, ce vendredi, par l’élue chargée de l’égalité femmes-hommes au Département, Isabelle Fardoux-Jouve. Une manière de rappeler que derrière les chiffres, se cachent une vie détruite.
La présentation du rapport sur l’égalité au sein de la collectivité — obligation légale — que l’édile a souhaité aller un peu plus loin, en insistant sur un phénomène malheureux de notre société : « Après dix ans à étudier ces questions pour le Département, très franchement, la situation m’inquiète. » En France, la courbe des féminicides directs* ne parvient pas vraiment à s’infléchir : « 136 victimes en 2023, 141 en 2024 et déjà 128 en 2025, alors même que l’année n’est pas achevée. »
Les violences sexuelles restent tout aussi préoccupantes : « Un viol ou une tentative de viol est commis toutes les 2 min 30. Dans 91 % des cas, les femmes connaissent leurs agresseurs. » Et d’ajouter : « Dans la majorité des cas, ce ne sont pas de violents psychopathes exclus de notre société qui se cachent dans des allées sombres. Ce sont nos partenaires, nos amis, nos frères… » Malgré une libération progressive de la parole et un meilleur accueil des plaintes, les chiffres stagnent. Le phénomène ne s’enraye pas. L’édile insiste alors : « Ce n’est pas la répression qui fera baisser les violences, mais la prévention. »
Selon elle, le véritable « remède » réside dans un bouleversement profond des « consciences » : « Il nous faut procéder à un changement de société profond : l’égalité parfaite entre les femmes et les hommes (…) Le besoin de domination, d’humiliation des hommes sur les femmes est une construction sociale. » Dans son rapport sur la situation du Conseil départemental, les services du Département mèneront une enquête sur le temps partiel, auquel ont particulièrement recours les femmes, ainsi qu’une évaluation des fonctionnaires atteintes par des pathologies gynécologiques comme l’endométriose.
Volonté politique
Créée il y a dix ans, la délégation sur l’égalité hommes-femmes du Département ne répond, elle, pas à une obligation légale, mais à une volonté politique, sous la présidence de Denis Bouad et poursuivie par la présidente Françoise Laurent-Perrigot. Lors de la séance, Isabelle Fardoux-Jouve a également présenté les actions passées de la collectivité, comme la remise du premier prix du concours pour l’égalité entre les femmes et les hommes au festival féministe de l’association Les Amis du Prolé. Un festival dans lequel étaient représentées des femmes « dans tous leurs états », loin des clichés véhiculés par la publicité…
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