FAIT DU SOIR Guillaume Gomis, le facteur passionné de plantes comestibles et médicinales
Si vous habitez Saint-Laurent-des-Arbres, vous avez sûrement l'habitude de voir Guillaume Gomis dans son habit de facteur. Il travaille à La Poste depuis octobre 2022. Le reste du temps, il explore les environs à la découverte des plantes comestibles et médicinales qui poussent dans le Gard rhodanien.
Nous rencontrons Guillaume Gomis, dans un coin de nature de Roquemaure, à l'arrière du boulodrome. Il vient juste de terminer sa tournée de facteur, il porte encore la veste estampillée au logo de La Poste. Il travaille au centre de tri de courrier roquemaurois depuis octobre 2022 et s'occupe de distribuer le courrier sur la commune voisine de Saint-Laurent-des-Arbres, ainsi que les colis sur Saint-Geniès-de-Comolas. Il aime cette sensation d'indépendance au volant de sa camionnette et le sourire des habitants qui le voit passer. Sur les petites routes du Gard rhodanien, il voit défiler les paysages et ne peut s'empêcher de repérer des coins de nature riches en végétaux.
Car en dehors de son métier de facteur, le Gardois de 37 ans se passionne pour les plantes comestibles et médicinales. Ne soyez pas surpris de l'apercevoir à Montfaucon, commune où il habite, accroupi dans la verdure, livre botanique à la main. Guillaume Gomis l'avoue, il pense et vit plantes. Sa bibliothèque est remplie de livres sur le sujet. Il a même "a(e)ncré" sa passion sur ses avant-bras où sont tatoués tournesol, passiflore, coquelicot ou encore belladone. Là où la plupart des gens voient de l'herbe, lui décèle des oxalis, des maures, des lamiers pourpres... "J'ai presque plus la tête en bas que vers les étoiles", avoue-t-il.
Être sûr à 200 % de l'identification de la plante
Il a toujours eu un attrait pour les savoirs anciens, qui pour la plupart, se sont perdus. Après avoir alterné entre boulot en intérim et voyages à l'autre bout du monde, il a décidé de se réorienter en 2018. Il a passé deux ans à l'école des plantes Moyse-Charas, implantée à Uzès. Aujourd'hui, il détient un certificat de capacité d'aromathérapie et d'herbologie. C'est vers ce deuxième pan que s'est tourné le Gardois. Après sa formation, il a passé des heures en autodidacte, avec ses livres, à explorer la nature et les plantes sauvages médicinales et comestibles de chez nous.
"On n'a pas le droit à l'erreur, même s'il y a plus de plantes comestibles que toxiques. Mieux vaut être sûr", atteste Guillaume Gomis. D'autant qu'il anime aujourd'hui des balades découvertes, par le biais de sa société Herbaïa. Aux participants, il parle des plantes, si on peut les consommer, comment et en quelle quantité... "Je sensibilise aussi à la préservation de la nature. Parfois, je ne prélève pas car il n'y a pas suffisamment de plantes. Il faut s'assurer que l'endroit n'est pas pollué, qu'il n'y ait pas de pesticides à proximité et surtout être sûr à 200 % de l'identification de la plante", insiste le Gardois. C'est comme les champignons, ce qu'on ne connaît pas, on ne touche pas.
Des balades découvertes organisées tous les mois
Guillaume Gomis a animé sa première balade découverte il y a deux ans, poussé par Olivier Robelet, le maire de Montfaucon. Aujourd'hui, il anime une sortie de 2h-2h30 par mois, en partenariat avec l'office de tourisme du Grand Avignon. Souvent sur la lône du Rhône de Roquemaure. "C'est tout le temps plein. Je pense que le covid a peut-être bousculé les esprits. Les gens ont davantage besoin de sentir, de se reconnecter avec la nature", analyse-t-il. À ses côtés, vous apprendrez que le pissenlit se consomme entièrement de la racine à la fleur. Qu'on peut toucher des orties sans se piquer à conditionner de les prendre dans le sens du poil, du bas vers le haut. D'ailleurs, cette plante est très riche en vitamine. Il faut faire attention quand on commence à consommer des plantes en fonction de leurs apports et de leurs propriétés actives. Gare aux désagréments digestifs !
Guillaume, lui, les a complètement adoptées dans son alimentation. Quand il a le temps, le week-end, il fait son marché dans la nature plutôt que sur les étals du supermarché. Ce qui peut donner lieu à des boulettes à la ricotta avec des feuilles de moutarde. Bien épicé. Ou à une omelette au lamier pourpre qui remplace aisément les champignons. Pour autant, il ne se revendique pas "intégriste de la plante bio. Je mange de tout, je ne suis ni végétarien, ni végan. Je fais juste attention à ce que je consomme et à mon hygiène de vie en général. Je ne cuisine que des produits bruts, pas de plats déjà préparés."
"C'est en connaissant les choses qu'on a envie de les protéger"
À travers ses balades, il tente de casser un a priori tenace qui tenaille beaucoup de participants : "Les gens ont peur de consommer ce qu'ils trouvent et souvent, ils considèrent que ce qui est au ras du sol est sale." D'où l'importance de bien cibler les endroits où l'on fait sa cueillette et de bien nettoyer. Guillaume publie aussi régulièrement des fiches d'identité vidéo de plantes de la région sur sa page Facebook.
Il devrait d'ici quelques mois rendre sa casquette de facteur pour développer Herbaïa. Quand il part "herboriser", c'est là qu'il se sent le mieux : "Dans ces moments-là, je ne pense à rien d'autre". En se consacrant entièrement à son entreprise, il veut encore plus militer pour le respect de la nature, éveiller les consciences et même se rendre dans les écoles. Car "c'est en connaissant les choses qu'on a envie de les protéger." Il aimerait organiser des demi-journées où il part avec un groupe cueillir, transformer, cuisiner et déguster les plantes sauvages comestibles. Plus tard, le Montfauconnais a pour projet de s'installer dans les Cévennes avec sa femme et d'y créer un lieu d'accueil où seraient proposés des stages bien-être.
Plus d'informations sur le site Herbaïa en cliquant ici. Prochaines balades le samedi 6 avril, et le dimanche 5 mai, de 10h à midi. Limitées à 12 personnes.
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