Ce n’est un secret pour personne : les gens du voyage n’ont pas franchement bonne presse. Chaque été, l’installation de campements, plus ou moins illicite, est un vrai marronnier dans notre département. Dernièrement, la préfecture et le Conseil départemental, en coordination avec les intercommunalités – compétentes en la matière – ainsi que les associations, ont planché sur le nouveau schéma 2026-2032. Cet « outil de planification » de 120 pages est imposé par la loi Besson du 5 juillet 2000. S’étalant sur six ans, il prévoit donc la création des aires permanentes d’accueil, pour les séjours longs ou simple passage, notamment ceux de la communauté évangélique.
Arrivé dans les boites mails des mairies, ce nouveau schéma offre l’occasion de dresser un bilan sur les réalisations du précédent, doucement 2019-2024. Les chiffres sont éloquents : « Sur les 270 places de grands passages et les 170 places de moyens passages, prescrites dans le précédent schéma, aucune n’a été réalisée (…) Le département du Gard présente un déficit très important de l’offre d’accueil à destination des voyageurs. » Dans le précédent schéma, les aires de grand passage prévues se situaient à Pont-Saint-Esprit et à Bellegarde. Toujours selon la préfecture : « Ce déficit impacte lourdement les voyageurs, lesquels pratiquent par défaut le stationnement en dehors des équipements conventionnés, avec ce que cela suppose d’incertitude et de conflit potentiel. »
Aires de grand passage : Nîmes Métropole et Alès Agglo concernées
Sur le plan des nouvelles préconisations, les aires de grand passage ont été modifiées. Selon l’une de nos sources, « l’État regarde certes les obligations légales, mais les adapte au territoire. » Fini donc les airs de Bellegarde et de Pont, les aires de « grand passage » inscrites au prochain schéma sont « pour le compte des trois communes suivantes : Saint-Gilles, Garons, Bouillargues », soit 200 places. Sur Alès Agglomération, le schéma indique : « la création d’une aire de grand passage de 150 places pour répondre à l’obligation de la commune de Saint-Privat-des-Vieux. » De quoi faire bondir le maire, Philippe Ribot : « Moi, ce schéma, je n’y comprends rien. Je n’ai même pas été concerté ! Nous voterons contre lors du prochain conseil municipal, le 13 décembre !»
À Beaucaire Terre d’Argence, l’aire de grand passage a été supprimée. Toutefois, le maire ainsi que le président de l’intercommunalité se prononcent défavorablement, en raison « du maintien de la création d’une aire permanente d’accueil de 20 places sur Beaucaire. » En Petite Camargue, une aire d’accueil de grand passage « dérogatoire » a été inscrite pour Vauvert et Beauvoisin. En terre de Camargue, la prescription dérogatoire concerne une aire de 60 places pour Aigues-Mortes et le Grau-du-Roi, à l’instar de la commune de Calvisson dans le Pays de Sommières.
Pas de sanction mais…
Interrogés, certains édiles pourraient « jouer la montre ». Aujourd’hui, cette obligation légale n’entraîne aucune sanction. « Cette loi doit être revue par le législateur. Appliquer une obligation pour toutes les communes de 5 000 habitants, ce n’est pas logique. D’autant que ces équipements publics coûtent très chers. Il faudrait s’adapter aux besoins… », commente un édile. Le maire de Saint-Privat, lui, ne comprend toujours pas : « Je n’ai jamais de convoi de plusieurs centaines de caravanes… D’où viennent ces études ? » Les maires s’insurgent. La caravane passe…
Finalement, la principale difficulté du non-respect de ce schéma surviendra l’été prochain lorsque les campements illicites s’installeront sur les communes qui ne respectent pas le schéma. Les édiles devront attendre les décisions de justice, plus ou moins longues, sans pouvoir bénéficier de l’intervention rapide du pouvoir administratif du préfet. Rendez-vous donc l’été prochain.