Enfant de Saint-Jean-du-Gard, Marc Roger a réussi à côtoyer les sommets et se faire un nom dans le cercle très fermé du milieu des agents de football, allant jusqu’à côtoyer les plus grandes stars du ballon rond comme Zinédine Zidane, Thierry Henry ou encore le Roi Pelé. Il s’épanouit désormais dans le milieu associatif, loin ou presque de son ancienne profession.
Beaucoup rêvent de faire partie de cette poignée d’élus. De ceux qui peuvent toucher de près l’univers du football et ses nombreux aspects qui fascinent autant qu’ils peuvent effrayer. Marc Roger était l’un d’eux. Tout commence en tant que joueur. Jeune, il s’engage dans l’équipe de son village, puis rejoint l’Olympique d’Alès en Cévennes et continue au club Clavières Alès, une équipe de copains avec laquelle il triomphe face à la MJC Avignon de Laurent Paganelli ou au Nîmes Olympique de Christian Perez.
Marc Roger n’a pas fait carrière dans le football, même si la chance a toqué à sa porte par le passé. Employé d’une entreprise familiale, il garde tout de même cette passion qu’est le football. Dans sa chambre, trônent des posters de Michel Mézy, Jean-Pierre Adams et d’autres joueurs de Nîmes Olympique, club auquel était abonné son père par le passé.
C’est alors qu’il se tourne vers la gestion de patrimoine, avec certains joueurs qu’il sollicite. Très vite, il se retrouve dans le milieu et devient agent de footballeur grâce au bouche-à-oreille. Ce qui peut finir par devenir compliqué : « J'ai eu beaucoup trop de joueurs sous contrat à l'époque. Mais un footballeur est un être humain, donc c'est difficile parfois de dire non quand on vous le demande. J’aurais dû dire stop, j’ai peut-être été trop gentil de ce côté-là. J’avais plus d’une centaine de joueurs, mais il faut aussi gérer les familles, à la sortie ça fait trois fois plus de personnes », témoigne-t-il.
De 1989 à 2003, Marc Roger officie comme agent. Parmi ses plus grands coups, on peut noter la signature de Zinédine Zidane au Real Madrid au début des années 2000. « Je n'étais pas son agent, mais je suis intervenu pour réaliser son transfert parce que j'avais de bonnes relations avec Florentino Pérez, président du club », dévoile-t-il. C’est au sein des Madrilènes, qu’il travaille sur plusieurs dossiers : la signature de Claude Makélélé, la gestion du dossier Roberto Carlos ou encore le départ de Nicolas Anelka, « revenu à Paris un peu sur la volonté de Jacques Chirac, pour calmer les quartiers », assure-t-il.
Un métier pas vraiment facilité par les contraintes de l'époque. « Parfois, je m’arrêtais aux stations-services sur l’autoroute, dans la cabine téléphonique, en costume sous 40 degrés. Si mon interlocuteur n’était pas là, je continuais à une autre cabine téléphonique trente kilomètres après. Aujourd’hui, certaines technologies ont transformé le métier, c’est ce que je dis à certains jeunes agents aujourd’hui », constate-t-il. Même constat pour les vidéos des joueurs : il il fallait transporter son magnétoscope pour regarder ! Toute une époque.
Depuis, le milieu s'est densifié : « Aujourd’hui, il y a deux fois plus d'agents que de joueurs. Parfois, pour l'argent, c'est leur famille qui gère. Certains se proclament agent sans l'être, sans compétence particulière, et ils font faire beaucoup d'erreurs aux joueurs. Il n’y a qu’une chose qui les intéresse : l’appât du gain », déplore-t-il.
Aujourd’hui, Marc Roger a conscience d’avoir consacré sa vie, et sa santé, à certaines personnes qui n’en valaient pas la peine. « On y laisse sa santé. Pendant des années, je fumais deux ou trois paquets de cigarettes par jour. On ne voit pas son épouse. La semaine, on a les joueurs. Le week-end, il y a des matchs, c’est un métier de dingue ! », constate-t-il. La multiplication des compétitions et des matchs et la baisse des droits télé l’ont entre autres épuisé.
Amitié avec Pelé
La plus belle histoire qu’il retient de ses décennies dans le milieu reste son amitié avec Pelé. Alors président du Servette FC à Genève, Marc Roger rencontre le triple Ballon d’or, un souvenir qui restera gravé à vie. « C’est celui qui m’a le plus marqué par sa gentillesse et son humilité, il n’a jamais changé. Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi facile d’accès. J’ai passé des journées extraordinaires à jouer au football avec lui ». Le Brésilien s’amusait avec les enfants de Marc Roger, et ne refusait jamais une demande d’autographe ou une photo. « Si on m’avait dit que je rencontrerai quelqu’un comme lui un jour, je ne l’aurais jamais cru. On a même dû décaler l’horaire d’un match parce qu’il voulait signer des autographes à tous les enfants qui lui demandaient », raconte-t-il.
L’épineux dossier Nîmes Olympique
Pendant plus de dix ans, Marc Roger était abonné aux Crocos avec son père. « C’est triste de voir comment le club disparaît petit à petit ». Il y a une dizaine d’années, il affirme avoir tenté de reprendre le club avec certains joueurs, ce qui ne s’est finalement pas fait. « Il y avait deux dossiers, on a été battu », lâche-t-il. Son projet était déjà établi, grâce aux excellentes relations avec de nombreux entraîneurs et présidents de clubs. « On aurait pu être une filiale de grands clubs comme Arsenal, pour se faire prêter des joueurs par Arsène Wenger (un grand ami, NDLR), avec l’idée de revenir en première division. Aujourd’hui, ça va être très difficile. Pour le football, il faut des gens passionnés. Si vous n’en avez pas, il faut des moyens colossaux, ça ne peut pas fonctionner autrement ».
Marc Roger a eu l’occasion de rencontrer Rani Assaf par le passé, lui proposant même son aide en tant que directeur sportif. « Reda Hammache est arrivé au moment où j’ai posé ma candidature, mais il a été pris. Il avait Luis Campos (actuel directeur sportif du PSG) en tant que soutien. »
Désormais loin du milieu du football, après avoir été victime d’escroquerie par un gestionnaire de patrimoine, Marc Roger a perdu une somme d’argent astronomique et a même passé plusieurs mois en prison, une épreuve « longue, difficile, qui m’a coûté un divorce ». Aujourd’hui, il s’épanouit dans l’associatif, en tant que directeur adjoint d’Emmaüs à Alès. Il garde cependant de bonnes relations avec Arsène Wenger, Claude Makélélé ou encore Laurent Blanc et donne quelques renseignements à des jeunes ou des agents. Des histoires, il y en aurait des tonnes à raconter, avec l’ancien président du Milan AC Silvio Berlusconi, les échanges avec l’ancien agent Mino Raiola, la signature rocambolesque de Sylvain Wiltord à Arsenal… Tant de souvenirs qui resteront gravés au fond de lui.