Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 12.10.2024 - Anthony Maurin - 8 min  - vu 253 fois

NÎMES Cité mistralienne, un label patrimonial

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)

Les panneaux seront installés aux entrées de ville, probablement plutôt celles tournées vers l'est et le sud (Photo Anthony Maurin)

La Ville et la fondation Félibrige sont unies pour le label cité mistralienne, ciéuta mistralenco pour les vrais de vrais !

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
Les panneaux seront installés aux entrées de ville, probablement plutôt celles tournées vers l'est et le sud (Photo Anthony Maurin)

La ville de Nîmes et Frédéric Mistral ont entretenu des liens particuliers du passage de son baccalauréat du poète en 1847 à Nîmes, à sa participation à la corrida des protestations en 1894 (il l’a présidée), aux vers du félibre saluant la ville ou la Tour Magne à plusieurs reprises.

De plus, en 2024, nous célébrons les 110 ans de la mort du poète, les 120 de son prix Nobel de littérature, les 130 de cette fameuse corrida de protection et les 170 ans de la naissance de la fondation du Félibrige ! C’est aussi à Nîmes qu’il a lu en premier Mirèio.

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
La charte est signée par le Maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier mais aussi par le capoulié du Félibrige, Paulin Reynard (Photo Anthony Maurin)

Une semaine après la fameuse Santo-Estello chère à Mistral, c’est en salle du Conseil, à deux pas de la plaque commémorant sa lecture de Mireille, que la signature a eu lieu.

David Ribes, félibre, président de la société félibréenne « La Tour Magno » vient d’être choisi, après avoir fait acte de candidature, pour être le référent de la Ville avec le Félibrige, fondée en 1854 et à l’origine de tout ce qui existe en matière de défense et de promotion des langues régionales.

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
Le livre d'or rempli par Paulin Reynard, capoulié du Félibrige (Photo Anthony Maurin)

L’adhésion au label est gratuite. La Ville devra apposer aux entrées et sorties le panneau Citéuta mistralenco qui marque son engagement.

Traduction française du discours en provençal prononcé à Nîmes, le 11 octobre 2024 par Paulin Reynard, capoulié du Félibrige à l'occasion de la signature de la charte Ciéuta mistralenco :

« Les félibres et le peuple d'Oc te saluent, ô Nîmes, patrie de Jean Reboul, poète-boulanger, leur noble père ! Quel plaisir avons-nous de nous abreuver une nouvelle fois à ta fontaine qui depuis sept siècles fait fleurir son célèbre amandier.

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
La charte qui a fait de Nîmes une cité mistralienne ou plutôt une citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)

De l'autre côté du Rhône, nous voici réunis en Maintenance de Languedoc-Roussillon. Seconde Maintenance fondée en 1877 après la Maintenance de Provence pour organiser l'action félibréenne sur la rive gauche du Rhône, la Maintenance de Languedoc-Roussillon fait partie des six Maintenances qui composent le territoire felibréen, fort de trente-deux départements.

Si historiquement pour le Félibrige languedocien Montpellier joue le rôle de capitale, entre Nîmes et le Félibrige, c'est une longue, riche et belle histoire. Une histoire qui ne se laisse pas arrêter par le lit du Rhône où certains aimerait y voir une frontière culturelle, bien éloignée de l'Idéal mistralien. Mais comme le disait votre maire Hubert Rouger en 1930 « comme si Provençaux, Languedociens et Nîmois n'étaient pas tous du Midi. Ces gens de rebrousse-poil qui cherchent la nuit dans les broussailles auraient fini, si on avait voulu les croire, par laisser entendre que le pays de Nîmes n'était pas sous le même ciel que celui où brille la Santo-Estello. ».

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
Le panneau d'entrée de ville qui ne sera pas seulement pour faire joli (Photo Anthony Maurin)

Comment ne pas se rappeler qu'à Nîmes, ici dans ce qui est aujourd'hui la Mairie, en 1847, le premier Capoulié du Félibrige a passé les épreuves du baccalauréat ? Au coin des rues Colbert et Courbet, c'est au Petit Saint-Jean qu'il passa la nuit. C'est encore en mairie de Nîmes que la voix du Maître de Maillane s'éleva pour faire entendre Mirèio. Puis, dans trois jours, le 14 octobre, nous célébrerons les cent-trente ans de la venue de Frédéric Mistral dans les arènes nîmoises pour défendre les libertés méridionales et les traditions. Et c'est encore Nîmes qui accueillit la Santo-Estello, congrès-festival du Félibrige en 1990. Cette année-là était une année de Grands jeux floraux septénaires du Félibrige, comme ce sera le cas à la Pentecôte prochaine à Saint-Tropez. Je rappelle à tous les auteurs qui voudraient faire connaître leurs œuvres qu'ils ont jusqu'au 31 décembre pour soumettre leurs textes. Santo-Estello donc, en 1990... Je rêve, nous rêvons d'une nouvelle Santo-Estello nîmoise ! Nous rêvons d'un nouveau festival de création artistique et culturelle pour notre culture chez vous !

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
Le discours de Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes (Photo Anthony Maurin)

Cependant, au-delà de la Santo-Estello, le Consistoire s'est réuni à Nîmes. Pour la dernière fois en 2017, cette même année où le Capoulié Jacques Mouttet a apporté ici, pour son cent-cinquantième anniversaire la Coupo Santo. Le Félibrige était encore présent en 2021, pour les cent ans de la Levée des Tridents. Avec nos amis de la Nacioun Gardiano qui ont fêté la semaine passée leurs cent-vingt ans j'étais présent à cheval devant vos arènes, trident en main. Je pourrais encore rappeler le monument en mémoire de Mistral, qui a été inauguré en 2004. Mais alors qu'en 2024, nous célébrons les cent-soixante-dix ans du Félibrige, il serait impossible de tout dire ou tout résumer de l'histoire du Félibrige nîmois.

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
Un moment solennel, mais heureux ! (Photo Anthony Maurin)

Et pourtant, le Félibrige a un devoir de mémoire. Pays de Louis Roumieux, majoral du Félibrige de la première heure, son origine nîmoise donna son nom à la cigale d'or de Nîmes, qui fut portée à son époque par le sénateur Jean Nayroux, président de l'association des Amis du Félibrige et de la langue d'Oc au Sénat, qui est relancée cette année. Nîmes est encore le pays de naissance du majoral Pierre Hugues, qui fut secrétaire perpétuel de l'Académie de Nîmes. C'est aussi à Nîmes que naquit l'éminent majoral André Chamson et le majoral-capitaine de la Nacioun Gardiano André Dupuis, qui succéda à la cigale de la patrie au majoral Georges Martin, fondateur de la Société félibrenne de la Tour Magne.

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
Au tour du référent David Ribes de signer la charte pendant que le capoulié David Reynard recevait la médaille de la ville (Photo Anthony Maurin)

Aujourd'hui, la Maintenance du Languedoc-Roussillon compte huit majoraux. Son syndic (président régional) est le majoral Philippe Reig et son assesseur (représentant du capoulié dans la maintenance) est le majoral Gabriel Brun, qui me représentera dimanche à la finale des As alors que je serai en Aquitaine.

Avec ces grands hommes, s'est écrite l'histoire de la Rome française. Une histoire enracinée dans une terre riche et des traditions fortes qui trouvèrent une vérité dans l'idéal voulu par Frédéric Mistral en 1854, lors de la fondation du Félibrige.

Que serait le Languedoc, que seraient les traditions historiques nîmoises sans l'œuvre et l'action de ces félibres ?

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
En salle du Conseil, musique et habits provençaux (Photo Anthony Maurin)

Nous le savons, chez vous, les traditions se vivent tout au long de l'année et sont bien vivantes. Ainsi, en ce week-end de finale des As, une fois encore, le peuple félibréen se retrouve pour faire la fête et signer une nouvelle charte « Cité mistralienne ». Soyons fiers parce que, dans votre ville, nos sens nous font comprendre que notre culture vit au jour le jour.

Fruit d'un travail de réflexion sérieux, mené par une commission réunie régulièrement, la labellisation « Cité mistralienne » s'ouvre au monde. Déposée à l'INPI, la marque « Cité mistralienne » permet aux municipalités de valoriser leur engagement pour maintenir, protéger et promouvoir le patrimoine culturel provençal matériel et immatériel dans leur commune, selon la pensée et l'écriture de Frédéric Mistral selon l'article 2.2 de son règlement.

Je vous épargnerai la lecture de la charte et des critères, car, aujourd'hui, nous savons tous que cette labellisation n'est pas simplement un panneau « pour faire joli » à l'entrée de la ville. C'est un engagement public que vous prenez pour protéger et servir notre culture et notre langue. C'est un engagement public supplémentaire qui s'inscrit dans la continuité de vos actions auprès de l'Unesco pour le patrimoine.

