Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 31.12.2015 - tony-duret - 4 min  - vu 336 fois

GARD L’heure du bilan : la dernière interview du Préfet Didier Martin

Le préfet Didier Martin. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Quelques heures à peine avant son départ pour le département de l’Oise, le préfet Didier Martin nous a accordés une interview dans laquelle il revient sur son bilan, ses regrets, ses souvenirs, sa vision pour la suite... Entretien.

Objectif Gard : Dans quelques heures, vous quitterez le Gard pour l’Oise. Quels souvenirs garderez-vous de notre département ?

Didier Martin : J’ai été le Préfet du Gard pendant 2 ans et 8 jours précisément. A mon arrivée le 23 décembre 2013, je m’étais fixé deux priorités : les questions de sécurité et la lutte contre le chômage. Sur la sécurité, le constat dont je me réjouis est cette tendance baissière qui avait commencé sous mon prédécesseur Hugues Bousiges et qui s’est poursuivie durant ces deux années. Grâce à la multiplication des plans de lutte contre le cambriolage, aux relevés d’empreinte, à la vidéoprotection, aux dispositifs voisins vigilants, les cambriolages ont baissé de 50% en trois ans !

OG : Mais pas les accidents…

Non, c’est vrai, même s’il faut retenir que l’année 2014, avec 43 décès sur les routes, a été la moins mauvaise année en termes d’accidents depuis 50 ans. 2015, hélas, a été une très mauvaise année avec 69 morts. C’est une douche froide d’autant que quasiment 100% de ces accidents sont dus à un problème de comportement humain. Ils auraient pu être évités.

OG : Ce qui semble inévitable en revanche, c’est la hausse du chômage qui s’intensifie d’année en année.

Nous avons obtenu des résultats en demi-teinte mais je suis d’un naturel optimiste et je veux retenir l’inversion de la courbe chez les jeunes. Fin décembre 2013, nous avions 7 860 chômeurs de moins de 25 ans contre 7 600 en octobre 2015. C’est le fruit des mesures gouvernementales comme les emplois d’avenir (2 500 emplois créés), les contrats de génération, les contrats starter… Tous ces dispositifs mis bout à bout ont permis cette amélioration.

OG : Quels événements vous ont particulièrement marqué ?

Il y en a deux. Les épisodes climatiques de l’automne 2014. Je rappelle que 170 communes, soit une sur deux, ont été déclarées en catastrophe naturelle. Et puis évidemment les attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre. L’Etat d’urgence, mis en place partout en France, m’a permis de procéder à une quarantaine de perquisitions. Pendant cette période, mon rôle a été de m’assurer de la sécurité des Gardois.

OG : Quel est votre principal regret ?

C’est de ne pas avoir vu démarrer la nouvelle région. Je pense que le Gard a le plus grand profit à tirer, notamment le bassin d’Alès. En Languedoc-Roussillon, Alès était isolée. Mais cette ville, qui possède un bassin industriel historique, a beaucoup à gagner en se rapprochant de Toulouse et d’Airbus. Francis Cabanat, le président de la CCI d’Alès, qui a un vrai parcours industriel, qui est un homme remarquable, qui connait parfaitement Toulouse, pourrait faire bénéficier de son expérience. Le Gard a beaucoup de chance d’avoir quelqu’un comme lui.

OG : En parlant de chance, cette fusion des régions en est-elle une pour le Gard ?

C’est certain. Si le Languedoc-Roussillon avait été la panacée, le département ne serait pas dans l’état dans lequel il est. Vous savez, parfois, le simple fait d’ouvrir la fenêtre fait le plus grand bien a beaucoup de gens. Pour ceux qui parlent d’un rattachement à la région PACA, il faut déjà se demander si cette région souhaite que le Gard soit rattaché à elle. J’ai travaillé à Marseille et je peux vous dire que personne n’est venu se plaindre du fait que le Gard soit en Languedoc-Roussillon. Bref, j’invite les gens à ne pas avoir de regrets pour cette grande région.

OG : L'établissement d'une nouvelle carte des intercommunalités est également de votre compétence. Votre objectif a toujours été de diminuer le nombre de syndicats qui est actuellement de 185. Où en êtes-vous ?

En novembre, j'ai présenté aux élus une nouvelle carte d'intercommunalité en réduisant le nombre de syndicats de moitié. Il faut être clair : aujourd'hui, plus personne n'y comprend rien et les coûts en fonctionnement de ces structures sont lourds. A présent, les 45 membres de la CDCI ont trois mois (date butoir le 31 mars) pour amender et valider ce projet avec une majorité des 2/3.

OG : Votre nouvelle carte, notamment la fusion de Nîmes Métropole avec Leins-Gardonnenque, est loin de faire l’unanimité ?

Mais cette carte, je ne l’ai pas tirée de mon chapeau. Avec l'INSEE, nous avons travaillé des mois, notamment sur les habitudes des gens : où leurs enfants allaient à l'école, où les familles allaient faire leurs courses… D’ailleurs, si elle ne fait pas l’unanimité, je constate qu'il n'y a pas d’autres propositions. Finalement, elle ne doit pas être aussi mauvaise que cela… Et puis, il faut se méfier des postures de certains élus qui votent contre mais qui me disent, en coulisse, que ce n’est pas si mal que ça.

OG : Pour finir sur une note positive, quelles sont vos fiertés, vos réussites ?

Je suis content que l’Etat soit autant présent dans le département. Je suis ravi qu’il ait investi 12 millions d’euros pour réparer les dégâts sur les biens non-assurables lors des catastrophes naturelles de 2014. Je suis satisfait de la signature du contrat de plan Etat-Région 2015-2020 qui permettra, par exemple, la déviation de Laudun-Lardoise. Enfin, s’il y a bien deux dossiers qui me tiennent à cœur, c’est l’arrivée de la base de Canadairs à Nîmes-Garons et la création d’un centre EPIDE à Nîmes qui accueillera 150 jeunes.

Tony Duret & Coralie Mollaret

Tony Duret

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