GARD Explications autour d'un épisode de Confessions d'histoire (4/7)
Ugo Bimar est discret mais sa production sur YouTube connaît la frénésie des amoureux d'histoire. Sa chaîne est exceptionnelle. Voici comment se déroulent les épisodes de Confessions d'histoire. Interview.
Objectif Gard : Les temps sont durs, mais vous avez commencé quand ils l’étaient plus encore. Comment produisez-vous vos épisodes ?
Ugo Bimar : Je fais mes recherches, j’écris, je réalise mais sur le tournage il y a une chef opérateur et des techniciens. Seuls sont défrayés ceux qui ont des dépenses comme la maquilleuse par exemple. Les comédiens sont bénévoles mais ça passe car ce projet est non lucratif, il passe par une association qui, au début, n’avait aucune ressource que celles de mon Livret A et mes économies pour démarrer la première vidéo. Ensuite, fin 2015 on a lancé un crowdfunding avec lequel on a levé 15 000 euros mais au final entre le pourcentage que prend la société puis les lettres envoyées pour remercier les donateurs il ne restait que 10 000 euros, soit l'équivalent de deux ou trois épisodes ! Je fais tout moi-même en-dehors de la journée de tournage pour éviter les frais de post-production, je me débrouille avec mes petites mains car c’est mon métier. Ma compagne, Isabelle Sahakian, me soutient énormément et s'occupe de toute la partie production exécutive avant et pendant les tournages. On a tout utilisé à bon escient pour les épisodes suivants, mais pour tourner les quatre épisodes d’Alexandre il n’y avait presque plus rien dans les caisses. Rebelote, j’ai remis de l’argent de ma poche et je vais bientôt lancer une campagne de crowdfunding une fois que les gens auront bien compris que je suis toujours là, et que non, je ne suis pas mort !
Vous pouvez éliminer certaines contraintes financières en faisant certaines choses…
Oui, bien sûr mais bon… La chaîne n’est pas monétisée et je tiens à dire que si YouTube colle des pubs, je veux que les gens sachent que ce n’est pas de ma faute, ce n’est pas ma volonté, j’en suis au point où j’ai envie de monétiser la chaîne pour pouvoir couper les pubs ! Ou alors de m’auto-dénoncer pour me faire démonétiser… Ce n’est pas mon truc tout ça. Ça reste un truc que je fais en plus à côté de mon métier, une carte de visite pour de potentielles commandes. Assez rapidement, en 2017, j’ai eu des propositions d’institutionnels comme la Caisse d’Épargne par exemple. Des projets de commande clés en main. Je produis et j’écris, il y a ma patte mais le Covid a balayé tous les projets intéressants, j’attends que ça revienne…
Comment se passent les choix des costumes et le casting ?
La situation s’est éclaircie mais entretemps j’ai fabriqué des costumes que je ne trouvais pas. J’ai aussi commandé le casque d’Alexandre à un collectionneur américain qui m’avait dit que c’était un accessoire du Film d’Oliver Stone sur lequel j’ai bossé ! (film sur lequel Ugo a travaillé pour les effets spéciaux, NDLR) Il y avait des casques à 500 ou 600 euros, celui-là était pété mais à 150 dollars. Je l’ai commandé, il a passé trois mois dans un entrepôt à Chicago et quand il est arrivé il était encore plus pété que prévu… Alors j’ai dû le refaire en grande partie pour l’embellir et faire une belle patine. J’adore ça, je suis dessinateur et je fais de la modélisation 3D alors c’est logique. Tout cela a enclenché pas mal de changements...
Et le tournage ?
On a tourné deux jours en juin et deux autres jours en septembre. J’aurais pu enchaîner et faire sortir le premier dès la fin de l’année 2021 mais j’avais dépensé beaucoup d’argent… Il a fallu faire bouillir la marmite et je suis retourné au taf avec d’autres projets, notamment avec la boite de production (Et Bim, NDLR) de celui qui joue Alexandre, Ambroise Carminati pour des tutos beautés à la manière de ce que j’avais fait pour Agnès Sorel. J’ai bossé jusqu’en novembre-décembre, en janvier et février pour de la pub. J’ai commencé à monter en mars, j’ai deux disques durs de 3 To remplis de rushs… J’ai fait des trucages avec les fonds verts, les décors, je suis parti un peu en vacances ici et à Cadaquès que j’adore ! Là-bas, honnêtement, j’avais pris l’ordinateur mais j’ai pas foutu grand-chose… Juste une carte je crois. En septembre, je me suis mis à fond sur toutes les petites illustrations, le plus long. Puis sont venus le son, le mixage et donc la sortie du premier épisode à la mi-décembre.
Vous écrivez pour des acteurs que vous choisissez, logique, mais écrivez-vous spécifiquement pour eux ?
Parfois, pas toujours mais le plus possible. Aliénor c’était carrément écrit pour Armelle Deutsch, c’est évident. Pareil pour Richard Cœur de Lion et Vincent Deniard. J’ai écrit en pensant à eux.
Vous ne produisez pas comme les autres, vous êtes dans un autre jeu. Est-ce dû à ça ?
Je n’en sais rien mais je sais que je n’avais pas du tout la culture YouTube quand j’ai débarqué en 2015. J’étais moins dirigé par des formats existants. Je n’ai pas fait la continuité de ce qui existait aux USA. Je suis parti sur un concept à moi car je n’avais pas les codes YouTube. J’avais participé à la création de petits formats courts, comme tout le monde. Je sais que c’est fou mais je n’ai pas pensé à Kaamelott non plus alors qu’on me le dit souvent… C’est juste qu’avec Astier on a les mêmes références, comme Audiard par exemple, et puis peut-être parce que son papa Lionel est aussi Alésien et Cévenol !
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