ÉDITORIAL Squat de Valdegour : l'humanité en jeu
Durant de nombreux jours, des jeunes, mineurs ou tout juste majeurs, squattaient en attendant mieux. En attendant qu'un miracle se produise. Celle de l'attention humaine.
À Nîmes, la semaine dernière, on a touché la misère du doigt. Une misère enfermée dans une vieille bâtisse où jadis se trouvait un hamman. Là, durant de nombreux jours, des jeunes, mineurs ou tout juste majeurs, squattaient en attendant mieux. En attendant qu'un miracle se produise. Celle de l'attention humaine. Mais comment espérer un signe dans le contexte politique actuel, où l'étranger est pointé du doigt ? Quantité négligeable d'un pays qui ne sait plus où il couche lui non plus. Alors, cette petite centaine de nouveaux habitants qui pensaient débarquer dans la France des Lumières a vite déchanté. Sans électricité ni chauffage dans un froid hivernal, un seul point d’eau en extérieur. Et un coin pour réchauffer des plats ou du café. Peut-être que ces Africains, recherchant meilleure fortune, ont regardé tout simplement des images à la TV l'an dernier. Et vu cette générosité française, cette solidarité exceptionnelle et bienvenue envers les Ukrainiens. Mais pour eux qui ne viennent pas d'Europe, il est évident de constater que l'accueil n'est pas tout à fait le même. Même si la Croix-Rouge et les associations locales, à travers de leurs maigres subsides, ont apporté un peu de réconfort. Il a fallu une mise en lumière par les médias locaux pour faire évoluer la situation. Bien sûr, la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde comme le disait un célèbre ancien Premier ministre. Mais elle doit prendre toute sa part... En attendant de trouver les ressors politiques mondiaux pour convaincre ces femmes et ces hommes, en l'occurence cette fois à Nîmes, il s'agit surtout d'hommes, de rester sur le continent. Pas de naïveté donc. Mais impossible non plus de fermer les yeux. Ou de prendre son temps quand des humains sont concernés. Sauf à tomber dans l'inhumanité. Désormais sous un vrai toit, les procédures peuvent s'enclencher. S'ils sont mineurs, ils doivent être pris en charge par le conseil départemental dans le cadre de la protection à l'enfance. S'ils sont majeurs, la préfecture devra appliquer les règles en vigueur. Et en cas de refus du droit d'asile, ces hommes devront rentrer chez eux. Au Cameroun, en Guinée, en Côte d'Ivoire ou encore au Mali. Avant peut-être de rejoindre une contrée plus accueillante...
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