Beaucaire l'esprit libre entre en scène. Cette nouvelle liste, encore en cours de constitution, entend redonner à la ville "une dynamique ouverte, de tolérance et de respect de son histoire", selon ses membres. Portée par plusieurs figures locales plutôt de droite, elle se positionne clairement comme une alternative au Rassemblement national, aux commandes de la mairie depuis 2014. Quelques lignes de sa feuille de route ont été dévoilées hier, lors d'une réunion publique organisée aux 2G à Beaucaire.
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"Il ne faut plus que notre ville soit une vitrine, vide à l’intérieur", alerte Cristelle Hugounenq, commerçante, en écho à la ligne directrice de la liste qui prône "la construction d'un bien vivre collectif", complète Elsa Bianciotto, étudiante. Le collectif rassemble aussi Laurent Bernavon, Hugues Fermaud, Audrey Corrias, Ghislaine Daumas, Didier Albisser, Kamel Sadji, Juliette André, Luc Andreu, Philippe Marminat, Jean-Michel Barin, Jo Pagano, Aziz Koubaa ainsi que deux figures bien connues de la sphère politique beaucairoise. D'abord Christophe André, fils de Jean-Marie André – maire de Beaucaire de 1983 à 2003 et député du Gard de 1993 à 1997 – élu municipal au sein de la majorité de 2001 à 2008 puis dans l’opposition jusqu’en 2020. Puis Lionel Depetri. Leaders naturels, les deux hommes se disent "prêts à transmettre le flambeau", interrogés sur l'identité de la future tête de liste. Et l'enjeu est de taille, pas seulement communal mais intercommunal. "Il y a des incertitudes à l'échelle du territoire, c'est pourquoi il faut grappiller un maximum de voix pour empêcher le RN de prendre la communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence", explique Lionel Depetri, élu municipal d'opposition En avant pour Beaucaire (8,61 % en 2020).
"Comparons ce qui est comparable"
Revenons-en à la ville du Drac. Les membres de Beaucaire l’esprit libre ne cachent pas leur inquiétude face à "une image de repli sur soi" qui, selon eux, "détériore l’attractivité économique de la ville". Christophe André tacle les investissements annoncés par la mairie RN, "repoussés d’année en année, ce qui grossit artificiellement les budgets". "Des données fournies par l'État, poursuit-il, montrent que les investissements réellement réalisés sont entre 25 et 60 % inférieurs aux municipalités André-Cellier – en tenant compte de l’inflation – et sensiblement égaux à ce qu’investissait Bourbousson (maire entre 2008 et 2014, NDLR). […] Et quand on nous sort des excédents extraordinaires, comparons ce qui est comparable. Regardons les chiffres de Saint-Gilles qui sont à 5 M€ quand on est à 1,7 M€."
Le combat sera rude, nul ne l'ignore dans cette salle des 2G. Pour autant, il faut savoir anticiper. Consciente du contexte budgétaire tendu à venir, la liste – qui se veut ouverte à la gauche et aux déçus de l'extrême-droite – mise d'ores et déjà sur "l’imagination" et la "rigueur" pour faire face à la baisse des dotations de l’État. Parmi les pistes évoquées : la réduction des frais de cabinet du maire, des mutualisations avec l’intercommunalité, la création de nouvelles recettes locales, par exemple un stationnement payant pour les non-Beaucairois. "Mais tout ça, ça se discutera dans le cadre des réunions de groupe puis dans le cadre d’un débat élargi", indique Christophe André. De même que les projets à mener, même s'il préconise déjà des efforts à fournir dans les domaines de l'Éducation et de la Santé.
Vers une union, si second tour il y a ?
Certains adhérents d’Unis pour Beaucaire, dont Luc Perrin désigné tête de liste au mois de septembre, étaient présents lors de cette réunion. "Nous venons ici par curiosité, par sympathie. Nous avons été pour certains sur la même liste en 2020."
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Christophe André en était. Alors pourquoi pas cette fois-ci ? "Unis pour Beaucaire, c’était très bien sur le papier et une très belle aventure humaine, une utopie intéressante. Mais dans la pratique, c’est une caricature, on passait deux mois pour écrire un paragraphe", souffle-t-il. Pour Beaucaire l’esprit libre, Christophe André s’appuie sur un document de 16 pages qui dresse un bilan critique des dix années de municipalité FN/RN, distribué depuis plusieurs semaines dans les boîtes aux lettres des Beaucairois. Un site internet a également été créé.
"Et puis, ajoute-t-il, en 2020, il y avait une liste extrême gauche-LFI menée par Charles Menard et une liste UPB qui regroupait les tendances gauche, droite. Il y a eu depuis des rapprochements et certaines prises de position notamment sur la réforme des retraites. Avec Beaucaire l'esprit libre, nous ne voulons pas de prises de position publiques sur des visions de politique nationale." Luc Perrin regrette qu'il n'y ait pas eu d'entente : "Nous n’avons pas voulu ou pas pu repartir ensemble, je le regrette un peu, mais ce n'est peut-être pas plus mal, chacun pourra développer ses spécificités, peut-être que ce sera plus efficace comme ça, espérons-le." Françoise Sellem, la présidente de l'association UPB, défend une liste citoyenne, apolitique, avant tout mobilisée pour "virer le RN."
Reste la question du second tour, s'il y en a un, rappelons que Julien Sanchez l’avait emporté dès le premier en 2020 avant de passer le relais à Nelson Chaudon en 2024. Beaucairoise depuis 20 ans, une participante a exprimé le vœu dans ce cas "d'une union, pour que l’objectif soit de battre le RN et de se débarrasser de cette équipe qui ne propose qu’une vitrine effectivement." Christophe André a alors sorti la carte du "en même temps" : "On a tiré les leçons de 2014, on ne fera pas les mêmes erreurs, on est tous d’accord. Et en même temps, il faut voir si en face (Unis pour Beaucaire, NDLR), certains acceptent de gérer la ville non pas en fonction d’un parti mais en fonction de la réalité des Beaucairois." D'autres réunions seront organisées dans les semaines à venir.
