Publié il y a 19 h - Mise à jour le 27.05.2025 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 1460 fois

FAIT DU JOUR Attaques de loups en hausse : les éleveurs gardois en alerte

La venue des loups surveillée de très près dans le Gard. Photo d'illustration.

Ces six dernières années dans le Gard, le nombre d’attaques est en hausse. À l’approche des grandes transhumances, l’État réaffirme sa double mission : protéger les loups ainsi que les éleveurs des éventuelles attaques.

Espèce protégée, le loup a été réintroduit en Europe et sa présence est désormais stable sur l’ensemble du territoire. « Le but est de lui assurer un droit à la vie et de préserver une espèce jouant un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire », souligne Jean-François Ricou, chargé de mission loup et forêt à la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer). Et d’ajouter sur le rôle des loups : « Ce sont des prédateurs naturels qui régulent les populations de sangliers et de cervidés, ce qui contribue au renouvellement des forêts. » 

Une mission à double enjeu

À l’approche des transhumances – ces déplacements saisonniers de troupeaux –, la DDTM a tenu à faire un point sur son rôle. Chargée d’appliquer les directives du préfet, et notamment celles de la sous-préfète du Vigan, Anne Levasseur, elle « protège la population des loups tout en accompagnant les éleveurs », précise Sébastien Ferra, directeur de la DDTM 30. Deux objectifs pas toujours faciles à concilier… 

En France, on estime entre 553 et 1 334 le nombre de loups issus de la lignée transalpine. Une fourchette large : « Le loup est un animal peureux et opportuniste. Il est très difficile de l’approcher », rappelle la sous-préfète. Alors ces données  chiffrées sont issues d’observations visuelles, d’empreintes, de hurlements provoqués, de poils ou d’excréments. Des indices transmises à l’Office français de la biodiversité qui les vérifie. Dans le Gard, le loup est localisé à l’ouest, dans le secteur du Larzac. Deux meutes ont également été identifiées sur le Mont Aigoual et le Mont Lozère. 

Des attaques en hausse

En 2019, l’arrivée d’un loup solitaire venu d’Italie dans la plaine des Costières a marqué les esprits. « L’animal était particulièrement agressif. Il est resté un an et demi et a tué 300 bêtes. Il a finalement été abattu en mai 2019, sur ordre du préfet », se souvient Jean-François Ricou. Depuis six ans, les chiffres confirment une hausse des attaques : 129 victimes recensées en 2024, et déjà 61 en 2025. En termes d’indemnisations, cela représente 15 000 € en 2019, contre 30 000€ en 2024.

Ce lundi matin en conférence de presse
Ce lundi matin en conférence de presse  • Coralie Mollaret

Pour l’heure, les attaques sont concentrées dans le sud du département. Mais la migration saisonnière des troupeaux dans le nord du département laisse craindre de nouvelles prédations. Lorsque l’attaque d’un loup est avérée, la DDTM indemnise les pertes animales, mais aussi parfois les conséquences indirectes : stress du troupeau, chute de lactation, avortements. « Nous essayons d’indemniser au plus vite, en une dizaine de jours. Plus l’attaque est signalée tôt, plus vite l’éleveur est pris en charge », assure l’administration.

Comment protéger les éleveurs ?

Pour faire face à cette situation, l’État et l’Union européenne soutiennent les éleveurs via plusieurs dispositifs : aides à l’acquisition de chiens de protection (notamment les Patous), financement de clôtures électrifiées, ou encore aides à l’embauche des bergers en CDD. Ces dispositifs sont en hausse de 59 % par rapport à 2023, indique la DDTM. Leur mise en place conditionne l’obtention d’autorisations de « tirs de défense », délivrées par dérogation préfectorale. Ces tirs s’inscrivent dans un quota national de 200 prélèvements annuels.

« Aujourd’hui, 27 autorisations sont en vigueur. Pour en bénéficier, il faut avoir mis en place des mesures de protection et prouver un risque avéré d’attaque », rappelle Sébastien Ferra. Et Jean-François Ricou de conclure : « Pendant cinquante ans, les éleveurs n’ont plus eu affaire à des prédateurs. Le retour du loup représente une contrainte supplémentaire dans leur quotidien. »

Coralie Mollaret

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