FAIT DU SOIR Un « Printemps » passionné pour l’aficion nîmoise

Andy Martin, Baptiste Angosto, Rémy Asensio, Léo Pallatier et Mathis Meseguer saluent à la fin de la becerrada du Printemps de l'Aficion 2025 dans les arènes de Nîmes (Photo Anthony Maurin)
Le Printemps de l’Aficion s’achevait dans les arènes de Nîmes par une becerrada de Jalabert pour Andy Martin (deux oreilles) Baptiste Angosto (deux oreilles), Léo Pallatier (vuelta), Mathis Meseguer (oreille) et Rémy Asensio (deux oreilles) et un excellent lot de Jalabert.
Avant d’arriver aux arènes, durant plus de deux semaines, les aficionados étaient invités à (re)découvrir les différents aspects de la tauromachie et des cultures locales à travers différentes animations et le parrainage d’un matador de toros nîmois qui fête ses 25 ans d’alternative, Marc Serrano.
Abrivado, journée au campo, soirée festive, Feri’Art et becerrada. La manifestation était organisée par Casas & Co dans le cadre de la délégation des arènes de Nîmes, ouvrant ainsi la saison taurine de l’amphithéâtre.
Le bétail choisi, celui de Jalabert, est cohérent avec l’animation. Noble, ayant de la mobilité et du jeu, il permet aux piétons de toréer a gusto et de montrer leur savoir-faire. Cependant, sur une piste aussi grande que celle des arènes de Nîmes, pas facile d’occuper l’espace. Pas de picadors, pas de banderilles et simulacre de mise à mort. Tous les trophées étaient par conséquents symboliques.
1 300 spectateurs, c’est parti ! Premier en piste, Andy Martin. Quel début de course ! Avec un becerro d’excellente qualité et un torero prêt pour l’occasion. Andy n’a pas laissé passer sa chance et a dû provoquer quelques belles sensations dans les étagères. Une entame à porta gayola, de l’alegria, une souplesse dans le poignet, de très belles courbes tracées avec goût sur le sable de l’amphithéâtre et des séries qui s’enchaînent sans temps port ni baisse de régime. Andy passe le toro par devant, par derrière, à droite comme à gauche, sur la longue distance et dans des terrains plus resserrés en mettant à plusieurs reprises les genoux en terre… Bref, tout ce que veut voir l’assistance d’une becerrada ! Un toreo fort agréable à regarder alliant force et rondeur. Deux oreilles, donc, et vuelta pour le becerro.
Deuxième à s’élancer, Baptiste Angosto. Là aussi un becerro d’intérêt, noble et mobile, sans vice apparent et offrant les options du triomphe. Baptiste aura d’ailleurs droit à deux oreilles pour son duel. Comme Martin, Angosto décide de marcher lentement jusqu’au toril, de lever la main pour dire qu’il est prêt et d’accueillir son adversaire les genoux vissés en terre. Un peu moins spectaculaire que son prédécesseur, Baptiste Angosto parvient tout de même à activer les applaudissements du public. Sérieux, plutôt à l’aise à droite, relâché et se rapprochant peu à peu des cornes jusqu’à un final par manoletinas bien senties.
En troisième position, Léo Pallatier. Lui aussi, le troisième d’affilée, file au toril et reçoit son Jalabert à genoux. Et ça marche ! Par contre, la suite sera plus chaotique, certes face à un erral un peu plus complexe que ses frangins, mais dénué genio. Léo se fait prendre à de multiples reprises sans gravité, mais il se relève toujours. Avec encore plus d’envie et en demeurant froid face à la douleur. Longiligne, le torero a du mal à trouver le bon sitio et la cadence devant ce becerro, un peu petit pour lui. Il désire aussi se montrer sous son meilleur angle dans une arène de première catégorie pour laquelle son père à fait l’affiche de la feria (Loren en 2017). Une tauromachie verticale, Léo met la jambe et ne la retire pas à ses risques et périls. Dans l’esprit, il a montré ce qu’il fallait, mais à Saint-Gilles l’été dernier, on l’avait vu plus à son aise techniquement. La saison se prépare et lui aussi. Il ne fuit pas l’adversité, il l’affronte et ça, c’est une qualité que peu ont !
Le quatrième jeune, Mathis Meseguer. L’Arlésien aura droit à une oreille à l’issue d’un combat classieux. Le jeune a du style et propose un toreo de lenteur et de rondeur. Au capote, il excelle. On voit des attitudes qui plaisent, des mains bien placées et des pieds tanqués au sol comme on aime les voir. À la muleta, ça suit devant un nouvel exemplaire estampillé Jalabert et qui permet de nombreuses choses. Le piéton décide de poursuivre avec un toreo des plus suaves et artistiques. On risque de le revoir bientôt tant son panel peut compléter des cartels d’intérêt. Avec un peu plus de technique et de travail, Mathis saura être apprécié des tendidos car sa gestuelle, rare, est sienne.
Enfin, l’adage annonce qu’il n’y a pas de mauvais cinquième, c’est au tour du Nîmois Rémy Asensio de boucler la boucle. Le becerro sera un poil plus faible que les autres, le vent un tantinet plus fort et Rémy décide de brinder son duel au parrain, Nîmois également, Marc Serrano qui était quillé au palco. Geste émouvant d’un Nîmois à un autre Nîmois, d’une génération qui remercie celle d’avant. Une belle histoire, une très belle pensée. C’est aussi ça que veulent voir les gens, la transmission et la passion. C’est surtout ça le Printemps de l’aficion ! Mais revenons en piste avec Rémy Asensio qui débute sa première aventure dans ses arènes, face au toril et à genoux. Avec lui, fougue et alegria sont toujours de la partie. L’esprit novelleril par excellence comme le veut cette course. Rémy met les formes, il ne lâche rien même si son empressement lui fait parfois perdre un peu le fil des choses. Heureusement qu’il écoute et prend du recul. Que voulez-vous, la jeunesse est là pour briller alors il faut s’en donner les moyens et Rémy le sait et l’assume. Un toreo pugnace, tenace, poderoso quand il le faut et doux quand on lui demande. Quand le becerro est dans la muleta, l’apprenti torero ne le laisse pas s’en aller et le contraint à faire ce qu’il désire tout en le montrant au public. Deux oreilles pour un jeune qui apprend vite et qui commence à marquer les esprits. Vuelta au toro.
Billy (Jean-Luc), le mayoral de la ganaderia, et Marc Jalabert, le ganadero, ont partagé l’ultime vuelta de la tarde en compagnie de Rémy Asensio.
Un joli « Printemps » qui a vu pousser de belles graines !