Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 12.06.2023 - Abdel Samari - 2 min  - vu 765 fois

ÉDITORIAL Un jour dans la vie d'Éric Zemmour

Éric Zemmour

Éric Zemmour lors de l'interview accordée à Objectif Gard

- Photo Romain Cura

Assister contraint à un meeting d’Éric Zemmour en attendant une interview, c’est une expérience disons très particulière.

Prenons déjà l’assistance, peu représentative de la vraie vie. Une minorité de jeunes, beaucoup de personnes du troisième âge mais surtout aucune diversité. Il y a aussi des stands avec des produits exotiques que vous ne trouvez pas dans les marchés ambulants que l’on connaît tous dans les villes et villages que l’on fréquente. Il y a aussi ce sentiment bizarre d’être un peu hors du temps. Loin de tout, des centres-bourg, au fin fond de Bellegarde. Dans un lieu qui représente la France fantasmée par Éric Zemmour et ses partisans. Qui n’existe pas dans la réalité. Et d’ailleurs qui n’a jamais existé sauf dans la tête de l’ancien polémiste d’extrême-droite. L’heure file et le président de Reconquête monte sur scène. Avec une voix quelque peu enrouée. Probablement la climatisation poussée à ses limites dans sa belle berline noire… Mais cela ne va pas le faire reculer pour asséner son discours vu et revu, et entendu des milliers fois. « La France n’est plus la France ». Et après « le grand remplacement », désormais selon lui, on assiste à « un pays victime de francocide ». On se pose quand même la question de savoir s’il croit vraiment à ce qu’il raconte ? En tout cas, la maigre assistance constituée de quelques centaines de militants gardois y croit dur comme fer. Applaudit à tout va. Le seul problème, c’est que sur ce sujet-là comme beaucoup d’autres, Éric Zemmour n’est pas rigoureux. Normal, aucune étude, aucune statistique sérieuse ne donne crédit à son argumentaire. Encore moins celle qui laisserait penser qu’une part significative des victimes de meurtre le seraient parce qu’elles sont Françaises ! L’orateur débite ses mêmes thèmes de prédilections : « l’Islam », les « musulmans », les « immigrés », les « sans-papiers », etc. Mais est-ce que l’ex-candidat à la Présidentielle a déjà rencontré, discuté, partagé ne serait-ce qu’un instant avec une personne issue de l’immigration ? Bien entendu que non. Donc, il capitalise sur son ignorance et celle de ses supporteurs pour raconter tout mais surtout n’importe quoi. Réunion publique terminée, l’invité du jour arrive pour l’interview. Un « bonjour » de circonstance et quelques instants de patience. Le temps de placer tout autour des intervieweurs et de l’interviewé une masse de personnes, et si possible des jeunes, pour faire croire à une audience captive. Une mascarade de coulisse qui sonne faux mais semble rassurer l’intéressé. Après dix bonnes minutes d’entretien, Éric Zemmour se lève sans un geste ni un aurevoir. Mais s'enivre des applaudissements et de la Marseillaise chantée par ses supporteurs. Avant de prendre la direction d'une nouvelle ville où il pourra encore et encore développer ses thèses de prédilections face à un public toujours acquis à sa cause. Et pendant ce temps-là, la France avance en parallèle…

Abdel Samari

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