Le trouble de la personnalité limite (borderline), comme on dit maintenant, se caractérise par une tendance constante à l'instabilité et l'hypersensibilité dans les relations interpersonnelles, l'instabilité au niveau de l'image de soi, des fluctuations d'humeur extrêmes, et l'impulsivité.

À l’occasion de l’ouverture du nouveau centre dédié aux soins précoces et à la réhabilitation des jeunes avec troubles émotionnels borderline, qui prend place dans le service dans le pôle de psychiatrie du CHU de Nîmes, une première journée scientifique était organisée par le centre ressource HYPE-France, en collaboration avec la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale (FERREPSY) Occitanie et l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (UNAFAM-30).

Cette journée avait pour objectif d’interroger l’intervention précoce auprès des jeunes en souffrance émotionnelle, et d’éclairer l’apport des soins de réhabilitation pour les usagers et leurs proches, grâce à un panel d’experts français et internationaux. Les troubles émotionnels borderline sont des problématiques psychiatriques fréquentes et sévères, qui impactent fortement la vie des personnes concernées et entravent la possibilité d’assumer un rôle social.

Les personnes expérimentent un mode d’instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et des affects avec une dysrégulation émotionnelle et une impulsivité marquée. Les parcours de vie et de soins chaotiques exposent à la persistance des comportements impulsifs de mise en danger (alimentaires, addictologiques, sexuels…).

Des risques élevés et spécifiques sont présents chez les jeunes de 16 à 25 ans. La souffrance occasionne de fréquents passages à l’acte auto-agressifs et des conduites suicidaires qui rendent d’autant plus sévères le trouble et l’instabilité de ces jeunes.

Les données épidémiologiques attestent de l’enjeu majeur de santé publique. Premièrement par la représentation de ces troubles dans la population puisque leur prévalence entre 2 et 6 % en population générale tend à penser que près d’un adolescent/jeune adulte sur dix serait concerné. Ils touchent également 10 % des patients suivis en psychiatrie, 20 % des patients hospitalisés en psychiatrie et près de 50 % des patients hospitalisés en unité d’urgence suite à une tentative de suicide.

Deuxièmement par l’impact négatif du trouble sur le fonctionnement psychosocial et le risque suicidaire très élevé. En effet, les comportements impulsifs de mises en danger en font la pathologie psychiatrique la plus associée aux comportements suicidaires : 84 % des patients feront de multiples tentatives de suicide, et 10 % décèderont par suicide (soit cinquante fois plus qu’en population générale).

Pourtant, peu d'attention est portée à l'intervention précoce et à l’accompagnement personnalisé de ces jeunes. « Le centre ressource HYPE-France est inspiré du modèle australien développé par Orygen Specialist Program. Il vise à promouvoir les soins ambulatoires et personnalisés à l’aide de coordonnateurs de parcours (case managers), et à apporter des ressources aux jeunes en souffrance émotionnelle et à leur entourage. Les soins de réhabilitation psychosociale, approche innovante dans les troubles borderline en France, offrent un espoir de rétablissement », indiquait le docteur Clémentine Estric, psychiatre coordonnatrice de la plateforme HYPE-France du CHU de Nîmes.

Après le discours d'ouverture prononcé par Frédéric Rimattei, directeur général du CHU de Nîmes, le docteur Aurélie Schandrin, psychiatre, évoquait l'intervention précoce : approche transdiagnostique. Le professeur Andrew Chanen, director of clinical services HYPE - orygen specialist program à Melbourne en Australie, devait prendre la parole, en anglais s’il vous plaît.

Les soins précoces et la réhabilitation psychosociale des jeunes présentant des troubles émotionnels borderline étaient présentés par le docteur Clémentine Estric, psychiatre HYPE-France du centre ressource nîmois. La place centrale des familles dans le processus de rétablissement des jeunes en souffrance émotionnelle devait aussi être abordée par Serge Vannière, délégué Unafam du Gard.

Le centre ressource HYPE-France du CHU de Nîmes a été financé suite à l'obtention de Fonds d’Innovation Organisationnelle en Psychiatrie (FIOP) de l’ARS Occitanie et du Ministère de la Santé (à hauteur de 474 000 euros).