Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 26.01.2016 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 248 fois

INTERVIEW Denis Bouad (PS) ouvert à une hausse d'impôt "pour investir"

Le président PS du Département, Denis Bouad. Photo : Coralie Mollaret.

Homme de la "rupture", le président PS du conseil départemental a lancé plusieurs mesures d'économies. En pleine préparation du budget 2016, il laisse la porte ouverte à une hausse de la fiscalité afin de financer les investissements locaux. 

Objectif Gard : Cela fait presque un an que vous êtes à la tête du Département. Vous vous définissez comme "un réformateur", qu'est-ce qui a bougé depuis votre arrivée ?

Denis Bouad :  On ne réforme pas un Département avec 3500 agents du jour au lendemain ! C’est une mentalité qu’il faut faire évoluer. Tout le monde doit se remettre en cause pour se renouveler. La première des choses qui a changé, c'est le nombre de DGA (Directeur général adjoint) : de 7 nous passons à 3. Cela concerne les directions des routes, des ressources humaines, de la commande publique... Les agents qui occupaient ces postes sont partis dans d'autres collectivités et ceux qui sont restés ont vu leur compétences s'étoffer. Il ne faut pas voir cette réorganisation de façon négative. C'est aussi très motivant pour les agents dont les compétences ont évolué.

La situation financière difficile du Département ne date pas d'hier. Pourquoi n'avoir pas pris ces mesures avant ?

Denis Bouad sourit. Peut-être parce que avant je n'étais pas le patron ! Écoutez, j'assume ce qui a été fait avant, j'étais le Premier vice-président du Département. Mais aujourd'hui, on peut parler de rupture.

Denis Bouad et sa directrice de cabinet, Elisabeth Montez Photo : Coralie Mollaret.

Budget 2016 : quelles économies ? 

Entrons dans le vif du sujet : le budget 2016. Le DOB (Débat d'orientation budgétaire) a été repoussé, pourquoi ?

Il restait des choses à caler. Le budget de notre collectivité est d'environ 900 M d'€. Nous devons trouver 25 M. Ce n'est pas compliqué à la base, n'est-ce pas ?

Tout dépend de quel point de vue on se place…

Il sourit à nouveau. Et bien, nous avons d'abord trouvé 10 M d'€ par un artifice budgétaire que beaucoup de collectivités utilisent : le Département a fait, il y a quelques temps, une avance de trésorerie pour le RSA à la CAF de 10 M d'€. Seulement, nous l'avions inscrit dans le budget de fonctionnement au lieu de celui de l'investissement. Ça fait ça en moins !

Un sacré coup de bol !

Oui, un coup de bol.  Ensuite, nous avons économisé 3 M d'€ sur les subventions que nous accordons aux satellites, comme les syndicats mixtes ou les communautés de communes. Nous avons également demandé à nos services de faire des efforts. Deux fois par semaine,  la majorité se réunit. Il est clair que les politiques de solidarité autour des personnes âgées (APA, prix d'une journée en maison de retraite…) qui ont connu déjà des baisses l'année dernière ne seront pas touchées. Nous allons regarder au cas par cas les subventions associatives que nous versons aux structures liées à la petite enfance et au handicap.

Le SDIS et le Pont-du-Gard sont également concernés par ces baisses ?

Le Pont-du-Gard, pas pour l'instant. En revanche la subvention pour le SDIS qui est de d'environ 40 M par an doit diminuer.

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Toujours pour faire des économies, vous avez évoqué ce matin lors de vos voeux, la vente de votre logement de fonction. Qu'en est-il de l'Hôtel Mouret ?

Nous ne le vendrons pas. Nous pensons plutôt à l'hôtel Carénou où siège la direction de la commande publique. C'est un bâtiment avec des hauts plafonds, difficile d'accès et très énergivore qui n'est pas adapté au travail de nos agents. Nous réfléchissons sur notre patrimoine et à ses coûts de fonctionnement élevés. Je rappelle que nos locations coûtent au Département chaque année plus de 3 M.

Une hausse des impôts ? 

Vous avez également évoqué la possibilité d'augmenter les impôts. Avez-vous la majorité pour ?

Je ne sais pas si j'ai la majorité. Ce dont je suis certain, c'est que si augmentation il y a (taxe foncière, NDLR), elle sera pour financer de l'investissement et pas du fonctionnement. Moi, je peux très bien limiter l'investissement à la construction de collèges ou de routes… Mais s'il faut financer le Musée de la Romanité ou l'abattoir d'Alès, il nous faut plus d'argent.

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Le problème c'est que la droite a fait campagne sur une non-augmentions des impôts… 

Il faudra que les élus expliquent alors aux maires de leurs cantons pourquoi le prix de l'eau augmentera quand il n'y aura pas eu les investissements nécessaires en matière d'assainissement ! Par ailleurs, le Département peut contribuer au redémarrage de l'économie. Les entreprises dans le BTP dont les commandes publiques comptent pour beaucoup dans leur chiffre d'affaires attendent notre budget avec impatience…

Parlons de l'audit organisationnel qui a livré en décembre ses conclusions. Allez-vous les utiliser pour le budget 2016 ?

Oui. Une partie de ces mesures est déjà dans les tuyaux comme le non-remplacement des agents dans certains services, excepté ceux qui reçoivent du public. Mais il faut bien comprendre une chose : les mesures d'économie d'aujourd'hui ne porteront pas leur fruit immédiatement.

DR

Des transports scolaires payants ?

Le document parle également des transports scolaires qui pourraient devenir payants ?

Passez à 90 € par an, ce n'est pas scandaleux et cela permettrait au Département d'obtenir 1,5 M d'€. Dans l'Hérault (Kléber Mesquida, PS), ils sont à 100 € par an ! C'est un choix politique.

Vous risquez de vous heurter à l'opposition du groupe communiste…

Si la majorité souhaite conserver la gratuité des transports, moi je ne suis pas contre. Nous devons mesurer l’utilité de nos choix.

On vous sent l'âme d'un gestionnaire. Mais qu'en est-il de l'homme politique ? Celui qui priorise certains secteurs ?

On ne touchera pas à la protection de l’enfance, par exemple... Idem pour les 1,5 M d'€ de la politique de la ville ; les prix de la journée en maison de retraite ainsi que les crédits d’aide à l'emploi à domicile ou à certaines associations d'insertion. Pour autant, cela ne signifie pas que les subventions attribuées, en 2015, seront les mêmes pour tout le monde. Nous regarderons chaque dossier au cas par cas.

Propos recueillis par Abdel Samari et Coralie Mollaret

Coralie Mollaret

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