NÎMES L’histoire millénaire de la cathédrale

La chapelle des martyrs de la cathédrale de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin)
La cathédrale est le symbole du catholicisme nîmois. Quelle est son histoire ?
Avant et après quoi ? Nîmes a, ces derniers siècles, eu « le cul » entre deux chaises chrétiennes. D’un côté, Nîmes est attachée au catholicisme depuis ses débuts, d’un autre, elle avoue une belle inclination au protestantisme.
Si notre voisine Arles est à la base même du développement du christianisme grâce à Constantin, Nîmes est, elle aussi, pourvue d’un territoire sur lequel les premiers chrétiens fondent des églises.
La meilleure preuve en est l’église paléochrétienne du tout début du Ve siècle retrouvée du côté de l’établissement scolaire d’Alzon. Mais les chrétiens n’ont eu de cesse de s’installer dans la cité des Antonin.
Sans parler d’autres édifices antiques ou tout simplement plus anciens qu’elle, évoquons simplement l’histoire de la cathédrale. Son nom ? Alambiqué. Notre-Dame-et-Saint-Castor. On ne rentrera pas dans les détails, mais oubliez l’idée que les Nîmois vénèrent des longues dents et des queues plates… Castor, c’est en réalité Castorius, un homme originaire de la Nîmes de l’époque et qui serait né au milieu du IVe siècle au sein d'une famille plutôt favorisée qui lui permit de suivre des études conséquentes.
Le temps passe. L’Antiquité perd ses monuments au fil des siècles et on bâtit la cathédrale de Nîmes, siège de l’évêque, avec les restes de l’un d’entre eux.
Consacrée en 1096 grâce au pape Urbain II et à Raymond IV de Toulouse, elle devient rapidement un pilier spirituel pour la région du Gard. Sa plus ancienne chapelle, celle dite des martyrs, n’a jamais été détruite et a accueilli les bases de la tour du clocher qui la surplombe.
Entre style roman, gothique et néo-gothique, son architecture singulière raconte dix siècles de mutations. Des offices y perpétuent d’ailleurs des rites remontant à Saint Castor. Ces pratiques, transmises depuis l’époque médiévale, donnent son âme à l’église mère du diocèse. Une particularité locale qui mêle héritage de Saint Pierre et traditions provençales, typiques de cette région de France.
Le XVIe siècle apporta son lot de tourments. Lors des guerres de Religion, la façade et le clocher subirent d’importants dommages (notamment en 1567 lorsque les Réformés saccagèrent la chapelle Saint-Pierre). La reconstruction au siècle suivant préserva heureusement l’essentiel de l’architecture médiévale.
Endommagée à deux reprises, en 1567 mais aussi en 1621, la « tour du Trésor » est détruite. Au XVII, la cathédrale est rebâtie, respectant les grandes lignes de l’architecture médiévale.
Au XIXe siècle, les travaux de rénovation menés par l’évêché privilégièrent un style néo-roman pour la frise. Paradoxalement, ces choix esthétiques divisèrent les historiens de l’art. Certains y voyaient une trahison du patrimoine, d’autres une nécessaire adaptation aux goûts contemporains.
Que peut-on y voir de remarquable ? Un sarcophage paléochrétien en marbre sculpté qui témoigne des premières communautés chrétiennes de la région. Un rare exemple d’art funéraire préservé dans une église de l’Ouest.
Quoi d’autre ? Des tableaux de maîtres locaux, ceux de l’école nîmoise. N’oubliez pas de jeter une oreille à l’orgue car son buffet est classé Monument Historique mêle avec grâce les influences françaises et italiennes. Une restauration récente lui a rendu sa splendeur d’antan.
Enfin, deux autres choses à voir. Toujours à l’intérieur, la chapelle du Rosaire, un petit bijou baroque, niché derrière le chœur, éblouit par ses dorures et ses volutes. L’évêque de l’époque y voyait un « écrin pour l’âme ».
C’est à l’extérieur que vous observerez la frise romane. Ses sculptures narrent des épisodes bibliques dans un langage symbolique typique de l’art sacré médiéval. Les spécialistes y décèlent l’influence des ateliers provençaux et languedociens.
Du XVIIe au XIXe siècle, les décors intérieurs évoluèrent au gré des modes. Les archives diocésaines mentionnent plusieurs artistes locaux ayant œuvré à Nîmes, notamment pour les stucs de la chapelle Sainte-Anne. La cathédrale Saint Castor apparaît ainsi comme un livre ouvert sur l’histoire de l’art sacré français.
La cathédrale Saint-Castor de Nîmes, joyau du Gard dans le sud de la France, connaît depuis 2022 un chantier de travaux ambitieux. Le clocher roman a fait l’objet d’une attention particulière. Actuellement on pose une nouvelle couverture en dalles de pierre sur la terrasse.
Autour de la cathédrale, l’implication des habitants ne faiblit pas avec l’association « Les Amis de Saint-Castor » organise des visites nocturnes mettant en valeur les vitraux de Sainte Perpétue. L’évêque de Nîmes lui-même participe régulièrement à des collectes pour financer les travaux. Signalons que des bénévoles restaurent bénévolement les ex-votos de la chapelle latérale, témoignages touchants de la ferveur populaire.