Dans un écrin parfait pour ce type de concert, Ludovico Einaudi a laissé sa première partie à Sarah Lenka. Avec un EP sorti l'an passé et intitulé "Mahala", Sarah Lenka rencontrait trois artistes femmes engagées : NaÏssam Jalal, flûtiste franco-syrienne, Awa Ly, chanteuse franco-sénégalaise & Macha Gharibian pianiste franco-arménienne.

Une rencontre inattendue, qui mélangeait alors un son acoustique folk aux sons de traditions et de coutûmes.​ Chacune portait un héritage culturel, une histoire. Un voyage dans l'intime avec carte blanche et une dimension plus organique et ancestrale. Entre force et émotions. Entourée de son trio guitare, batterie et percussions.

À Nîmes Sarah Lenka a repris un concert engagé en faveur des femmes qui se battent, qui marquent l'histoire et qui sont autant d'exemples que de sources d'inspiration. Tantôt jazzy, parfois groovy et souvent dans une tonalité blues plaisante à entendre, Sarah Lenka pousse la voix et sait chauffer son public en compagnie de son seul compagnon de scène, un guitariste. Une bonne première partie.

Monsieur Ludvico Einaudi

Si c'est par sa mère Renata qu'il prend goût au piano, le patronyme de Ludovico Einaudi n'est pas inconnu en Italie. Son père, Giulio Einaudi, est l'éditeur et fondateur de la maison d'édition Einaudi et son grand-père, Luigi Einaudi, a été président de la République italienne de 1948 à 1955. Son grand-père maternel Waldo Aldrovandi est quant à lui un pianiste et compositeur ayant quitté l'Australie après la Seconde Guerre mondiale.

Ses débuts prennent racine dans les années 1990 et c'est à cette même période qu'il commence à composer pour de nombreux films. Il y a tout juste 20 ans, la France l'a reconnu grâce à son entêtant et envoûtant Una Mattina.

Depuis 2021, Einaudi a rapproché sa musique de la nature avec une série de onze concerts immergés dans le paysage à couper le souffle des parcs nationaux, des réserves naturelles, des ruisseaux, des vallées, des lacs et des prairies de montagne immaculées, accessibles uniquement à pied, à l’aube, au crépuscule et sous le ciel étoilé. Une invitation à fusionner l’expérience musicale avec le paysage naturel.

Mais c’est l’expérience du temps suspendu pendant le confinement, "avec le monde extérieur tranquille et silencieux", qui a mené au nouvel album pour piano solo, sorti en 2022 et intitulé "Underwater". Pour lui, "une métaphore de la fluidité sans interférence externe, une approche plus fraîche et plus immédiate de la musique, dans le flux des émotions, dans une conversation intime, face à face, avec le piano."

Encore une fois Ludovico Einaudi a réussi son concert. À Nîmes, il a su allier la douceur à la subtilité, la force au doigté et la fougue à la mélancolie. Seul au piano ou accompagné d'un duo de cordes et d'un percussionniste polyvalent, le maestro s'est aussi fait plaisir. Deux heures d'un concert complet qui s'est achevé par un long rappel et une standing ovation logique pour l'occasion.