Publié il y a 2 h - Mise à jour le 19.05.2025 - Anthony Maurin - 5 min  - vu 300 fois

NÎMES La Commune dans les cœurs du Prolé

Le Prolé à Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Le comité Gard Cévennes des amies et amis de la Commune de Paris – 1871 organise un « Hommage à la Commune de Paris -1871 » au Prolé le vendredi 23 mai à 19h et le samedi 24 à partir de 11h.

La cour du Prolé pleine durant la Feria (Photo le Prolé)

Il y a 154 ans, le 18 mars 1871, le peuple de Paris s'insurge et met en place le premier gouvernement ouvrier que le monde ait connu. Au long de l'hiver 1870-71 il a résisté au froid, à la famine imposée par le siège de l'armée prussienne. Il refuse la trahison des classes dirigeantes. Il élit La Commune de Paris.

« Notre association « Les amies et amis de la Commune de Paris-1871 » créée en 1882 a 143 ans cette année. Vive la Commune ! Vive « les amies et amis de la Commune de Paris-1871 », annonce le comité Gard-Cévennes des amies et amis de la Commune de Paris- 1871.

Cette assemblée élue le 26 mars 1871, constituée majoritairement d'ouvriers et d'artisans, refuse de se donner un président. Elle met en place des commissions qui vont constituer le gouvernement placé sous le contrôle de l'assemblée.

Le comité Gard-Cévennes des Amies et Amis de la Commune de Paris-1871 organise chaque année un hommage le 28 novembre devant la sépulture de Louis-Nathaniel Rossel (Photo Archives Anthony Maurin).

Ce gouvernement réalisait alors et immédiatement une série de réformes démocratiques en faveur des classes populaires : réquisition des logements vacants, école laïque, obligatoire, gratuite pour les garçons et les filles de 5 à 12 ans, écoles professionnelles gratuites jusqu'à 15 ans, séparation de l'église et de l'État, gestion par les ouvriers des entreprises abandonnées par leur patron, réduction des écarts de salaire par le bas et par le haut, démocratie directe. Les élus doivent rendre compte de leur mandat et peuvent être révoqués.

Cela était insupportable pour la bourgeoisie et le gouvernement d’Adolphe Thiers dominé par des royalistes. L'armée est lancée contre Paris, elle y entre le 21 mai 1871. C'est le début de la semaine sanglante. Du 21 au 28 mai, l'armée massacre entre 20 000 et 30 000 Parisiens. Des milliers d’autres Communards, dont 11 Gardois, sont condamnés à la déportation au bagne en Guyane et en Nouvelle-Calédonie. D'autres s'exilent.

Des Communes se développent dans plusieurs villes en particulier à Narbonne et à Marseille. Elles aussi sont écrasées par l'armée. Gaston Crémieux, né à Nîmes, dirigeant de la Commune de Marseille, est condamné à mort et fusillé.

Salve d'applaudissements à la fin de la lecture de l'ultime lettre écrite par Rossel deux jours avant son exécution (Photo Anthony Maurin).

Des Communards marseillais sont emprisonnés au Fort Vauban à Nîmes. L'amnistie, votée en 1880 permet le retour des exilés et des déportés, souvent réduits à la misère. Pour leur venir en aide, pour perpétuer leur idéal, le souvenir de leur combat et de l'effroyable massacre des associations se constituent.

Programme

Le 23 à 19h, vernissage d’une exposition de l’Esban « La Commune ».

Le 24 à 11h : Marx et la Commune de Paris, par Raymond Huard, historien, professeur émérite des universités.

Réfugié à Londres avec sa famille depuis 1849, Marx n'a pas été un communard et pourtant son nom est intimement associé à la Commune de Paris. En 1864 il devient membre du Conseil général de l'Association internationale de travailleurs, récemment créée à Londres.

En 1870, le Conseil le mandate pour écrire deux Adresses aux membres de l'Internationale sur la guerre franco-allemande qui vient de commencer. Lorsqu'après l'armistice, éclate à Paris, en mars 1871, la révolte qui donnera naissance à la Commune, Marx qui l'avait pourtant déconseillée, la soutient, suit son déroulement avec une grande attention.

