GARD La fédération PS traînée devant les tribunaux
La section de "Bagnols Campagne", proche de l'ex-socialiste Alexandre Pissas, assigne le 9 septembre la fédération du Gard pour non-respect des statuts. Elle estime que plusieurs de ses délégués ont été écartés frauduleusement du conseil fédéral, organe de gouvernance du parti.
En politique et plus communément au Parti Socialiste, les batailles internes sont insatiables. Dernière en date : l'assignation devant le tribunal de grande instance du Premier fédéral Jean Denat, patron des socialistes du Gard. Michel Paillot, secrétaire de section du Canton ouest Bagnols - ex-Bagnols Campagne - et bras droit d'Alexandre Pissas, estime que les statuts de son parti ont été bafoués. Selon l'assignation qu'Objectif Gard a pu consulter, il prétend que "la composition des instances fédérales" a été réalisée avec une liste "falsifiée", de laquelle ont été exclus arbitrairement cinq délégués de sa section, dont lui-même.
Alexandre Pissas, animal politique rusé ?
Que s'est-il passé ? Le processus de composition des instances du parti étant plus que complexe, il mérite de s'y arrêter quelques instants. Retour en mai dernier. Dans un contexte agité, entre chicayas internes et impopularité du gouvernement, les socialistes sont appelés aux urnes. Ils doivent voter pour les motions, c'est-à-dire choisir la ligne politique du Parti Socialiste. Deux motions concentrent toutes les attentions : celle de Jean Denat, proche de Manuel Valls (motion A) et celle des "frondeurs" (motion B) dont le mandataire est le Nîmois Christophe Geneix.
De Bagnols Campagne, le scrutin sonne comme une nouvelle occasion pour Alexandre Pissas de placer ses pions. Si l'actuel Premier vice-président a bien mené sa barque lors des Départementales, il a une autre ambition : devenir sénateur. "Il sait qu'il aura besoin d'être encarté au PS pour se faire élire", commente un socialiste. Le maire de Tresques décide alors de jouer de son influence : "lors du vote des motions, il fait voter pour la motion A et la motion B, histoire d'avoir un pied dans chaque camps. C'est un animal politique rusé", note l'entourage de l'ex-socialiste.
Le 21 mai, jour du vote, la motion des frondeurs arrive en tête avec 91 voix, sur les 122 votes exprimés. Celle de Jean Denat n'obtient que 31 voix. Christophe Geneix compose alors sa liste de délégués qui siègeront au conseil fédéral, proportionnellement au résultat des motions. La section de Bagnols Campagne envoie neufs délégués pour la motion B. Un choix entériné lors du congrès de Vergèze le 31 mai.
Christophe Geneix humilié
Seulement, la clan Pissas sent le vent tourner : dans le Gard, c'est la motion A qui est arrivée en tête. Le maire de Vauvert, candidat malheureux aux Départementales, entrevoit un nouvel avenir politique. "Alexandre Pissas a téléphoné à Jean Denat, lui assurant qu'il allait faire le plein des voix dans sa section pour assurer son élection", relate notre source. Les jeux sont faits : le 11 juin, Jean Denat obtient 137 voix sur les 146 suffrages exprimés de la section Bagnols Campagne. Quant à Christophe Geneix, c'est la douche froide : le mandataire ne récolte que 3 voix !
"Il ne s'attendait pas à gagner l'élection puisqu'il avait négocié sa place éligible aux Régionales. Mais de là à faire un score aussi minable à Bagnols, Christophe Geneix l'a vécu comme une humiliation", assure un socialiste gardois. Conscient de la supercherie, le Nîmois se venge en remplaçant le 19 juin "cinq délégués de Bagnols Campagne (élus lors du congrès) pour siéger dans les instances fédérales", fait état l'assignation. Résultat : "on n'a plus de délégués de la motion B, alors qu'il n'avait pas le droit de les écarter", résume Michel Paillot.
Jean Denat fidèle au congrès de Vergèze
Enfin "plus de délégués", c'est vite dit. "Je considère que les instances ont été constituées lors du congrès de Vergèze et je maintiens les militants de Bagnols Campagne", nous a affirmé le premier fédéral Jean Denat, qui se dit "pas si sûr" que Christophe Geneix n'ait pas le droit d'exclure les cinq délégués. Et de conclure : "J'ai ancrée au fond de moi la volonté de rassembler". Jean Denat va en avoir besoin.
*Gilbert Milani, Didier Bonnaud, Serge André, Roger Gauci et Michel Paillot.
Coralie Mollaret, avec Thierry Allard
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