Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 13.09.2016 - tony-duret - 2 min  - vu 1313 fois

PROCÈS Tortajada / Canard Enchaîné : les dommages collatéraux de l'affaire Bouvet

Stéphane Tortajada / Photo : Coralie Mollaret / Objectif Gard.

Les 9 et 16 juillet 2014, l’hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné publiait deux articles sur le fonctionnement du Parti Socialiste Gardois dont un, au titre sans équivoque : « Dans le Gard, le patron PS vivait à fond la fesse ». Le premier fédéral PS de l’époque, Stéphane Tortajada, a attaqué l’organe de presse pour « diffamation ». Le procès s’est tenu aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Nîmes.

Sur le papier, l’affaire semble simple : le Canard Enchaîné a-t-il diffamé le premier fédéral socialiste du Gard Stéphane Tortajada ? Seulement, en trame de fond, se jouent d’autres enjeux, plus politiques, où il est surtout question d’argent, de querelles de personnes et de vengeances. Des sujets qui seront abordés pendant près de trois heures au tribunal.

L’auteur de l’article du Canard Enchaîné, cité en tant que témoin, se souvient du début de l’affaire :

  • C’est un cadre du PS à Paris qui me raconte qu’il y a un premier fédéral contesté. Il me dit qu’il a un sex-shop en ligne où on vend toutes sortes d’accessoires. Plus tard, j’apprends qu’une pétition circule contre la gestion de Tortajada et que toute une série de dépenses n’est pas validée.

Le journaliste enquête, fouille sur Internet, interroge, récupère des documents comme une plainte du trésorier de l’époque, Bernard Casaurang, qui s’étonne de l’ouverture d’un compte par Stéphane Tortajada dont il ignore tout. C’est sûr, ça fait mauvais genre. Le journaliste du Canard, Christophe Nobili, ne mâche pas ses mots :

  • Aujourd’hui, moi ça me sidère de voir qu’on créé un compte alors que le trésorier n’est pas au courant.

Face à lui, le président du tribunal Jean-Pierre Bandiera est dans la nuance :

  • Je vous rappelle qu’avant l’arrivée de M. Tortajada, la situation était très très très dégradée…, faisant ainsi allusion à l’affaire Nathalie Bouvet, cette comptable qui a détourné 377 000€ des caisses de la fédération.
  • Tortajada était censé faire le ménage, ce qu’il n’a pas fait !, répond du tac au tac le journaliste.

Sur le banc des parties civiles, Stéphane Tortajada écoute attentivement et ses mouvements de tête témoignent de sa difficulté à contenir son agacement. A la barre, il n’hésite pas à rappeler qu’il est celui qui a fait éclater au grand jour l’affaire Bouvet :

  • Je suis élu premier fédéral en novembre 2012. Je demande aussitôt les comptes et je vois un truc qui ne me va pas. Je mets en place une méthode de doubles signatures. Je prends aussi la décision de dessaisir le comptable.

Un côté « Monsieur Propre » qui lui aurait coûté cher :

  • C’est une chasse à l’homme que j’ai eu contre moi et pourtant je suis à la période où il y a eu le moins de dépenses et le plus de rentrées. Les élus ont dû régler 97 000€ parce qu’ils ne payaient pas.

Son avocat, Jean-Robert Phung, en remet une couche :

  • Stéphane Tortajada a imaginé d’impliquer la BNP et les experts comptables devant la justice. Il a voulu étendre les responsabilités et il l’a fait savoir à un député socialiste : ce jour-là, il a signé son arrêt de mort. Il a été radié. Il a été exécuté, flingué, sali, humilié…

Pour le Canard Enchaîné, Maître Comte s’est concentré sur les faits et rappelle que les nombreuses pièces apportées par le journaliste « n’ont pas été contestées ». Il demande la relaxe pure et simple du journal. Le délibéré a été fixé au 6 décembre prochain.

Tony Duret

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