L'esprit de Karl Marx va souffler sur la cité des Antonin (Photo DR)

De Londres, il l'aide autant que possible. Au cours même de la Commune, Marx est à nouveau mandaté pour rédiger une troisième Adresse. Celle-ci, plus longue et détaillée, est à la fois un plaidoyer pour la Commune et une analyse en profondeur de sa signification. Publié dès juin 1871, sous le titre « La Guerre civile en France. » Ce texte est par la suite, un peu oublié, mais, réédité, il deviendra vers la fin du siècle et au début du XXe, un classique du mouvement communiste.

À 14h30 : André Léo par Denise Sabourin.

André Léo, née Léodile Béra en 1824 à Lusignan dans une famille de tradition républicaine. Elle s'engage très vite dans le combat social. Après le coup d'État de 1851 elle s'exile en Suisse où elle rejoint son fiancé Grégoire Champseix qu'elle épouse et avec lequel elle a deux jumeaux : André et Léo. Elle publie un premier roman « Un mariage scandaleux » sous le nom de Léo.

La mort de son mari la laisse seule avec ses deux enfants et c'est sous le nom de leur deux prénoms (André Léo) qu'elle publie plus de 20 ouvrages. Rentrée à Paris en 1860 elle participe au mouvement républicains et socialiste et adhère à l'Internationale. En 1866, elle crée « l'Association pour l'amélioration de l'enseignement des femmes. »

Elle participe très activement à la Commune et en son nom rédige un appel « Au travailleur des campagnes » envoyé par ballon au-delà de Paris. Après la semaine sanglante, elle se réfugie, à nouveau, en Suisse. Rentrée en France après l'amnistie elle continue la lutte sociale et féministe jusqu'à sa mort en 1900.

La pierre tombale de Louis-Nathaniel Rossel au cimetière protestant de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Denise Sabourin est la fondatrice de l'association André Léo en 1984. Elle a découvert l'acte de naissance de Léodile Béra plus connu sous le nom de André Léo. Elle présentera le parcours de vie de cette romancière du XIXème siècle et précisera la période de la Commune comme point d'orgue de la vie de André Léo.

Connaître les origines de Léodile Béra. Comprendre son combat : le féminisme. Préciser sa pensée sociale en rapport aux autres acteurs de la Commune.

Un grand repas communard est prévu sur place, dans les jardins du Prolé, sur réservation et par SMS uniquement au 06 86 56 05 71 ou 06 21 13 25 88.

À 16h, performance-expo, « Est ce que Paris brûle ? » d’Alix Di Jusco. Dans cette série de photographies en double exposition, Alix Di Jusco superpose caricatures de communardes, images du film Paris Is Burninget représentations de Prométhée. Le feu y devient symbole de révolte, de mémoire et de transformation, liant féminisme, luttes queer et résistance ouvrière. Les pétroleuses se redressent, les figures diabolisées deviennent corps insurgés, et les divas des bals new-yorkais croisent les insurgées de 1871. Un hommage incandescent aux luttes passées et présentes.

Sur les lèvres, d’Ama LieLer, est quant à lui un recueil de chansons, écrites et chantées par des femmes en lutte. Certaines chansons ont traversé les âges, d'autres sont plus contemporaines. Sur les lèvres vient de l'expression « avoir le cœur sur les lèvres » qui signifie aussi bien avoir la nausée que faire preuve de franchise et de simplicité dans l'expression de ce que l'on pense, face au dégoût s'exprime la révolte. D'une chanson, d'une voix, s'élève alors les revendications des femmes.

Enfin à 17h30 : lecture musicale avec Corentin Coko (contact et réservations au 06 86 56 05 71 ou 06 21 13 25 88).

Le Prolé à Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

L'espoir qu'elle a suscité en 1871, l'horreur de son massacre par Thiers et les Versaillais, son actualité persistante, ont inspiré de nombreux poètes et auteurs.

Corentin Coko, armé de son accordéon, et à travers des textes et chansons d'Eugène Pottier, Victor Hugo, Louise Michel, Jules Vallès, Jean-Baptiste Clément, Émile Zola, Arthur Rimbaud, nous fait revivre ces quelques mois où Paris fut aux mains du peuple et de la Révolution Sociale. C'est ce spectacle qui est à l'origine de l'album « La Commune refleurira », dont Coko a assuré la coordination artistique avec les Ogres de Barback, et sur lequel chantent Michèle Bernard, François Mo-rel, Christian Olivier (Têtes Raides), La Mal Coiffée, Francesca Solleville, Mouss & Hakim (Zebda), Agnès Bihl, Mélissmell, et bien d'autres... (et même une apparition de Renaud !).

Anthony Maurin

Nîmes

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio