Publié il y a 1 an - Mise à jour le 05.04.2023 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 6124 fois

FAIT DU JOUR Mairie de Nîmes : une ambiance fin de règne ?

Au premier plan en chemise blanche, le maire Jean-Paul Fournier

Au premier plan en chemise blanche, le maire Jean-Paul Fournier

- (Photo : Coralie Mollaret)

Plusieurs élus, collaborateurs et administratifs de Jean-Paul Fournier ne cessent de se chercher des poux. À trois ans des élections municipales, cette situation risque de laisser des traces indélébiles. 

La Droite nîmoise a-t-elle perdu la boule ? Trois ans après avoir décroché un quatrième mandat « historique », l’équipe de Jean-Paul Fournier semble passer plus de temps à se disputer qu’à œuvrer au bien-être des Nîmois. Dernière polémique ? L’affaire Flandin, du nom de l’adjoint chargé des Travaux et ami de 30 ans du maire. Pilier de la majorité, ce lobbyiste est peut-être allé trop loin dans le mélange des genres, en s’offrant en 2019 un pied-à-terre en Espagne avec un promoteur immobilier nîmois, Jean-Paul Bonicel.

« Le big boss est chancelant »

Révélée par nos confrères de La Gazette de Nîmes, la polémique éclate après l’interview de ce même Richard Flandin dans Le Club Objectif Gard, le 21 février. Au cours de cet entretien, ce proche du premier adjoint Julien Plantier critique vertement la politique du président de Nîmes métropole, Franck Proust, apostrophant au passage son directeur de cabinet. « Suite à cette interview, l’équipe de Proust a commencé à raconter cette histoire de maison en Espagne. On a bien essayé d’en parler à Jean-Paul Fournier mais le maire n’a rien fait », confie l’une de nos sources.

Clans, coups bas et trahisons… Le temps où les élus de la majorité se photographiaient en rang serré devant les arènes est terminé. Après 22 ans passés au pouvoir, la Droite nîmoise se cherche des poux. Un observateur de la vie politique nîmoise analyse : « Quand le big boss est chancelant (Jean-Paul Fournier a connu des soucis de santé en 2016, NDLR), les appétits s’aiguisent. On le sait. Là, ce qui est fou, c’est que tout le monde se savonne la planche pour sauver sa peau, mais ils ne savent pas derrière qui ! »

Désarroi chez les nouveaux élus

Cette situation met les nouveaux élus à la peine. « On nous dit de faire attention et on voit des élus faire l’inverse ! », confie l’un d’eux. Renouvelée d’un tiers en 2020, la liste fait la part belle aux personnalités de la société civile : Carole Solana, Valentine Wolber, Dolores Orlay-Mourreau, Halim Belhadj, Olivier Bonné… Non-encartées dans un parti politique, ces élus se sont engagés pour Jean-Paul Fournier et pour développer leur cité : « On parle entre nous... Nous restons un peu con devant toutes ces histoires. Avec ces polémiques, les gens vont mettre tous les élus dans le même sac. »

À plusieurs reprises, le directeur de cabinet, Antoine Roger, a tenté de remettre un peu d’ordre. Dernièrement, il s’est fendu d’un nouveau mail rappelant aux élus quelques règles de bonne conduite. En vain. Il faut dire que le collaborateur longiligne a encore du mal à s'imposer. Pour certains, il est une erreur de casting de Jean-Paul Fournier qui s’est laissé guider par sa sympathie envers son jeune collaborateur plutôt que par sa raison. Ses détracteurs lui reprocheraient un manque de sérieux, le surnommant « le plagiste ». Dur... 

L'ingérence des collaborateurs et administratifs ? 

À l'hôtel de la rue Dorée, ceux qui inspirent la crainte seraient le directeur général des services, Christophe Madalle, et Gerardo Marzo, collaborateur spécial de Jean-Paul Fournier. Le premier, responsable administratif, n'hésite plus à rappeler à l'ordre les élus quand il ne demande pas tout bonnement leur tête. Le second est plutôt une sorte de fils spirituel de Jean-Paul Fournier qui l'accompagne partout et lui souffle à l'oreille. Gerardo Marzo n'est pas fan du premier adjoint Julien Plantier, potentiel successeur de Jean-Paul Fournier en 2026. « Il l'estime parfois déloyal envers Jean-Paul Fournier », commente un ancien élu.

Déloyal ? Est-ce la véritable raison ? En cas d’avènement du Nîmois, les cabinets à la Ville et l’Agglo seraient renouvelés avec leur lot d'éconduits. La réforme de la retraite d'Emmanuel Macron n'arrange rien.. Du reste, si Julien Plantier a tenté une échappée, il y a quelques mois, en annonçant le lancement de son association. « Il a abandonné l’idée parce que ça parlait trop », confie un nouvel élu. Et d'ajouter : « De toute façon aujourd'hui, les élus n'osent même plus organiser des repas de peur de créer des histoires ! » Ambiance...

Quelle image va laisser Jean-Paul Fournier ? 

Ces bisbilles n'ébranlent pas Jean-Paul Fournier qui refuse de voir son quatrième mandat éludé. Vieux roublard de la politique, l'édile a toujours su cultiver les rivalités pour s'imposer. Sauf qu'ajourd'hui, les tensions sont trop grandes dans la majorité. Tensions qui pourraient, ce mercredi, monter d'un cran avec l'affaire de la Senim. Si la peine d'inéligibilité du président Franck Proust, son autre ami de 40 ans, est confirmée, la ville de Nîmes devra lui trouver un successeur. Une nouvelle occasion de se faire la guerre ? À trois ans des municipales, les rivalités internes prennent le pas sur l'action municipale et sont regardées avec gourmandise par les opposants. De maire bâtisseur, gare à ce que Jean-Paul Fournier ne devienne pas un maire destructeur. 

Coralie Mollaret

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