Dimanche dernier, vers 6h40, à proximité de la discothèque le Krystal à Moulès, près d'Arles, une voiture avec à son bord quatre passagers, renverse un groupe de cinq personnes qui attendaient le long de la route, que l'on vienne les chercher. Un Arlésien âgé d'une vingtaine d'années succombera de ses blessures quelques minutes plus tard.

Ce tragique accident a fait l'objet de bon nombre de rebondissements concernant le conducteur du véhicule. Il s'agissait d'abord d'un Saint-Gillois de 27 ans. Puis une jeune femme âgée de 20 ans originaire de Nîmes. À force d'affirmations puis de rétractations, bien malin celui qui pouvait déclarer sans l'ombre d'un doute qui était le chauffeur. Finalement, c'est le Saint-Gillois qui sera placé en examen puis écroué pour homicide involontaire et blessures involontaires sous l’emprise de l’alcool et de produits stupéfiants. Il est également poursuivi pour conduite sans permis.

"Il était cohérent lorsqu'il parlait mais ne semblait pas réaliser la gravité de l'accident"

Charly, 43 ans, chef de sécurité du Krystal, raconte comment les faits se sont déroulés quelques minutes après l'accident. "J’étais présent 15 minutes après l’accident et j'ai participé activement au bon déroulement de la mise en place des secours, à l’évacuation des victimes et à la recherche des indices pour l’enquête de police, jusqu’à 09 heures ce dimanche-là. L'accident s'est produit à 200 mètres de la discothèque qui avait fermé ses portes à 6 heures. Vers 6h45, un employé de la discothèque qui s'apprêtait à rentrer chez lui m'a appelé pour me dire qu'il y avait eu un accident. Je suis immédiatement sorti."

Et Charly découvre aussitôt la voiture, une 307 break d'après ses souvenirs, des personnes blessées et d'autres qui viennent du parking de la discothèque (ouvert 24h/24) et s'en prennent aux passagers du véhicule accidenté. "Au moment où je suis arrivé, les policiers et les pompiers commençaient leur intervention. J'ai d'abord séparé ceux qui se battaient. Et puis je suis resté sur place pour aider les policiers. J'ai vu l'homme (le Saint-Gillois, Ndlr) qui disait être le conducteur. Un jeune homme lambda, type européen. Il avait 0,30 grammes d'alcool dans le sang et avait fumé mais à son comportement, ça ne se voyait pas. Il était cohérent lorsqu'il parlait mais ne semblait pas réaliser la gravité de l'accident. Il était sous le choc mais ne comprenait pas ce qui venait de se passer." Et puis, il y avait la fameuse Nîmoise âgée de 20 ans.

Charly la reconnaît car un peu plus tôt dans la soirée, aux alentours de 5 heures, il l'avait trouvé à l'extérieur de la discothèque, assise à l'entrée, entrain de pleurer. Il lui avait demandé de l'accompagner à l'infirmerie. "Là, elle m'a dit qu'elle voulait rentrer chez elle. Cette jeune femme était complètement saoule. Apparemment elle s'était disputée avec son copain. Elle m'a dit qu'elle était venue avec un groupe d'amis et qu'ils allaient tous partir." Mais la Nîmoise et ses trois amis ne partiront pas avant la fermeture de la discothèque, à 6 heures. "Des agents de sécurité l'ont vu s'installer sur le siège passager d'une voiture. Et il semble qu'ils soient restés sur le parking une quarantaine de minutes avant de partir."

La suite, on la connaît.

"Je n’ai pu que constater que malgré toutes les précautions que nous prenons en terme de lutte contre l’ivresse au volant-- 12 téléviseurs grand écran et 4 panneaux lumineux de 16 m2 diffusent en permanence des messages préventifs, un snack, un éthylomètre à la sortie, du personnel qualifié proposant un dépistage à tous les chauffeurs à la sortie, une campagne mensuelle de sensibilisation avec le concours des forces de l'ordre, de la Préfecture et de la prévention routière etc-- certains prennent toujours le risque de causer ce type de drame", se désole le chef sécurité du Krystal.