Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 14.06.2016 - tony-duret - 4 min  - vu 1335 fois

JUSTICE Chloé affronte son agresseur : « Je me battrai pour qu’il ne sorte pas »

Chloé entourée de son avocate et de sa famille. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Le courage et la force qui habitent Chloé ont, une fois de plus, fait l’admiration de la cour d’assises du Gard en cette deuxième journée de procès. La jeune femme de 19 ans est venue à la barre pour évoquer l’horreur de sa semaine vécue, en novembre 2012, auprès de son ravisseur Kamel Bousselat. (relire les faits ici)

9h40, ce mardi matin. Chloé adresse une dernière petite tape sur la main de sa mère en larmes et s’approche de la barre dans un grand silence. Aux questions de la présidente de la cour d’assises, Geneviève Perrin, elle revient sur son pire souvenir :

-          C’était la distance avec mes parents. C’était très compliqué pour moi surtout quand j’ai entendu le désespoir de ma mère à la radio.

Vaillante, dans un corps frêle, celui d’une brindille qui a résisté à la pire des tempêtes, Chloé évoque ensuite la journée du 9 novembre 2012, le jour où elle a été enlevée :

-          Quand je l’ai vu approcher, je n’ai pas été effrayée. Mais quand il m’a demandé de le suivre, j’ai paniqué. Il m’a tirée et m’a fait monter à l’arrière de sa voiture. Il a traversé le village, s’est arrêté à la sortie et il m’a ligotée.

-          Est-ce qu’il vous parlait ?, questionne la présidente.

-          Au début, c’était surtout moi. Je lui ai parlé de moi, de ma famille, de mes ami(e)s. Il m’a alors parlé des enlèvements qu’il avait commis avant.

Droite, la tête haute au moment où celle de l’accusé retombe, Chloé prononce alors ces quelques mots qui résonnent presque comme un verdict :

-          Avant que ne débute ce procès, j’avais peur de me retrouver en face de lui. Puis hier, je l’ai entendu et j’ai retrouvé ma haine. Je me battrai pour qu’il ne sorte pas. Je serai sa dernière victime, je peux vous l’assurer.

Violette, la mère de Chloé : « Cet homme, il n’existe pas pour moi »

Violette, la maman de Chloé, est elle aussi d’une justesse qui touche l’ensemble de la salle d’audience. Beaucoup de larmes coulent sur les visages du public :

-          Je souhaite qu’aucun parent ne vive ce que l’on a vécu. Je souhaite qu’aucune fille ne vive ce que ma fille a vécu. Il nous a volé une semaine de sa vie et jamais on ne la récupérera. Je ne peux pas lui pardonner. Je veux qu’il ne commette plus jamais ces actes abominables. Cet homme, je n’ai pas de haine contre lui, il n’existe pas pour moi.

Interrogée par la présidente sur les retrouvailles avec sa fille, elle poursuit :

-          Quand je l’ai vue apparaître, je me suis jeté à ses pieds, je l’ai enlacée. Mon mari est resté en retrait, il m’a laissée ce moment de bonheur. Ca a été le plus beau moment de ma vie. Pour la deuxième fois, je l’ai remise au monde.

Kamel Bousselat dans son box. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Kamel Bousselat : « Je me suis dit :’il me faut cette fille’ »

Dans sa chemise bordeaux, un mouchoir blanc à la main qu’il portera à ses yeux pour sécher ses larmes, Kamel Bousselat parle de son « coup de folie » du 9 novembre 2012 :

-          Je me suis dit : ‘il me faut cette fille’.

Pendant près d’une heure, il répond aux questions de la présidente, raconte l’enlèvement, les viols et la semaine d’errance qui va suivre.

-          Dans ma tête, je pars avec un seul but : c’est abuser d’elle. Au départ, je ne pensais pas que ça allait durer sept jours. Après, je me suis retrouvé avec Chloé sur les bras (ça gronde dans la salle, NDLR). Dans ma tête, c’était fixé, je ne voulais pas la tuer, je ne voulais pas qu’on en arrive là.

Tapotant son mouchoir sur ses joues, il évoque ses intentions de suicide :

-          A chaque fois, je repoussais le moment où je comptais la libérer. Je pensais à me suicider mais je n’ai pas trouvé le courage, j’en ai pas eu la force. Je me disais que ce n’était pas possible ce que j’étais en train de faire. Tout ce que je voulais, c’est qu’il ne lui arrive rien…

La présidente : « Vous n’avez pas le courage de grand-chose ! »

La salle retient son souffle au moment où la présidente rappelle que Kamel Bousselat a demandé à sa victime de simuler, de faire semblant de prendre du plaisir au moment des viols. Chloé, elle, quitte la salle quelques minutes. L’accusé, lui, montre toute sa lâcheté :

-          Après, je lui ai fait la promesse que je ne la toucherai plus. Mais je ne l’ai pas tenue. Je l’ai forcée à me faire une fellation. C’était la dernière mais je ne le savais pas.

Il n’en aura pas le temps. Après un dernier vol en Allemagne, son véhicule sera repéré par les policiers. Il raconte la suite :

-          J’ai décidé de les semer mais je suis arrivé tellement vite que j’ai percuté une autre voiture. Après l’accident, je n’y voyais presque plus rien. Je suis descendu et je suis parti en courant me cacher dans un cabanon jusqu’à ce que la police me retrouve.

-          Vous pensez à sauver votre peau mais pas celle de Chloé qui était dans le coffre, coupe la présidente.

-          Je sais que le choc a été à l’avant. Dans ma tête, je sais qu’elle n’aura rien de grave. Mais je n’ai pas le courage d’aller ouvrir le coffre. Et puis, je compte un peu sur la police allemande pour la retrouver.

-          Vous n’avez pas le courage de grand-chose !, tonne la présidente.

Aux questions du procureur puis de son avocate, Kamel Bousselat parle pour la première fois directement de Chloé :

-          Elle aurait pu s’enfuir, elle m’aurait rendu service. Je sais qu’elle a toujours été plus forte que moi. Elle vaut cent fois mieux que moi, même plus. Si je suis condamné à la peine maximum, ce à quoi je m’attends, je sais que ce ne sera jamais assez.

Fait exceptionnel, Chloé demande l’autorisation à la présidente de parler directement à son violeur. La requête est acceptée :

-          Je tiens à ce qu’il me regarde. J’attends ses excuses, s’il veut bien les présenter.

-          Je tiens à te dire, pour toi ça n’aura pas beaucoup de valeur, je tiens à vous présenter mes excuses, répond le prévenu.

-          C’est sûr, je ne les accepterai pas mais j’ai de la peine pour toi, lui renvoie Chloé.

Après les plaidoiries des avocats et le réquisitoire du procureur, le verdict devrait tomber en fin de journée.

Tony Duret

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