Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 23.09.2022 - corentin-migoule - 4 min  - vu 1722 fois

EXPRESSO Quand le Département change en douce les serrures de la Halle aux sports de Brignon...

Les associations sportives espèrent reprendre leurs activités respectives au plus vite. (Photo DR)

Depuis la dissolution du Syndicat de la Gardonnenque, la gestion extra-scolaire de la Halle aux sports de Brignon est revenue au Conseil départemental, lequel l'a depuis confiée à un club d'escalade. Les membres de ce dernier, ainsi que certains du volley-ball AOG, ont manifesté devant le gymnase ce mercredi soir. Ils revendiquent l'accès à la structure après que le Département a procédé au changement des serrures durant l'été. Explications.

À sa grande stupeur, alors qu'il pensait avoir les bonnes clés, Emmanuel Roda n'est pas parvenu à ouvrir la porte d'entrée de la Halle aux sports de la Gardonnenque lorsque, mi-août, il a souhaité faire un point sur le matériel à sa disposition en vue de la rentrée sportive. Le président du club d'escalade Roc'n Pof Grimp, lequel utilise le gymnase du collège de Brignon depuis plusieurs années, a alors passé "quelques coups de fil", avant d'être informé que le Conseil départemental avait procédé durant l'été, à son "insu", à un changement des serrures.

S'il admet s'être démené en alertant les différents acteurs politiques locaux pour "trouver une solution", Emmanuel Roda, en dépit de "nombreuses relances", dit s'être heurté à un "silence radio". Ainsi, alors qu'il projetait d'organiser la reprise de sa saison sportive mi-septembre, le club d'escalade, lequel comptait 160 licenciés l'an dernier, en a été privé. Le club de volley-ball AOG, deuxième association à occuper le gymnase depuis plusieurs années, est logé à la même enseigne. La grogne est alors montée du côté des présidents d'associations et d'une partie de leurs adhérents, qui ont manifesté devant la Halle aux sports de la Gardonnenque ce mercredi soir.

La crainte de voir filer les licenciés

Une soixantaine de personnes y a pris part, un chiffre "un peu décevant" reconnait Alexandre Rey, ex-adjoint à la mairie de Brignon et membre actif du club de volley local. "Le Conseil départemental semble avoir l'intention de récupérer de l'argent via la mairie de Brignon à laquelle serait confiée la gestion du bâtiment. 20 000 euros seraient réclamés à l'année par le Département", voulait croire en amont le volleyeur. Une sorte de contribution financière aux frais de consommable engendrés par l'utilisation de la Halle aux sports. Or les associations se défendent en assurant "ne pas utiliser le chauffage de la salle" et martèlent que leurs "seuls besoins électriques se limitent à l'éclairage".

Quant à la somme prétendument réclamée, elle serait "absolument impossible à assumer pour les finances d'une commune comme Brignon (moins de 800 habitants, NDLR)", assène l'ancien élu brignonnais. "Il n'y a eu, à ma connaissance, aucun incident l'an dernier qui permettrait de remettre en question le travail des deux clubs", poursuit-il, particulièrement étonné du traitement réservé aux deux associations. "Le Conseil départemental s’assoit sur 20 ans de vie associative au sein de la Halle de la Gardonnenque. Vie associative qui a permis de fédérer et de proposer à un territoire enclavé entre deux grandes agglomérations des activités sportives de qualité et de créer du lien social", a quant à lui insisté Emmanuel Roda, s'adressant directement à l'assistance.

Car à en croire les derniers nommés, l'enjeu d'une réouverture rapide du gymnase est de taille pour les deux entités. "Le club d'escalade dispose d'un salarié à l'année, titulaire d'un brevet d'État qui se retrouve sans salaire et qui pourrait partir enseigner ailleurs", expose Alexandre Rey. Il y a aussi la crainte commune de voir partir de nombreux licenciés vers les clubs environnants. "Pour l'instant on ne peut pas chiffrer les pertes", admet le volleyeur. Et d'ajouter : "On fait ce qu'on peut pour rassurer nos adhérents en leur disant qu'on va trouver une solution. Les adultes sont assez compréhensifs, mais les enfants aiment bien démarrer leur activité dès la rentrée scolaire."

Plusieurs options étudiées

Contacté ce jeudi matin, Olivier Gaillard, conseiller départemental du canton de Quissac sur lequel est établie la Halle aux sports, s'est voulu rassurant : "Avec la présidente (Françoise Laurent-Perrigot, NDLR), on a mis en place une solution transitoire, une convention temporaire (qui devrait rétablir l'accès des associations au gymnase, NDLR) jusqu'aux vacances de la Toussaint en attendant de trouver une solution pérenne pour la gestion de ce gymnase. D'habitude il y a toujours une Agglo, une Communauté de communes ou un syndicat qui est là pour gérer les activités extra-scolaires des gymnases. Là ça dure depuis quelques années et il faut qu'on sorte de cette impasse."

Olivier Gaillard dit vrai. Jusqu'à il y a quelques années, le Syndicat de la Gardonnenque, alors présidé par Michel Martin, gérait à la fois la Halle des sports de Brignon et de celle de Saint-Génies-de-Malgoirès. Mais celui-ci a été dissout le 31 décembre 2017 après un audit révélant de sombres malversations financières (relire ici). Après quoi, via une convention, le Conseil départemental a confié la gestion extra-scolaire du gymnase au club d'escalade qui dispose du plus grand nombre de licenciés et utilise la structure "presque tous les jours".

Visiblement conscient qu'une commune de la taille de Brignon "ne peut pas endosser à elle seule la gestion de ce gymnase", le conseiller départemental dit plancher sur différentes options. "On pourrait confier la gestion du gymnase à un regroupement d'associations, un EPCI, ou une collectivité. Il y a plusieurs orientations possibles. Il suffit qu'on puisse le border juridiquement", confie Olivier Gaillard. Ce dernier se serait d'ailleurs engagé auprès des principaux intéressés à ce que "ça arrive très rapidement pour ne pas prendre en otage les associations". Satisfaits de ce qui pourrait bien être une sortie de "crise", les responsables d'associations veilleront au grain, car "les élus ont parfois une notion du temps différente de la nôtre..."

Corentin Migoule

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