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
Le folklore culturel (Photo Anthony Maurin)

Je rappellerai également que cette labellisation ne coûte rien à la ville, hormis la fabrication des panneaux, il n'y a pas de cotisation ni de demande de soutien financier pour le Félibrige. C'est bien plus qu'un acte symbolique, cela va bien au-delà de cette cérémonie : c'est un engagement pour l'avenir. Un engagement qui porte une universalité dans ce que nous sommes, dans ce que nous avons reçu, dans ce que nous voulons transmettre. C'est le message universel, peut-être trop souvent pris à la légère, de cette citation de Mistral : « Les arbres qui vont loin sont ceux qui montent haut ».

Peuple de Nîmes, du Languedoc ou de Provence, je l'ai dit devant le tombeau de Frédéric Mistral à Maillane : le destin de chaque homme est lié à son pays, ou à ses pays. Et même s'il y a parfois des moments d'inquiétude, des esprits chagrins bien éloignés de celui de Frédéric Mistral, des remous qui posent question : des craintes pour l'avenir de nos enfants ; il faut toujours se rappeler que, toujours, d'ici, de là du territoire félibréen, il existe un pays où le soleil rayonne avec gourmandise. Cependant, un pays, à l'exception peut-être du Paradis, n'est jamais idéal sans volonté populaire. L'idéal, que certains appellent rêve ou vœu pieux, nous devons l'atteindre par l'opiniâtreté de son peuple. Par sa volonté de le porter, de le chanter, de le montrer et de le vivre ; comme le font les héroïnes et héros de l'œuvre mistralienne. Ainsi, j'en fait le vœu solennel : peuple d'Oc, soyez des héroïnes, soyez des héros.

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
La belle association du Félibrige fait vivre l'héritage laissé pare Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)

Comme je le dis à chaque signature, devenir « Cité mistralienne », ce n'est pas simplement l'engagement d'un ou deux habitants de la ville pour monter un dossier, mais c'est l'engagement d'une ville entière. De son équipe municipale ; des acteurs de la vie économique, des commerçants, des paysans, des entreprises, de ses associations et de ses habitants. Du fond du cœur, je vous salue tous ; vous qui êtes les maillons qui constituent notre art de vivre que rien n'a le droit de nous enlever. Que rien n'a le droit de nous renier. Et que nous avons tous le devoir de protéger et de faire vivre.

Engagés pour une tradition vivante, nous avons chacun une responsabilité importante : celle d'enseigner notre langue, dans les écoles, les collèges, les lycées, les universités. Nous avons le pouvoir de réclamer les moyens d'heures et d'enseignants, mais nous avons encore plus fortement le devoir de remplir les classes avec nos enfants. Notre langue est notre plus beau trésor. C'est le moyen de recevoir notre histoire et de la transmettre à nos enfants. C'est le moyen de comprendre notre pays et de s'ouvrir au monde avec curiosité. C'est la nécessité vitale de lutter pour la richesse des territoires, au nom de l'exception culturelle française qui doit toujours rendre la France fière.

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
Le livre d'or a été signé (Photo Anthony Maurin)

Je n'ai donc pas honte d'affirmer mon respect pour les maires et les élus engagés pour notre langue et notre culture.

Permettez-moi, Monsieur le Maire, de saluer le travail de vos adjoints et conseillers ainsi que celui de vos services. Avec vous, je souhaite également avoir une pensée pour les générations de maires qui ont été de fervents défenseurs de notre culture.

Je me tourne ensuite vers l'école félibréenne de la Société de la Tour Magne. Née en 1930 de la fusion de l'Escolo de Nîmes, fondée en 1876, de la Société félibréenne de Beaucaire, fondée en 1919, et de La Jeunesse nîmoise, fondée en 1923. Je voudrais saluer son président, le majoral David Ribes, ainsi que tous ses membres, qui tout au long de l'année œuvrent pour l'honneur de la langue et de la culture, et qui sont à l'origine de cette labellisation de Nîmes comme « Cité mistralienne ». À tous, je vous adresse mes remerciements chaleureux.

Nîmes cité mistralienne Félibrige Citéuta mistralenco Frédéric Mistral (Photo Anthony Maurin)
Salle comble pour la cérémonie (Photo Anthony Maurin)

Monsieur le Maire, chers félibres, chers amis, nous sommes donc au sommet de la fête. Nous vivons ensemble une date historique pour l'Histoire de Nîmes et du Félibrige.

En ce vendredi 11 octobre de l'année des cent soixante-dix ans du Félibrige, Nîmes devient donc « Cité mistralienne » !

Longue vie ! »

Anthony Maurin

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