Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 28.11.2016 - anthony-maurin - 3 min  - vu 898 fois

NÎMES Louis Rossel, héros gardois oublié de l'Histoire de France

Evidemment émouvante et accompagnée d'une guitare, "Le temps des cerises", emblème de la Commune, était au programme (Photo Anthony Maurin).

Discrètes, les sépultures de la famille sont fléchées dès l'entrée du cimetière protestant. Pour la première fois depuis bien longtemps, quelques chrysanthèmes ornaient déjà la tombe (Photo Anthony Maurin).

Louis-Nathaniel Rossel (1844-1871), Nîmois à ascendances cévenoles, est un héros oublié de l'Histoire de France. Enterré au cimetière protestant, ceux qui se souviennent lui ont rendu hommage.

Il y a près de 150 ans, il a été fusillé à l'âge de 27 ans pour s'être rangé du côté du peuple de Paris lors du sanglant épisode de la Commune (1871). "Il est inhumé ici, en quasi clandestinité" évoquent les membres du comité Gard-Cévennes des Amies et Amis de la Commune de Paris-1871 à l'initiative de cet hommage.

D'une famille issue des Plantiers, non loin de Saint-Jean du Gard, le jeune homme a conservé de sa terre toute l'impétuosité camisarde. Petit bourgeois, Louis Rossel a poussé les études jusqu'à Polytechnique pour devenir officier (capitaine) du génie militaire à Metz avec la dernière grande armée française qui finira par se livrer sous les assauts de la guerre franco-allemande (1870-1871).

Le comité Gard-Cévennes des Amies et Amis de la Commune de Paris-1871 organise chaque année un hommage le 28 novembre devant la sépulture de Louis-Nathaniel Rossel (Photo Anthony Maurin).

Rossel, unique officier supérieur de cette armée à refuser une abdication plus que prématurée, veut et va continuer le combat au service du Gouvernement de Défense Nationale, en exil hors des murs de Paris. Après tout, opposé au coup d'Etat de Napoléon III, son père avait bien refusé de lui prêter serment... Républicain dans l'âme, le petit suivra les traces paternelles et sa loyauté envers la République lui permettra d'écrire quelques lignes de l'histoire française.

Après avoir connu Jean Macé (fondateur de la Ligue de l'Enseignement) et donné des cours de grammaire aux plus pauvres de ses compagnons, c'est avec le Gouvernement de Défense Nationale qu' il côtoiera un Léon Gambetta déjà mis en minorité et sur le départ. Rossel est surtout en contact avec Benoît Malon, autre communard de renom. Il prend alors la tête de la Légion du 17ème arrondissement de Paris après avoir compris les souffrances du peuple parisien. La suite? Après la tête, il prend en main la destinée de ce peuple et des armées communardes qu'il dirigera... Rien que ça!

Lectures des faits d'armes et de certains écrits du jeune républicain gardois (Photo Anthony Maurin).

Chef d'Etat-Major de la Commune, Président de la Cour Martiale puis délégué de Guerre, les lenteurs administratives des institutions sont telles que Rossel songe instaurer un autre régime, le temps d'accélérer les choses avant le retour de sa chère République, la dictature. Cette vision a fait frémir les membres de la Commune qui décident de l'arrêter pour trahison en juin 1871.

"J'aime mieux avoir combattu avec ces vaincus qu'avec ces vainqueurs" avouera-t-il lors de son arrestation. Jugé à 2 reprises, il est soutenu par Victor Hugo. Adolphe Thiers, que Rossel soupçonnait d'abandonner son peuple, lui propose d'être exilé à vie. Naturellement, le Nîmois s'y refuse et reste droit dans ses bottes sans donner l'occasion à Thiers de se laver les mains.

Louis-Nathaniel Rossel sera fusillé le 28 novembre 1871 au camp de Satory au côté de Théophile Ferré, compagnon de route de Louise Michel et du sergent Pierre Bourgeois.

Même s'il s'est rangé du côté du peuple quand nul n'osait le faire, Louis- Nathaniel Rossel pensait, jusqu'à sa dernière lettre, que les "fonctions gouvernementales doivent rester aux mains de la bourgeoisie jusqu'à ce que le peuple soit suffisamment instruit". Dans son jeune esprit, la Commune et le rétablissement d'une République digne de ce nom auraient surtout permis de bouter l'ennemi allemand hors du territoire national... Mais il fut condamné pour sa seule "trahison", celle d'avoir été un républicain un peut trop hâtif.

Verbatim de Louis-Nathaniel Rossel:

"Je suis de ceux qui se battent"

"Je ne comptais pas sur le succès, j'obéissais à un devoir politique"

"Ce n'est pas une chose vaine de se dévouer pour les autres. J'aurais voulu servir ma patrie, je ne fais que mourir pour elle"

"Les peuples, après plusieurs siècles, se souviennent de ceux qui les ont aimé et qui sont morts pour eux"

"Le 18 mars, je n’avais plus de patrie; la France s’était effondrée: plus de courage, plus de patriotisme, plus d’honneur. Le 19 mars, j’apprends qu’une ville a pris les armes, et je me raccroche désespérément à ce lambeau de patrie. Je ne savais pas qui étaient les insurgés, mais je savais contre qui ils étaient insurgés et cela me suffisait".

Louis-Nathaniel Rossel, un visage oublié de la Grande Histoire de France.

Anthony Maurin

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